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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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votre fille est très attachante. Croyez-moi, un établissement comme le nôtre n’est pas le plus mauvais endroit où vivre une telle situation. Elle sera bien entourée.
    D’une inclination de la tête, il la remercia de sa sollicitude. Un instant
    plus
    tard,
    il
    trouvait
    Eugénie
    endormie
    dans la voiture.

    Chapitre 16

    Après que la jeune femme eut refusé ses jeux de mains dans un bosquet, Jacques n’avait plus donné de nouvelles à Germaine. Sa visite lors de la veillée funèbre représentait son premier et le moins compromettant des efforts afin de le relancer. Toutefois, l’arrivée du curé de la paroisse Saint-Charles dans la maison avait plongé tout le monde dans un long chapelet.
    Le
    premier
    dimanche
    d’octobre,
    Jacques
    désirait
    reprendre là où on l’avait interrompu. De toute façon, les dernières semaines ne lui avaient apporté aucune autre rencontre vraiment intéressante. A la maison, le plus souvent il se terrait dans sa chambre pour limiter les contacts avec le plus âgé des pensionnaires de sa mère. Il s’attarda donc à la sortie de l’église, juste assez longtemps pour se trouver sur le chemin des Huot.
    — Bonjour, mademoiselle, dit-il quand elle passa près de lui.
    — Monsieur Létourneau...
    Sa voix trahissait une légère surprise. Même si la rumeur ne prêtait aucune nouvelle inclination sentimentale au beau garçon, après toutes ces semaines, elle estimait sa cause perdue.
    — Vous allez bien ? continua-t-elle après une hésitation.
    — Dans les nouvelles circonstances, je ne vais pas trop mal.

    À quelques pas, Thérèse se mordait la lèvre inférieure en les regardant. Même réduite à recevoir des pensionnaires pour joindre les deux bouts, aux yeux de cette femme, aucune vendeuse ne semblait digne de son fils.
    — Je suis heureuse de l’entendre. Je constate que vous poursuivez vos études.
    Comme tous les dimanches, il était affublé de son uniforme scolaire. Sa mère insistait pour le voir assister à la messe dans cette tenue. En quelque sorte, cela revenait à afficher sa propre réussite.
    — Après tout l’argent investi, arrêter serait ridicule, ne pensez-vous pas ?
    Cette façon de présenter les choses ne la trompait pas.
    — J’en suis ravie. Je sais combien c’est important pour vous.
    Elle se souvenait de leurs dernières conversations.
    Ce souci pour sa petite personne lui donna envie de la revoir.
    — Je pense aller marcher dans le parc Victoria cet après-midi.
    Souhaitez-vous
    vous
    joindre
    à
    moi?
    Ou
    peut-être
    préférez-vous aller ailleurs ?
    Leur dernière rencontre là-bas lui laissait peut-être de mauvais souvenirs.
    — Non, le parc Victoria me convient très bien, le rassura-t-elle.
    — Je serai près du kiosque à deux heures.
    Un moment, ils se regardèrent, puis le jeune homme dit:
    — Je vous empêche de rejoindre votre famille. A tout à l’heure.
    D’une inclination de la tête, elle le salua et retrouva ses parents. Jacques chercha un instant sa mère des yeux, la vit un peu plus loin sur le trottoir de la 6e Avenue. Elle marchait vers la maison, son pas ajusté à celui de Charmin.
    — Jésus-Christ! grommela-t-il avec colère, au point d’attirer sur lui le regard de quelques paroissiennes.
    En se mettant lui aussi en route vers la maison, il ne s’expliquait pas bien le motif de son profond agacement.
    Après tout, la présence de cet étranger dans la maison rendait possible la poursuite de ses grands projets.
    Puis la vérité lui sauta aux yeux. Les deux silhouettes, aperçues de dos, lui rendaient la chose facile. Celle de sa mère, grande et obèse, avec son dandinement de canard, et celle de son locataire, un peu plus courte, mince et frêle.
    — La vie lui a mis un nouveau Fulgence dans les pattes !
    Cette fois, son soliloque n’attira l’attention de personne.
    Après avoir été témoin de ces scènes où Thérèse exprimait tout son mépris pour un époux pusillanime, voilà qu’elle faisait le meilleur accueil à un homme encore plus médiocre.
    — Au moins, lui se trouvait à la tête de dizaines de travailleuses, pas assis derrière un pupitre à tenir les registres du garage Légaré.
    Mais si l’on exceptait la nature de leur carrière, les deux hommes présentaient la même fragilité physique, la même timidité. Et tous les deux, après des décennies de mariage, n’avaient pas eu d’enfant.
    « Elle vient de se trouver un nouveau secrétaire particulier», se

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