Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
C’était du
pain rassis, du mouton séché et une cruche d’eau. Je m’assis, rompis la miche
et, soudain, on remua dans la cage. Je tressaillis, alarmé, lorsqu’une chose s’avança
à quatre pattes vers moi.
    Tout d’abord,
je crus que c’était une bête, puis je compris que c’était un homme, puis je vis
que c’était Merlin.
     
    *
     
    « Je
serai sage, me dit Merlin, je serai sage. » Je compris alors la raison de
la seconde statue d’argile, car Merlin était aveugle. Dépourvu d’yeux. L’horreur.
« Des épines dans les pieds, dans les pieds », puis il s’effondra
contre les barreaux et geignit : « Je serai sage, c’est promis ! »
    Je m’accroupis.
« Merlin ? »
    Il frémit. « Je
dirai tout ! » gémit-il désespéré, et lorsque je passai la main entre
les barreaux pour caresser ses cheveux emmêlés et crasseux, il recula et
frissonna.
    « Merlin ?
répétai-je.
    — Du sang
dans l’argile, il faut mettre du sang dans l’argile. Le mélanger bien. Le sang
d’un enfant est plus efficace, c’est du moins ce qu’on m’a dit. Je ne l’ai
jamais fait, ma chère. Tanabur l’a fait, je le sais, je l’ai obligé à en
parler, un jour. C’était un idiot, bien sûr, mais il savait quelques petites
choses minables. Le sang d’un enfant roux, m’a-t-il dit, et surtout d’un enfant
estropié, un roux estropié. À la rigueur, n’importe quel enfant ferait l’affaire,
bien sûr, mais un infirme roux, c’est mieux.
    — Merlin,
c’est Derfel. »
    Il continua à
babiller, expliquant comment façonner la statue d’argile afin que le mal puisse
être envoyé au loin. Il parla de sang et de rosée, et de la nécessité de
modeler l’argile pendant que le tonnerre gronde. Il ne voulait pas m’écouter et
quand je me levai et tentai d’arracher les barreaux des arbustes, deux lanciers
sortirent des ombres derrière moi, en souriant. C’étaient des Bloodshields et
leurs lances me dirent de ne plus tenter de libérer le vieil homme. Je m’accroupis
de nouveau. « Merlin ! »
    Il rampa plus
près, en reniflant. « Derfel ?
    — Oui,
Seigneur. »
    Il me chercha
à tâtons, je lui tendis la main et il l’empoigna. Puis, sans me lâcher, il s’effondra
par terre. « Je suis fou, tu sais ? dit-il d’une voix sensée.
    — Non,
Seigneur.
    — On m’a
puni.
    — Sans
raison, Seigneur.
    — Derfel ?
Est-ce vraiment toi ?
    — C’est
moi, Seigneur. Voulez-vous manger ?
    — J’ai
beaucoup de choses à te raconter, Derfel.
    — Je l’espère,
Seigneur. » Mais il semblait incapable d’ordonner ses pensées et, durant
quelques instants, il reparla de l’argile, puis d’autres sortilèges, et de
nouveau il oublia qui j’étais et m’appela Arthur, puis il demeura silencieux
longtemps. « Derfel ? finit-il par demander.
    — Oui,
Seigneur.
    — Il ne
faut rien écrire, tu comprends ?
    — Vous me
l’avez souvent dit, Seigneur.
    — Toutes
nos traditions, il faut les confier à notre mémoire. Caleddin les avait toutes
couchées par écrit et c’est alors que les Dieux commencèrent à se retirer. Mais
elles sont dans ma tête. Elles y étaient. Et elle les a prises. Toutes. Ou
presque toutes. » Il chuchota ces trois derniers mots.
    « Nimue ? »
demandai-je. Il me serra terriblement fort à la simple mention de son nom, et
redevint silencieux.
    « Elle
vous a rendu aveugle ?
    — Elle
devait le faire ! » Et il fronça les sourcils à mon ton
désapprobateur. « Il n’y avait pas d’autre moyen, Derfel. J’aurais dû
penser que c’était évident.
    — Pas
pour moi, répliquai-je amèrement.
    — Tout à
fait évident ! Absurde de penser qu’il puisse en être autrement. » Il
me lâcha la main et essaya d’arranger sa barbe et ses cheveux. Sa tonsure avait
disparu sous une couche de cheveux emmêlés et de crasse, sa barbe en désordre
était parsemée de feuilles, sa robe blanche avait la couleur de la boue. « Elle
est druide maintenant, dit-il d’un air émerveillé.
    — Je
croyais que les femmes ne pouvaient pas l’être.
    — Ne sois
pas absurde, Derfel. Ce n’est pas parce que les femmes n’ont jamais été druides
qu’elles ne peuvent pas l’être ! Tout le monde peut l’être ! Tout ce
qu’il faut faire, c’est mémoriser les six cent quatre-vingt-quatre malédictions
de Beli Mawr et les deux cent soixante-neuf sortilèges de Lieu, et avoir en
tête environ mille autres choses utiles, et

Weitere Kostenlose Bücher