Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Essais sceptiques

Essais sceptiques

Titel: Essais sceptiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Russell
Vom Netzwerk:
opposé. Salter a l’avantage que Marx n’avait pas d’avoir été, pendant un certain temps, occupé dans l’administration d’un système international et socialiste. Ce système a été créé non par le désir de tuer les capitalistes, mais par le désir de tuer les Allemands. Comme d’ailleurs les Allemands n’étaient pas à considérer dans des solutions économiques, Salter ne s’en occupe pas. Le problème économique était exactement comme si les soldats, les ouvriers des munitions et ceux qui fournissaient les matières premières pour les munitions devaient être oisifs et le restant de la population chargé de tout le travail. Ou bien, comme si on avait soudain décrété que chacun ne devait faire que la moitié de son travail. L’expérience de la guerre nous a donné une solution
technique
de ce problème, mais non une solution
psychologique
, parce qu’elle ne nous a pas montré de quelle manière on pouvait trouver un stimulant pour coopérer, aussi énergique durant la paix, que la haine et la peur des Allemands l’étaient pendant la guerre.
    Salter dit :
    « Il n’y a probablement aucune autre tâche aussi digne de l’attention des économistes professionnels qui s’attaqueraient au problème d’une manière purement scientifique, sans prévention pour ou contre le principe du contrôle de l’État, qu’une investigation des résultats effectifs de la période de guerre. Les faits
prima facie
qui seraient leur point de départ sont vraiment si frappants qu’ils constituent tout au moins un défi au système économique normal. Il est vrai que plusieurs facteurs ont contribué à produire ce résultat… Une étude professionnelle sans partialité donnerait l’importance qu’ils méritent à tels ou tels autres facteurs, mais probablement attribuerait encore beaucoup de place aux nouvelles méthodes d’organisation. Le succès de ces méthodes dans les conditions de la guerre est vraiment au-dessus de toute discussion raisonnable. En ne faisant que des évaluations modérées et en tenant compte de l’entrée dans la production des personnes oisives avant la guerre, deux tiers environ de la capacité productive du pays a été absorbée par les besoins des combattants ou d’autres services de la guerre. Et pourtant, pendant toute la durée de la guerre, la Grande-Bretagne a pu soutenir son effort militaire et maintenir sa population civile a un niveau de vie qui n’a jamais été insupportablement bas et qui, pour certaines périodes et certaines classes, a peut-être été aussi élevé que pendant la paix. Et, à bien peser tout, elle a fait tout cela sans tirer aucune aide d’autres pays. Elle a importé d’Amérique, pour de l’argent emprunté, moins qu’elle n’a fourni, pour de l’argent prêté, à ses alliés. Elle a donc pu maintenir la totalité de sa consommation courante destinée à son effort militaire et à sa population civile, avec de simples restes de sa puissance productive et avec les moyens de production ordinaires. »
    En parlant du système commercial ordinaire du temps de la paix, il dit :
    « Ainsi, le trait essentiel du système économique de la paix est qu’il n’est pas sous une direction et un contrôle conscients. Les exigences de la situation créée par la guerre ont prouvé que du moins pour cette situation ce système était sérieusement inadéquat et plein de défauts. Dans les nouvelles circonstances, il s’est avéré aveugle et ruineux. Il ne produisait pas assez, ou même ne produisait pas les choses dont on avait besoin, ou il ne les distribuait pas à qui il fallait. »
    Le système graduellement mis en vigueur au milieu des difficultés de la guerre est devenu, en 1918, dans ses grandes lignes, un véritable socialisme international. Les gouvernements alliés étaient tous conjointement les seuls acheteurs de vivres et des matières premières et décidaient des importations non seulement de leurs propres pays, mais aussi des pays neutres en Europe. Ils contrôlaient la production d’une manière absolue, parce qu’ils contrôlaient les matières premières et pouvaient rationner les usines à leur gré. Pour ce qui est des vivres ils contrôlaient même la distribution en détail. Ils fixaient les prix aussi bien que les quantités. Ils exerçaient leur pouvoir principalement par l’instrument du Conseil Allié des Transports Maritimes qui finalement contrôlait presque tous les bateaux utilisables et pouvait

Weitere Kostenlose Bücher