Excalibur
été
volés par Lancelot l’année d’avant, mais quarante cavaliers portant de pesantes
armures pouvaient plonger leur infanterie dans l’horreur.
Arthur ramena
sa monture au pas sous l’angle sud des remparts. Le vent était faible, si bien
que la bannière de Guenièvre n’était plus qu’un drapeau non identifiable
pendant le long de son mât improvisé. Il me chercha du regard et finit par reconnaître
mon armure et mon casque. « J’ai deux cents lanciers à une demi-lieue
environ ! me cria-t-il.
— Tant
mieux, Seigneur ! Et vous êtes le bienvenu !
— Nous
pouvons tenir jusqu’à ce qu’ils arrivent ! » Il fit signe à ses
hommes de continuer. Il ne descendit pas la colline, préférant parcourir à
cheval les versants supérieurs du Mynydd Baddon, comme pour mettre les Saxons
au défi de venir se mesurer à lui.
Cette vue
suffit à les arrêter, car aucun Saxon ne voulait être le premier à croiser le
chemin de ces lances au galop. S’ils avaient chargé tous ensemble, ils auraient
aisément écrasé Arthur et ses hommes, mais sur les flancs de cette colline, la
plupart des Saxons étaient hors de vue les uns des autres, et chaque colonne
devait espérer qu’une autre oserait attaquer les cavaliers la première, aussi
hésitaient-ils tous à aller de l’avant. De temps à autre, quelques hommes plus
braves reprenaient l’escalade, pourtant si les cavaliers d’Arthur
réapparaissaient, pris de crainte, ils redescendaient furtivement. Cerdic en
personne vint rallier ses hommes sous l’angle sud, mais quand les soldats d’Arthur
se retournèrent pour leur faire face, ils faiblirent. Ils s’étaient attendus à
une bataille facile contre un petit nombre de lanciers et n’étaient pas prêts à
affronter une cavalerie. Pas en gravissant une pente, et pas celle d’Arthur. D’autres
guerriers montés ne les auraient peut-être pas épouvantés, mais ils savaient ce
que signifiaient cette cape blanche, ce panache de plumes d’oie, ce bouclier
qui étincelait comme le soleil lui-même. Cela voulait dire que la mort les
attendait et aucun d’eux n’était prêt à grimper vers elle.
Une demi-heure
plus tard, l’infanterie d’Arthur arriva au col. L’ennemi qui tenait cette
colline s’enfuit à l’arrivée de ces renforts, et nos lanciers las montèrent jusqu’aux
remparts, assourdis par nos acclamations. Les Saxons les entendirent, virent
apparaître de nouvelles lances au-dessus de l’ancien mur, et cela mit fin à
leur tentative de ce jour. Les colonnes se retirèrent et le Mynydd Baddon
demeura sain et sauf pour un autre tour du soleil.
Arthur ôta son
casque en éperonnant une Llamrei fourbue qui monta jusqu’à nos bannières. Une
bouffée de vent souffla, il leva les yeux et vit le cerf couronné d’une lune
flottant à côté de son ours, mais son grand sourire ne s’effaça pas. Il n’en
dit mot lorsqu’il se laissa glisser du dos de Llamrei. Il devait savoir que
Guenièvre était avec moi, car Balin l’avait aperçue à Aquae Sulis, et les deux
hommes que je lui avais envoyés avec des messages pouvaient l’avoir prévenu, mais
il fit semblant de rien. Au contraire, comme aux anciens jours, comme s’il n’y
avait jamais eu aucune froideur entre nous, il m’étreignit.
Toute sa
mélancolie avait disparu. Son visage vibrait d’une fougue qui se communiqua à
mes hommes attroupés autour de lui pour entendre les nouvelles, bien qu’il s’enquît
d’abord des nôtres. Il avait chevauché entre les cadavres saxons et voulait
savoir comment et quand ils étaient morts. Mes hommes exagérèrent, d’une façon
bien pardonnable, le nombre de ceux qui nous avaient attaqués la veille, et
Arthur rit d’entendre comment nous avions fait rouler deux chariots enflammés
sur le versant. « Bonne idée, Derfel, bonne idée.
— Elle n’était
pas de moi, Seigneur, mais de Guenièvre. » D’un signe de tête, je montrai
sa bannière. « C’est elle qui a tout fait, Seigneur. Je m’étais préparé à
mourir, mais elle avait autre chose en tête.
— Comme
toujours », dit-il d’une voix douce, mais il ne posa pas d’autre question.
La princesse n’était pas dans les parages et Arthur ne demanda pas où elle se
trouvait. Il aperçut Bors et insista pour l’embrasser et prendre de ses
nouvelles, puis enfin, il grimpa sur le mur de terre herbue et étudia les
campements saxons. Il resta là longtemps, pour se montrer à l’ennemi découragé,
mais
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