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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Nimue, je dois le dire, a été une
excellente élève.
    — Mais
pourquoi vous rendre aveugle ?
    — Nous
avons un seul œil pour deux. Un seul œil et un seul esprit. » Il se tut.
    « Parlez-moi
de la forme d’argile, Seigneur.
    — Non ! »
Il s’éloigna de moi en traînant les pieds, et sa voix tremblait de terreur. « Elle
m’a dit de ne pas t’en parler, ajouta-t-il en un chuchotement rauque.
    — Comment
faire pour la vaincre ? » demandai-je.
    Ma question le
fit rire. « Toi, Derfel ? Tu lutterais contre ma magie ?
    — Dites-moi
comment ? » insistai-je.
    Il revint vers
les barreaux et tourna ses orbites vides à gauche et à droite comme s’il
cherchait un ennemi capable de nous entendre. « Par dix fois, dit-il, j’ai
fait un songe sur Carn Ingli. » Il était retombé dans la folie, et toute
la nuit, chaque fois que j’essayais de lui arracher les secrets de la maladie
de Ceinwyn, il se remettait à délirer. Il bredouillait à propos de rêves, d’une
petite paysanne qu’il avait aimée près des eaux du Claerwen, ou des chiens de
Trygwylth qui le pourchassaient, croyait-il. « C’est pour cela que je suis
derrière ces barreaux, Derfel, dit-il en martelant les lattes de bois, pour que
les chiens ne puissent pas m’atteindre, et c’est pour cela que je n’ai plus d’yeux,
pour qu’ils ne puissent pas me voir. Les chiens de chasse ne peuvent pas te
voir, tu sais, si tu n’as pas d’yeux. Il faut t’en souvenir.
    — Nimue
va ramener les Dieux ? dis-je à un moment.
    — C’est
pour cette raison, Derfel, qu’elle s’est emparée de mon esprit.
    — Réussira-t-elle ?
    — Bonne
question ! Excellente question. Une question que je me pose sans cesse. »
Il s’assit et serra ses genoux osseux dans ses bras. « J’ai manqué de
courage, hein ? Je me suis trahi. Mais Nimue ne le fera pas. Elle ira
jusqu’au bout, Derfel.
    — Mais
réussira-t-elle ?
    — J’aimerais
avoir un chat, dit-il au bout d’un moment. Les chats me manquent.
    — Parlez-moi
de la Convocation.
    — Tu sais
déjà tout cela ! répondit-il d’un air indigné. Nimue trouvera Excalibur,
elle fera venir le pauvre Gwydre, et les rites seront accomplis comme il faut.
Ici, sur la montagne. Mais les Dieux viendront-ils ? C’est la question,
hein ? Tu vénères Mithra, n’est-ce pas ?
    — Oui,
Seigneur.
    — Et que
sais-tu de lui ?
    — C’est
le Dieu des soldats, né dans une grotte. C’est le Dieu du soleil. »
    Merlin rit. « Tu
en sais si peu ! C’est le Dieu des serments. Le savais-tu ?
Connais-tu les degrés du mithraïsme ? À quel grade es-tu arrivé ? »
J’hésitai, peu désireux de révéler les secrets des mystères. « Ne sois pas
absurde, Derfel ! dit Merlin d’une voix aussi sensée qu’elle l’avait
jamais été. Quels grades possèdes-tu ? Deux ! Trois !
    — Deux,
Seigneur.
    — Alors,
tu as oublié les cinq autres ! Quels sont tes deux grades ?
    — Soldat
et Père.
    —  Miles et Pater , devrait-on les appeler. Et autrefois, il y avait aussi Leo , Corax , Perses , Nymphus et Heliodromus . Comme tu
connais mal ton misérable dieu ; ton culte n’est qu’une ombre de culte.
Est-ce que vous gravissez l’échelle aux sept barreaux ?
    — Non,
Seigneur.
    — Consommez-vous
le vin et le pain ?
    — Ce sont
les chrétiens qui font cela, Seigneur, protestai-je.
    — Les
chrétiens ! Quels demeurés vous faites ! La mère de Mithra était
vierge, des bergers et des sages sont venus voir son enfant nouveau-né, Mithra
grandit et devint un guérisseur et un maître. Il avait douze disciples et, la
veille de sa mort, il leur offrit un ultime souper de pain et de vin. On l’a
enseveli dans une grotte et il s’est relevé ; il a fait cela longtemps
avant que les chrétiens clouent leur Dieu à un arbre. Vous laissez les
chrétiens voler les habits de votre dieu, Derfel ! »
    Je le regardai
fixement. « Est-ce vrai ?
    — C’est
vrai, Derfel, répondit Merlin et il leva son visage ravagé vers les barreaux
grossiers. Tu vénères un dieu fantôme. Il s’en va, tu comprends, tout comme nos
Dieux s’en vont. Ils partent tous, Derfel, ils plongent dans le vide. Regarde ! »
Il désigna du doigt le ciel nuageux. « Les Dieux arrivent et repartent,
Derfel, et je ne sais plus s’ils nous entendent ou s’ils nous voient. Ils
défilent sur la grande roue des cieux, et en ce moment, c’est le Dieu chrétien
qui règne, et il

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