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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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se
tienne, aussi nous poursuivîmes notre route, nous arrêtant seulement pour
manger un peu de pain et de viande séchée que nous portions dans nos besaces. J’étais
dans mon pays, et j’avais l’impression curieuse de marcher en terre ennemie ;
je me reprochais d’avoir accordé trop de foi aux vagues avertissements de
Taliesin, pourtant je m’en tins aux chemins couverts et, comme la nuit tombait,
je conduisis ma petite compagnie par un bois de hêtre jusque sur un terrain
plus élevé où nous pourrions peut-être apercevoir d’autres lanciers. Nous n’en
vîmes pas mais, loin au sud, un rayon errant du soleil mourant transperça un
banc de nuages pour illuminer le Tor vert et brillant d’Ynys Wydryn.
    Nous n’allumâmes
pas de feu. Nous dormîmes sous les hêtres et, au matin, nous nous réveillâmes
raides et glacés. Nous reprîmes notre marche vers l’est, à l’abri des arbres
dépourvus de feuilles alors qu’en dessous de nous, dans les champs au sol gras
et détrempé, des laboureurs traçaient péniblement leurs sillons, des femmes
semaient et des petits enfants couraient en criant pour éloigner les oiseaux
des précieuses graines. « Je faisais ça en Irlande, dit Eachern. J’ai
passé la moitié de mon enfance à effrayer les oiseaux.
    — Clouer
un corbeau à la charrue, ça suffit, proposa l’un de ses compagnons.
    — Clouer
des corbeaux à tous les arbres autour du champ, suggéra un autre.
    — Ça les
arrête pas, intervint un troisième, mais avec ça on se sent mieux. »
    Nous suivions
une sente étroite entre des haies épaisses. Les feuilles ne s’étaient pas
déployées pour dissimuler les nids, aussi les pies et les geais s’affairaient à
voler les œufs, et ils protestèrent à grands cris quand nous nous rapprochâmes.
« Les gens vont savoir que nous sommes ici, Seigneur, dit Eachern, ils ne
peuvent pas nous voir, mais ils le sauront en entendant les geais.
    — Peu
importe », répliquai-je. Je ne savais même pas pourquoi je prenais autant
de précautions, sauf que nous étions peu nombreux et que, comme la plupart des
guerriers, j’aspirais à la sécurité qu’apporte le grand nombre et savais que je
me sentirais bien plus à l’aise une fois que le reste de mes hommes seraient
autour de moi. Jusqu’à ce moment, il faudrait nous dissimuler le mieux
possible, mais au milieu de la matinée, notre route nous amena à découvert,
dans les prés qui menaient à la Voie du Fossé. Des lièvres dansaient sur la
prairie et des alouettes chantaient au-dessus de nos têtes. Nous n’aperçûmes
personne, cependant des paysans nous avaient sans doute vus et la nouvelle de
notre passage allait se transmettre rapidement dans tout le coin. Des hommes
armés éveillaient toujours l’inquiétude, aussi je demandai à mes hommes de
porter leurs boucliers devant eux afin que leurs emblèmes prouvent aux gens du
pays que nous étions des amis. Ce ne fut qu’après avoir traversé la voie
romaine, à proximité de Dun Caric, que j’aperçus un être humain ; c’était
une femme et comme nous étions encore trop loin pour qu’elle distingue les
étoiles sur nos écus, elle s’enfuit dans les bois, derrière le village, pour se
cacher parmi les arbres. « Les gens sont nerveux, dis-je à Eachern.
    — Ils ont
entendu dire que Mordred était mourant, répondit-il en crachant, et ils ont
peur de ce qui va se passer, cependant ils devraient se réjouir de la mort de
ce bâtard. » Quand Mordred était enfant, Eachern avait été l’un de ses
gardes et l’Irlandais en avait gardé une profonde haine pour le roi. J’aimais
beaucoup Eachern. Il n’était pas astucieux, mais loyal, opiniâtre et vigoureux
au combat. « Ils croient qu’il va y avoir la guerre, Seigneur. »
    Nous
pataugeâmes dans le ruisseau, au pied de Dun Caric, contournâmes les maisons et
atteignîmes le sentier abrupt menant à la palissade qui entourait la petite
colline. Tout était tranquille. Il n’y avait même pas de chiens dans la rue du
village et, plus inquiétant encore, nul lancier ne gardait le portail. « Issa
n’est pas là », dis-je en touchant la garde d’Hywelbane. Son absence n’avait
rien d’inhabituel en soi, car il passait une grande partie de son temps dans d’autres
parties de la Dumnonie, mais je ne voyais pas pourquoi il aurait laissé Dun
Caric sans défense. Je jetai un coup d’œil sur le village dont les portes
semblaient fermées à double tour. Aucune

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