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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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pièce de travail, il leva les yeux de la machine à écrire.
    —Je dois encore m’absenter un bon moment. Je vous souhaite donc bon congé. Ne rentrez pas demain, vous avez bien travaillé ces derniers jours.
    — ... Merci, et bonne soirée.
    Alors que Fernand faisait mine de partir, le garçon se leva à demi pour lancer tout à trac, dans un murmure :
    — Monsieur ? Cette fois, irez-vous marcher dans le parc ou vous réfugier dans un appartement du Château Saint-Louis ?
    Son interlocuteur s’arrêta pour revenir dans l’embrasure de la porte, intrigué.
    — Si vous connaissez si bien mes habitudes, vous devinez ma destination, je pense. Mieux vaudrait en discuter dans un endroit plus discret, n’est-ce pas ?
    Les yeux du notaire se portèrent sur l’escalier, derrière lui.
    — Venez dans mon bureau, ce sera plus simple.
    Machinalement, dans la grande pièce, il alla s’asseoir derrière sa table de travail. Occuper le siège lié à ses fonctions professionnelles rassurait Fernand. Le stagiaire prit tout aussi naturellement la chaise réservée aux visiteurs.

    — Alors, expliquez-moi cette histoire. Mes allées et venues semblent vous passionner.
    — Personnellement, le sujet m’indiffère. Mais votre femme m’a demandé de vous suivre.
    Le maître de maison demeura silencieux, perdu dans ses pensées. Ainsi, sous des dehors apaisés, Eugénie se souciait encore de connaître les secrets de sa vie.
    — Je résume les événements, railla-t-il finalement. Vous étiez tranquillement occupé à copier des actes légaux quand elle est descendue et vous a demandé de jouer au détective.
    Toujours bon garçon, vous avez dit : « Oui, bien sûr madame.
    Je rêvais justement d’espionner mon patron. »
    La déclaration s’accompagnait d’un sourire ironique.
    — ... Non, pas tout à fait. Elle m’a surpris en train de fouiller dans vos tiroirs. Elle a menacé de me dénoncer si je ne faisais pas cette enquête. Je ne voulais pas perdre cet emploi.
    — Vous m’avez donc suivi pour demeurer près de moi.
    Je suis touché.
    Il marqua une pause avant de hausser le ton :
    — Mais qu’est-ce que tu faisais dans mes dossiers ?
    Le vouvoiement ne convenait plus entre eux. En posant la question, il devina la réponse.
    — Je cherchais le contrat... entre le mystérieux bienfaiteur et Fulgence. Car ce personnage doit être mon père, ou mon grand-père.
    — Tu as bien joué ton coup. Cette idée de travailler pour moi cet été, c’était seulement pour cela ?
    — Oui, admit Jacques, un peu rougissant, mais tout de même avec un air de défi.
    — Là, je suis vexé.
    Fernand affecta la déception, puis continua :

    — Tu n’as pas pensé que je devinerais dès le premier jour ?
    L’autre le regarda, interloqué.
    — Pauvre gamin, enchaîna-t-il, tu me prends vraiment pour un imbécile. Je l’ai déjà été, remarque, mais c’est passé avec mes dernières illusions.
    L’homme se leva vivement. Jacques se recroquevilla sur sa chaise, comme s’il craignait sa violence physique. Son patron marcha plutôt vers un meuble bas, de l’autre côté de la pièce.
    — Je ne bois pas au point d’avoir besoin d’un si grand cabinet. D’un côté, il y a des bouteilles, et de l’autre, ça.
    En ouvrant la porte, il révéla un coffre en fer. Du bout du pied, il frappa dessus pour produire un son de cloche.
    — C’est solide : de l’autre côté, il est boulonné au mur.
    Je me demande si un obus de canon réussirait à l’ouvrir. Le contrat dont tu rêves existe, il se trouve là. Il porte la signature de ton grand-père.
    Le garçon pâlit. La vérité se cachait tout près et en même temps était inaccessible. De son côté, le notaire réfléchissait à toute vitesse. La dernière entreprise d’Eugénie le sidérait.
    A l’approche de la mort, elle se souciait encore de gâcher sa vie.
    — Si tu veux absolument savoir, tu sauras. Mais cela changera définitivement ton existence, pas nécessairement pour le mieux. Tu es prêt à prendre le risque ?
    — Je veux tout savoir.
    L’homme secoua la tête, dépité par ce choix, alors que son interlocuteur s’imaginait déjà forçant une porte de la Haute-Ville pour réclamer sa part d’héritage, ou au moins un «dédommagement».
    — A ta place, je réfléchirais un peu. Les surprises ne sont pas toutes bonnes. Il y en a une grande moitié de mauvaises.
    — Je tiens à savoir.
    — Tu l’auras voulu. Mais je vais poser une

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