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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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garnement de Jean.
    – Il va te falloir une nouvelle robe, ajouta la mère. On voit presque tes genoux.
    Elle acheta à Vaucouleurs un coupon de drap rouge pour y tailler une robe et un autre de lin pour en faire deux chemises. Jeannette aurait aimé porter des braies et des houseaux, comme les hommes, mais sa mère s’y opposa : quelle était cette idée saugrenue ? Cela faisait assez de dépense ! En revanche, elle lui acheta chez un fripier un doublet fourré de peau de chat pour le temps froid et une paire de sabots pour la pluie. Jeannette réclama une ceinture de cuir ; Zabelle objecta que le père pourrait lui en confectionner une. Elle avait porté son choix, pour le couvre-chef, sur une hauvette à deux ailes battantes, mais Zabelle n’était pas prête à engager cette nouvelle dépense : le bonnet qu’elle portait ferait encore l’affaire un an ou deux ; d’ailleurs, elle ne le portait pour ainsi dire jamais ; alors, une hauvette...
     
    Aussi discrète qu’elle fût, la présence de Josef Birkenwald avait suscité des conflits entre le père et ses deux aînés : Jacquemin et Pierrelot passaient plus de temps sur le terrain de manoeuvre qu’à soigner la vigne et le bétail.
    Venant de Pierrelot, ce goût pour les armes ne le surprenait guère : cet aîné avait l’orgueil à fleur de peau, s’affirmait comme le chef de famille en l’absence de son père et ne tolérait pas que cette autorité lui fût contestée. S’il ne faisait pas carrière dans les armes, il deviendrait homme de loi : bayle ou procureur.
    Jacquemin avait volontiers abandonné ces prérogatives à son aîné et courbait l’échine sans manifester le moindre sentiment de jalousie. Cette autorité alliée à cette soumission faisait des deux frères un bloc inentamable.
    Le plus jeune, Jean, promettait de devenir un méchant drôle, intelligent mais sournois et toujours en train d’élaborer quelque diablerie. Jeannette se méfiait de lui comme de la peste.
    Le jour venu de la première communion, Jeannette sacrifia au rite avec une ferveur qui fit l’admiration de ses proches et des voisins, ainsi que leur inquiétude.
    L’admiration venait de la sincérité de la communiante, des larmes qu’elle versa, des ferventes prières auxquelles elle se livra. L’inquiétude naissait des excès de cette foi juvénile.
    Zabelle surprit un jour sa fille, alors qu’elle venait d’avoir dix ans, en présence de deux moniales qui cheminaient, assises dans des sièges d’osier posés sur l’échine d’une mule. En voyant cette drôlette ôter son bonnet et faire le signe de la croix, elles l’interpellèrent et engagèrent la conversation. L’une d’elles dit à Jeannette :
    – Que Dieu te bénisse, mon enfant, et qu’Il garde en toi cette foi intacte.
    Elle lui demanda son nom et ajouta :
    – Si tu passes quelque jour par Mirecourt, tu pousseras jusqu’au monastère de Poussay. C’est tout proche de Domrémy : à moins de huit lieues. Nous te montrerons le jardin de notre cloître, qui est plein de roses, et tu pourras goûter notre vin. Tu demanderas soeur Marguerite ou soeur Catherine.
    La nonnette s’informa si elle disait régulièrement ses prières, si elle se montrait sincère dans la confession et la communion.
    – Ma mère, répondit Jeannette, m’a appris l’ Ave Maria , le Pater noster et le Credo . Je dis ces prières chaque matin et chaque soir. Je me confesse et je communie si souvent que mes amies se moquent de moi.
    – Eh bien, elles ont tort, Jeannette ! Il faut mépriser leur avis et continuer. Le Seigneur t’en saura gré.
    Elles échangeaient en écoutant la gamine des regards chargés d’une perplexité amusée, comme pour s’étonner que cette forte fille un peu rougeaude, taillée à la serpe, pût être habitée par une foi aussi sincère. Puis elles se dirent que Dieu ne choisit pas Ses créatures d’élection en fonction de leur aspect.
    – Ne nous oublie pas, Jeannette, et continue à prier Dieu.
    Zabelle n’avait pas attendu pour demander à sa fille ce que lui voulaient ces deux nonnettes. Elle avait ajouté :
    – Dis-moi : tu n’aurais pas l’intention d’aller t’enfermer dans un couvent ?
    Jeannette avoua, tête basse, qu’elle y songeait parfois et que l’abbé Minet l’y avait encouragée. Colère de Zabelle :
    – De quoi se mêle-t-il ? Ma fille au couvent, pleine de vie et de santé comme elle l’est ! Qu’il vienne m’en parler, il sera bien reçu !
    Elle

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