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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’innocence. S’imaginait-elle qu’Arthur
accepterait le trône d’un Mordred sans descendance ? Mais il n’avait
jamais eu envie de régner. Puis, je compris que si Mordred mourait, alors
Gwydre, le fils de Guenièvre, pourrait y prétendre aussi bien qu’un autre.
Cette pensée dut se lire sur mon visage car elle sourit. « Non que nous
devions spéculer sur la succession, poursuivit-elle avant que j’aie pu
répondre, car Arthur soutient que Mordred doit être autorisé à se marier s’il
le désire, et on dirait que ce pauvre diable est attiré par Argante. Ils
pourraient même s’entendre tout à fait bien. Comme deux vipères dans un nid
répugnant.
    — Et
Arthur aura deux ennemis que l’amertume unit.
    — Non,
dit Guenièvre, puis elle soupira et regarda par la fenêtre. Pas si nous leur
donnons ce qu’ils désirent, et pas si je donne à Arthur ce qu’il veut. Et tu
sais de quoi il s’agit, n’est-ce pas ? »
    Je réfléchis
durant un battement de cœur, puis compris tout. Je compris qu’Arthur et elle
avaient dû parler durant la longue nuit précédant la bataille. Je compris aussi
ce qu’Arthur organisait en ce moment dans le temple de Minerve. « Non ! »
protestai-je.
    Guenièvre
sourit. « Moi non plus je n’en ai pas envie, Derfel, mais je veux Arthur.
Et ce qu’il désire, je le lui donnerai. Je lui dois un peu de bonheur, non ?
    — Il veut
abandonner le pouvoir ? » demandai-je, et elle hocha la tête. Arthur
parlait depuis toujours de son rêve d’une vie simple avec une épouse, une
famille et des terres. Il voulait un manoir, une palissade, une forge et des
champs. Il se voyait en propriétaire terrien, sans autre souci que les oiseaux
qui lui voleraient ses semences, les daims qui mangeraient ses épis et la pluie
qui gâterait sa moisson. Il nourrissait ce rêve depuis des années et maintenant
qu’il avait battu les Saxons, il en ferait une réalité, semblait-il.
    « Meurig
veut aussi qu’Arthur renonce à son pouvoir, dit Guenièvre.
    — Meurig ! »
Je crachai. « Pourquoi nous soucier de ce que veut Meurig ?
    — C’est
le prix que celui-ci a exigé avant de laisser son père lancer l’armée du Gwent
dans la guerre. Arthur ne te l’a pas dit avant la bataille parce qu’il savait
que tu discuterais avec lui.
    — Mais
pourquoi Meurig souhaite-t-il qu’Arthur renonce à son pouvoir ?
    — Parce
qu’il croit que Mordred est chrétien, répondit Guenièvre avec un haussement d’épaules,
et parce qu’il veut que la Dumnonie soit mal gouvernée. Il aurait ainsi une
chance de s’emparer, un jour, de ce trône. C’est un petit crapaud plein d’ambition. »
Je le traitai de bien pire et Guenièvre sourit. « Cela aussi, dit-elle,
mais ce qu’il a exigé, il doit l’obtenir, aussi Arthur et moi, nous nous
installerons en Silurie où Meurig peut avoir l’œil sur nous. Cela m’est égal de
vivre à Isca. Ce sera mieux que dans un manoir qui tombe en ruines. Il y a de
beaux palais romains dans cette ville entourée de très bons terrains de chasse.
Nous emmènerons quelques lanciers. Arthur ne pense pas que ce soit nécessaire,
mais il a des ennemis et il lui faut une petite troupe de soldats. »
    J’arpentai la pièce
de long en large. « Mais Mordred ? On va le laisser gouverner ?
    — C’est
le prix qu’il a fallu payer pour l’armée du Gwent, et si Argante doit épouser
Mordred, il faut que celui-ci récupère le pouvoir, sinon Œngus n’acceptera
jamais le mariage. Ou du moins, il faut rendre une partie de son pouvoir à
Mordred, et elle le partagera avec lui.
    — Tout ce
qu’Arthur a accompli s’effondrera !
    — Arthur
a libéré la Dumnonie des Saxons et il n’a pas envie de régner. Tu le sais, et
moi aussi. Ce n’est pas ce que je désire, Derfel. J’ai toujours voulu qu’Arthur
soit un grand roi et que Gwydre lui succède, mais il s’y refuse et ne se battra
pas pour cela. Il veut la tranquillité, il me l’a dit. Et s’il ne gouverne pas
la Dumnonie, alors autant que ce soit Mordred qui le fasse. L’insistance du
Gwent et le serment d’Arthur à Uther le garantissent.
    — Alors,
il va livrer la Dumnonie à l’injustice et à la tyrannie, protestai-je.
    — Non,
car Mordred n’aura pas la totalité du pouvoir. » Je la regardai, devinant
à sa voix que je n’avais pas tout compris. « Poursuivez, dis-je, avec
circonspection.
    — Sagramor
restera. Les Saxons sont vaincus, mais il y a encore

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