Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
Vom Netzwerk:
n’en reçois qu’une petite partie. On m’a donné un papier à signer, et c’est tout ce que j’ai reçu en échange de ma terre. Je sais que les personnes que vous nous envoyez là-bas sont des menteurs. Regardez-moi. Je suis pauvre et nu. Je ne veux pas faire la guerre contre mon gouvernement (…). Je veux que vous disiez tout cela à mon Grand Père. »
    Donehogawa l’Iroquois répondit : « Nous ferons part au président de ce que Red Cloud a déclaré aujourd’hui. Le président m’a dit qu’il lui parlerait bientôt. »
    Le chef oglala regarda l’homme rouge qui avait appris à lire et à écrire et était devenu le Petit Père des Indiens. « Tu peux bien accorder à mon peuple la poudre que nous demandons. Nous ne sommes qu’une poignée, et vous êtes une grande et puissante nation. Vous fabriquez toutes les munitions ; ce que je demande, c’est simplement que mon peuple puisse tuer du gibier. Toutes les choses qu’il y a dans mon pays, le Grand Esprit les a faites sauvages et je dois les chasser. Ce n’est pas comme vous, qui trouvez facilement ce dont vous avez besoin. J’ai des yeux pour voir. Je vous vois, vous les Blancs, ce que vous faites, comment vous élevez le bétail, et ainsi de suite. Je sais qu’il faudra que j’y vienne dans quelques années moi-même ; c’est une bonne chose. Je n’ai plus rien à dire. »
    Les autres Sioux, Oglalas et Brûlés, se pressèrent autour du commissaire. Tous brûlaient de lui parler, à lui, cet homme rouge qui était devenu leur Petit Père.
    La rencontre avec le président Grant eut lieu le 9 juin, dans l’ Old Executive Office (28) de la Maison-Blanche. Red Cloud répéta dans une large mesure ce qu’il avait dit au Département de l’Intérieur, en insistant sur le fait que son peuple refusait de vivre au bord du Missouri. Le traité de 1868, ajouta-t-il, leur donnait le droit de faire du troc à Fort Laramie et d’avoir une agence près de la Platte. Grant promit de veiller à ce que justice soit rendue aux Sioux, tout en évitant toute réponse directe. Le président n’ignorait pas que le traité ratifié au Congrès ne mentionnait nulle part Fort Laramie ou la Platte ; au contraire, il spécifiait que l’agence sioux se situerait « quelque part au bord du Missouri ». En privé, Grant suggéra à Cox et à Parker de convoquer les Indiens le lendemain et de leur expliquer les termes exacts du traité.
    Donehogawa passa une nuit agitée. Il savait que les Sioux avaient été dupés. Et en effet, lorsque le traité imprimé leur fut lu et expliqué le lendemain matin au Département de l’Intérieur, ce qu’ils entendirent ne leur plut pas du tout. Cox reprit le texte point par point devant Red Cloud, qui en écouta patiemment la traduction. À la fin, le chef déclara d’une voix ferme : « C’est la première fois que j’entends parler d’un tel traité, et je n’ai pas l’intention de le respecter. »
    Cox rétorqua qu’il ne pouvait croire que les membres de la commission de Laramie avaient menti à propos du document.
    « Je n’ai pas dit que les commissaires ont menti, répliqua Red Cloud, mais les interprètes se sont trompés. Quand les soldats ont quitté le fort, j’ai signé un traité de paix, pas celui-ci. Nous voulons mettre les choses au clair. » Il se leva et s’apprêta à quitter la pièce. Cox lui tendit alors un exemplaire du traité en lui suggérant de se le faire expliquer par son propre interprète. Ensuite, ils pourraient en discuter lors d’une autre réunion. « Je refuse de prendre ce document, répondit Red Cloud. C’est un tissu de mensonges. »
    La nuit, dans leur hôtel, les Sioux parlèrent de rentrer chez eux dès le lendemain. Certains exprimèrent leur honte à l’idée de devoir expliquer à leur peuple qu’on leur avait menti et qu’on les avait amenés à signer le traité de 1868 par ruse. Mieux valait mourir ici à Washington. Seule l’intervention de Donehogawa, le Petit Père, les persuada de participer à une autre rencontre. Il leur promit de les aider à interpréter le traité. Il avait vu le président Grant et l’avait convaincu qu’il existait une solution.
    Le lendemain matin au Département de l’Intérieur, Donehogawa accueillit les Indiens en leur disant simplement que le Secrétaire Cox expliquerait la nouvelle façon d’interpréter le traité. Cox fut bref. Il se désolait que Red Cloud et son peuple aient mal compris le texte.

Weitere Kostenlose Bücher