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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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lui donnait l’allure d’un gros scarabée au visage d’adolescent débile.
    – Monseigneur, dit Jean Laiguisé, nos sujets ne sont point opposés à vous accueillir, mais ils doivent compter avec la volonté du bailli et du commandant de la garnison qui, eux, s’y opposent. Renoncez à entamer un siège afin de nous laisser le temps nécessaire pour convaincre ces réfactaires d’avoir à composer.
    Le dauphin fit la grimace : discuter... procéder à des échanges de courriers... laisser benoîtement aux assiégés le temps de recevoir des secours... Il répliqua, d’un ton maussade :
    – Nous sommes attendus à Reims pour le sacre et le couronnement. Les habitants se montrent moins réticents que vous. Dois-je vous rappeler que je suis votre droiturier souverain ? Si vous ne nous contraignez pas à employer la force, j’oublierai vos petites et vos grandes trahisons.
     
    Informée de cette démarche, Jeanne fit interrompre les préparatifs du siège. Ce premier résultat, s’il lui donnait satisfaction, lui faisait craindre de nouveaux atermoiements. Le dauphin la rassura :
    – Tu avais raison, Jeanne. Ton stratagème semble avoir réussi. Il ne reste plus aux échevins et au seigneur-évêque qu’à persuader le commandant de la garnison de se garder de bouger. C’est une question d’heures.
     
    Jeanne était occupée à panser Pollux quand elle vit s’avancer vers elle la silhouette déhanchée du frère Richard. Il s’agenouilla, bras écartés, comme en adoration devant une image sainte, et lui dit :
    – Depuis notre première entrevue, j’ai occupé mes jours et une partie de mes nuits à courir rues et places, jusque dans les ateliers de tisserands, pour proclamer que tu es l’envoyée du Ciel, seule, après saint Jean l’Évangéliste, à pénétrer les secrets de Dieu. J’ai dit à tous ces braves gens qu’il ne tenait qu’à ta volonté de faire passer ton armée par-dessus les remparts et que tu étais capable de beaucoup d’autres prodiges. J’ai entendu des gens braver le guet en criant : « Vive le dauphin Charles et la Pucelle ! » Reste à convaincre le bailli et le capitaine de la garnison. Le Conseil a bon espoir d’y parvenir sans tarder.
    Il revint quelques heures plus tard, radieux, arpentant la prairie comme s’il avait des ailes aux talons.
    – Jeanne, nous avons réussi ! Le bailli a fini par céder et le capitaine a accepté de se retirer avec sa garnison. C’est notre oeuvre commune, Jeanne...
     
    Le lendemain, qui était le dimanche 10 juillet, un détachement de l’armée pénétrait par la porte de la Madeleine. La garnison se retirait discrètement par la porte opposée, emportant ses armes, ses biens et ses prisonniers. Quand elle apprit que ces derniers allaient lui échapper, Jeanne supplia le dauphin d’intervenir pour qu’ils fussent libérés.
    – Cela me navre, dit-il, mais je n’y puis rien. Les dures lois de la guerre, Jeanne...
    – Puisqu’ils sont à rançon, il faut la payer !
    Écartant la foule qui criait son nom, elle courut vers la tête du cortège qui traînait derrière lui les captifs enchaînés. Ils la reconnurent et lui crièrent de les délivrer. Elle fit arrêter la colonne, interpella le sire de Rochefort et lui ordonna de libérer ces malheureux. Comme il refusait obstinément, elle courut vers le dauphin et obtint le rachat des captifs à raison d’un marc par tête. Elle retraversa la ville en trombe. Chez les prisonniers, quand elle leur eut annoncé la nouvelle, ce fut du délire. Libérés de leurs entraves, ils obligèrent la Pucelle à descendre de cheval et lui firent une escorte triomphale en brandissant leurs chaînes jusqu’au centre de la cité.
     
    Une heure plus tard, laissant le gros de son armée aux champs, le dauphin fit son entrée dans la capitale de la Champagne. Il était précédé par le frère Richard qui, transfiguré, brandissait une lourde croix de bois, escorté par la théorie des petits choristes de Gilles de Rais qui chantaient, accompagnés de tambours, de flûtes et de rebecs. Une haie d’archers poitevins contenait la foule de part et d’autre de la grande artère menant à la maison de ville où le Conseil avait fait déployer les armes de France retrouvées dans le grenier. Jeanne chevauchait près de Charles, bannière au poing, l’épée de Fierbois pendue à sa ceinture, tenant dans son autre main une petite hache de parade.
    Lorsque le cortège delphinal, traversant une

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