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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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s’excuser de cette dernière suspicion.
    – Puisque tu es Fille Dieu, dit-il, je puis te faire une confidence : l’an prochain sera le théâtre de grands événements. J’ai eu la révélation du retour sur terre du prophète Élie, précurseur du Messie et son porte-parole. Un jour, nous nous rencontrerons.
    Il sortit de sa ceinture une bourse de cuir contenant des médailles d’étain représentant le Christ, reliquat du lot qu’il avait distribué aux Parisiens. Il lui en donna une avec un air gourmand, comme s’il lui offrait une friandise.
    – Pour toi, Jeanne, en souvenir de notre entretien de ce jour. Que ce présent t’incite à songer que tu es investie d’une nouvelle mission, plus importante que celle que tu viens de mener à bien.
    – Vous pensez au sacre du dauphin et à son couronnement ?
    – La mission à laquelle je pense te rapprochera davantage du Seigneur. Lorsque Charles sera roi, il faudra l’inciter à recruter une armée pour entreprendre une nouvelle croisade aux Lieux saints, qui attendent leur délivrance. Le jour où il prendra cette décision et partira pour Jérusalem, il faudra que tu sois à son côté.
    Jeanne faillit s’esclaffer : elle ne voyait pas ce pauvre Charles s’armer pour traverser l’Europe et s’enfoncer dans les sables d’Orient, lui que le tonnerre ou le grondement des bombardes mettait dans tous ses états.
    – Dieu, dit-elle, m’a confié la mission de faire sacrer le dauphin. Quand cela sera fait, j’attendrai les autres consignes. À chaque jour suffit sa peine...
    Elle profita de ce que le frère Richard retournait à Troyes pour lui confier une lettre aux autorités, qu’elle dicta au frère Pasquerel.

Troyes, juillet 1429
    Jetée en pâture au Conseil de ville par le seigneur-évêque Jean Laiguisé, la lettre de Jeanne déclencha rires et colères. De quoi se mêlait cette sorcière ? Et de quel droit ?
    – Cette lettre, dit le seigneur-évêque, n’a ni rime ni raison. Cette oie joue les petits coqs, et avec quelle impudence !
    – En dépit de l’avis du frère Richard, ajouta messire Jouvenel, elle me semble bel et bien possédée. Elle a dû l’envoûter, lui faire toucher ses mandragores.
    – Je propose, poursuivit messire Huet, de jeter cette lettre au feu, en attendant de faire la même chose de cette sorcière.
    – Nous allons établir une copie de ce document avant de le détruire, proposa le seigneur-évêque, mais nous nous garderons d’y répondre, si vous en êtes d’accord. Cela serait contraire à notre dignité. Quant au frère Richard, s’il persiste à louanger celle qu’il appelle la sainte fille , nous le chasserons de notre ville comme il l’a été de Paris.
    Les échevins ne répondirent pas à la lettre de la Pucelle mais expédièrent un courrier à leurs homologues de Reims, leur demandant d’intervenir d’urgence auprès du régent et du duc de Bourgogne pour qu’ils leurs envoient du secours. Que pouvait-on faire d’autre ? Ouvrir les portes au dauphin, c’était se heurter à la volonté de résistance de la garnison. Les échevins prirent connaissance de la seconde sommation et répondirent qu’ils ne pouvaient trahir leurs engagements antérieurs, tenus qu’ils étaient à la réserve par le capitaine de Rochefort, commandant de la place.
    On tournait en rond. Jeanne fulminait. Elle dit à Charles :
    – Monseigneur, faites avancer votre armée jusque sous les remparts. Une démonstration de force donnera à réfléchir à ces boutiquiers. Je vous le répète : d’ici trois jours, cette ville sera vôtre.
    Le dauphin se laissa convaincre malgré les réticences de La Trémoille, persuadé qu’on risquait de mécontenter son ami, le duc Philippe, et celles de Regnault de Chartres qui, las de cette équipée, était désireux de retourner sur la Loire.
    L’armée prit position autour de la ville. Accompagnée de Jean d’Alençon et de Gilles de Rais, la Pucelle poussa Pollux jusqu’au lieu-dit Haut-Clos d’où la vue embrassait largement la cité. Dans une première brume de chaleur émergeaient le puissant vaisseau de Saint-Pierre, les tours, le beffroi, et il montait de cette immensité la rumeur diffuse, à laquelle se mêlaient cloches et carillons, d’une ville occupée à ses travaux quotidiens. De plus près, en tendant l’oreille, on aurait pu entendre le cliquetis des métiers dont Troyes tirait l’essentiel de ses revenus.
    Le duc Jean rappela à Jeanne que, dans la

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