Excalibur
pourrons les garder divisés, fit remarquer joyeusement Sagramor. En outre,
dans quelques jours, ils devront compter avec les maladies. » Celles-ci
apparaissent toujours lorsqu’une armée s’établit quelque part. C’était une
peste de ce genre qui avait arrêté la dernière invasion de la Dumnonie par
Cerdic, et une maladie cruellement contagieuse qui avait affaibli notre armée
quand nous avions marché sur Londres.
Je craignais
qu’un tel fléau puisse nous affaiblir maintenant, mais pour une raison
quelconque, nous fûmes épargnés ; peut-être parce que nous n’étions pas
nombreux, ou parce qu’Arthur dissémina son armée sur les deux lieux de crêtes
qui couraient derrière le Mynydd Baddon. Mes hommes et moi, nous restâmes sur
le mont, mais les lanciers qui venaient d’arriver tinrent les collines du nord.
Pendant les deux premiers jours qui suivirent l’arrivée d’Arthur, l’ennemi
aurait encore pu s’en emparer, car de minces garnisons occupaient leurs
sommets, mais les cavaliers paradaient sans cesse et Arthur gardait ses
lanciers en mouvement entre les arbres de la crête pour laisser croire que leur
nombre était plus grand qu’en réalité. Les Saxons nous surveillaient, mais n’attaquèrent
pas, et le troisième jour, Cuneglas et ses hommes arrivèrent du Powys et nous
pûmes garnir toute la chaîne de postes de surveillance qui pourraient nous
prévenir si un assaut saxon nous menaçait. L’ennemi nous surpassait toujours en
nombre, mais nous tenions les hauteurs et avions maintenant des lances pour les
défendre.
Les Saxons
auraient dû quitter la vallée. Ils auraient pu marcher jusqu’à la mer de Severn
et assiéger Glevum, nous aurions été obligés d’abandonner notre position élevée
et de les suivre, mais Sagramor avait raison ; des hommes qui se sont
confortablement installés rechignent à bouger, aussi Cerdic et Aelle
demeurèrent obstinément dans la vallée où ils croyaient nous assiéger, alors qu’en
fait c’était le contraire. Ils finirent par mener quelques assauts dans les
collines, mais ne poussèrent par leur avantage jusqu’au bout. Les Saxons
gravissaient une pente, mais quand un rang de boucliers apparaissait au sommet,
prêt à s’opposer à eux, et qu’une troupe des lourds cavaliers d’Arthur se montrait
sur leur flanc, lances levées, leur ardeur se refroidissait, ils retournaient
furtivement dans leurs villages, et chaque échec saxon accroissait notre
confiance.
Cette
confiance était si grande qu’après l’arrivée de l’armée de Cuneglas, Arthur
estima qu’il pouvait nous laisser. J’en fus d’abord étonné, car il n’offrit
aucune explication sur la course importante qui allait l’emmener à un jour de
chevauchée vers le nord. Je suppose que mon étonnement devait se lire sur mon
visage, car il passa le bras autour de mes épaules. « Nous n’avons pas
encore gagné.
— Je le
sais, Seigneur.
— Mais
quand nous le ferons, Derfel, je veux que cette victoire soit écrasante. Aucune
autre ambition ne pourrait me pousser à m’éloigner d’ici. » Il me sourit. « Tu
me fais confiance ?
— Bien
sûr, Seigneur. »
Il laissa le
commandement à Cuneglas avec l’ordre strict de ne pas lancer d’attaque dans la
vallée. Les Saxons devaient toujours s’imaginer que nous étions acculés, et
pour renforcer cette duperie, une poignée de volontaires fit semblant de
déserter et courut jusqu’aux camps saxons porter la nouvelle que nos hommes
étaient si découragés que certains s’enfuyaient, et que nos chefs se
disputaient furieusement pour savoir s’ils resteraient pour affronter l’assaut
saxon ou iraient supplier le roi du Gwent de leur offrir asile.
« Je ne
suis toujours pas certain qu’il y ait un moyen d’en finir, m’avoua Cuneglas le
jour du départ d’Arthur. Nous sommes assez forts pour leur résister sur une
position élevée, mais pas assez pour descendre les battre dans la vallée.
— Peut-être
qu’Arthur est allé chercher de l’aide, Seigneur Roi ? suggérai-je.
— Quelle
aide ? demanda Cuneglas.
— Culhwch,
peut-être ? » dis-je en pensant que c’était improbable car on le
disait à l’est et Arthur avait chevauché vers le nord. « Œngus Mac Airem ? »
Le roi de Démétie nous avait promis son aide, mais les Irlandais n’étaient pas
encore venus.
« Œngus,
peut-être, mais même avec les Blackshields, nous n’aurions pas assez d’hommes
pour vaincre
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