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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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mais son cœur ne se gonflait pas quand il empoignait la
hampe d’une lance. Sa mort fut la tragédie du Mynydd Baddon, mais aucun de nous
ne la perçut comme telle dans le délire de la victoire. Nous l’incinérâmes sur
le champ de bataille et son bûcher funéraire brûla pendant trois jours et trois
nuits. À la dernière aube, lorsqu’il ne resta plus que des braises et les
restes fondus de son armure, nous nous y rassemblâmes pour entonner le Chant de
mort de Werlinna. Nous tuâmes aussi une vingtaine de prisonniers saxons, envoyant
leurs âmes escorter Cuneglas jusqu’à l’Autre Monde pour lui rendre honneur, et
je pensai qu’il était bon pour ma chère Dian que son oncle traverse le pont des
épées afin de lui tenir compagnie dans le monde aux hautes tours d’Annwn.
    « Et
Arthur, demanda avidement Igraine, a-t-il couru vers Guenièvre ?
    — Je n’ai
pas vu leur réconciliation.
    — Peu m’importe
ce que tu as vu, répliqua-t-elle sévèrement, il faut que ce soit là. »
Elle donna un petit coup de pied dans la pile de parchemins. « Tu aurais
dû décrire leur rencontre.
    — Je te l’ai
dit, je n’y ai pas assisté.
    — Est-ce
que cela importe ? Leur entretien aurait fait un très bon dénouement à la
bataille. Tout le monde n’aime pas entendre parler de lances et de massacre,
Derfel. Des hommes qui se battent, cela devient très ennuyeux au bout d’un
moment et une histoire d’amour est bien plus intéressante. » Sans doute la
bataille sera-t-elle truffée d’idylles lorsque Dafydd et elle malmèneront mon
récit. Je regrette parfois de ne pouvoir l’écrire en breton, mais deux des
moines savent lire et ils pourraient me dénoncer à Sansum ; aussi me
faut-il la rédiger en saxon, et espérer qu’Igraine ne changera pas l’histoire
quand Dafydd lui en donnera la traduction. Je sais ce que veut ma reine, elle
veut qu’Arthur coure parmi les cadavres et que Guenièvre l’attende bras
ouverts, et qu’ils se retrouvent avec des transports de joie ; peut-être
cela s’est-il passé ainsi, mais je suppose que non, car elle était trop fière
et lui, trop embarrassé. J’imagine qu’ils ont pleuré, mais aucun d’eux ne me l’a
jamais dit, aussi je n’inventerai rien. Je sais seulement qu’Arthur parut
soudain heureux après la bataille du Mynydd Baddon, et que la victoire remportée
sur les Saxons n’était pas la seule source de son bonheur.
    « Et
Argante ? Tu omets beaucoup trop de choses, Derfel !
    — Son
tour va venir.
    — Mais
son père était là. Œngus n’était-il pas furieux qu’Arthur reprenne Guenièvre ?
    — Je te
raconterai tout sur Argante en temps voulu.
    — Et
Amhar et Loholt ? Tu ne les as pas oubliés ?
    — Ils se
sont enfuis. Ils ont trouvé un coracle et traversé la rivière en pagayant. J’ai
bien peur que nous les rencontrions de nouveau dans ce récit. »
    Igraine tenta
de m’arracher d’autres détails, mais j’affirmai que je raconterais l’histoire à
ma manière et dans l’ordre qui me conviendrait. Elle finit par renoncer à ses
questions et rangea les parchemins dans un sac en cuir pour les ramener à Caer ;
elle avait du mal à se baisser, mais refusa mon aide. « Je serai bien
contente quand le bébé sera né, dit-elle. Mes seins sont douloureux, j’ai mal
au dos et aux jambes, et je me dandine comme une oie. Brochvael en a assez lui
aussi.
    — Les
maris n’ont jamais aimé que leurs femmes soient enceintes.
    — Alors,
ils ne devraient pas tant s’évertuer à nous engrosser », répliqua
aigrement Igraine. Elle se tut pour écouter Sansum hurler contre frère
Llewellyn qui a laissé son seau à lait dans le passage. Pauvre Llewellyn. C’est
un novice et personne au monastère ne travaille autant pour moins de
remerciements ; à cause d’un seau en bois de tilleul, il va recevoir tous
les jours, pendant une semaine, une correction infligée par saint Tudwal, un
jeune homme  – en fait, presque un enfant  – que Sansum prépare à sa
propre succession. Toute notre communauté vit dans la crainte de Tudwal, et je
suis le seul, grâce à l’amitié d’Igraine, qu’il n’accable pas de son
ressentiment. Sansum a trop besoin de la protection de son époux pour encourir
le déplaisir de ma reine.
    « Ce
matin, dit Igraine, j’ai vu un cerf qui n’avait qu’un seul andouiller. C’est un
mauvais présage, Derfel.
    — Nous,
les chrétiens, ne croyons pas aux présages.
    — Mais

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