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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ne voyais aucun moyen d’en
sortir. Devrais-je choisir entre Ceinwyn et Gwydre ? Olwen dut deviner mes
pensées, car elle vint à moi et me prit par le bras. « Tes ennuis
prendront bientôt fin, Seigneur », dit-elle pour me réconforter.
    Je me
dégageai. « Ils ne font que commencer, répliquai-je amèrement.
    — Mais
Gwydre ne restera pas mort ! dit-elle d’un ton encourageant. On le
couchera dans le Chaudron et le Chaudron lui redonnera la vie. » Elle y
croyait, mais pas moi. Je croyais encore aux Dieux, mais pas que nous pouvions
les mettre sous notre joug. Arthur avait raison, pensai-je. Il fallait nous en
remettre à nous, pas aux Dieux. Ils avaient leurs propres amusements, et nous
devions nous réjouir de ne pas être leurs jouets.
    Olwen s’arrêta
à côté d’une mare, sous les arbres. « Il y a des castors ici »,
dit-elle en scrutant l’eau piquetée de pluie et, comme je ne disais rien, elle
leva les yeux et sourit. « Si tu continues à descendre le courant,
Seigneur, tu tomberas sur un sentier. Suis-le jusqu’en bas de la colline et là,
tu trouveras une route. »
    J’empruntai le
chemin, puis la route, pour émerger des collines près du fort romain de
Cicucium où logeaient quelques familles inquiètes. Leurs hommes m’aperçurent et
se postèrent au portail rompu, avec des lances et des chiens, mais je pataugeai
dans le ruisseau et gravis tant bien que mal la colline, aussi lorsqu’ils
virent que je n’avais pas d’intention mauvaise, ni d’armes, et n’étais visiblement
pas l’éclaireur d’une bande de pillards, ils se contentèrent de me conspuer. Je
ne me souvenais pas être resté aussi longtemps sans épée depuis ma petite enfance.
Cela donne à un homme l’impression d’être nu.
    Il me fallut
deux jours pour rentrer, deux jours de sombres réflexions sans réponse. Gwydre
fut le premier à me voir descendre la rue principale d’Isca et il courut à ma
rencontre. « Elle va mieux qu’avant-hier, Seigneur, cria-t-il.
    — Pourtant,
le mal a empiré. »
    Il hésita. « Oui.
Mais il y a deux nuits, nous avons cru qu’elle se rétablissait. » Il me
regardait avec inquiétude, ennuyé par mon air sinistre.
    « Et
depuis, son état a régressé.
    — Cela
nous a tout de même donné de l’espoir. » Gwydre essayait de m’encourager.
    « Peut-être »,
répondis-je, bien que je n’en eusse plus. Je me rendis au chevet de Ceinwyn ;
elle me reconnut et tenta de sourire, mais la douleur continuait à croître et
ce sourire ressemblait à la grimace d’une tête de mort. Ses cheveux repoussaient
un peu, mais ils étaient blancs. Je me penchai, tout crasseux que j’étais, et l’embrassai
sur le front.
    J’ôtai mes
vêtements, me lavai et me rasai, ceignis Hywelbane et partis à la recherche d’Arthur.
Je lui répétai ce que Nimue m’avait dit ; Arthur n’avait pas de réponse,
ou il ne voulut pas m’en donner. Il ne livrerait pas Gwydre, ce qui condamnait
Ceinwyn, mais il ne pouvait pas me le dire en face. Alors, il se mit en colère.
« J’en ai plus qu’assez de ces inepties, Derfel !
    — Des
inepties qui torturent Ceinwyn, Seigneur.
    — Alors,
nous devons la guérir », dit-il, mais sa conscience le faisait hésiter. Il
fronça les sourcils. « Tu crois que Gwydre revivra si on le met dans le
Chaudron ? »
    Je ne pouvais
pas lui mentir. « Non, Seigneur.
    — Moi non
plus. » Il appela Guenièvre, mais elle ne sut que nous proposer de
consulter Taliesin.
    Le barde
écouta mon histoire. « Redites-moi les malédictions, Seigneur.
    — La
malédiction du feu, la malédiction de l’eau, la malédiction de l’épine noire et
la sombre malédiction de l’Autre Corps. »
    Il fit la
grimace. « Les trois premières, je peux les dissiper, mais la dernière ?
Je ne connais personne qui puisse le faire.
    — Et
pourquoi ? demanda vivement Guenièvre.
    — C’est
le plus haut degré de la connaissance, Dame. Les études d’un druide ne se
terminent pas avec son apprentissage, il continue à percer de nouveaux
mystères. Je n’ai pas emprunté ce chemin. Ni, je suppose, aucun autre homme en
Bretagne, sauf Merlin. L’Autre Corps est une grande magie, et pour lutter
contre elle, il faut en avoir une aussi grande. Hélas, ce n’est pas mon cas. »
    Je contemplai
les nuages de pluie au-dessus des toits d’Isca. « Si je tranche la tête de
Ceinwyn, dis-je à Arthur, feras-tu de même avec la mienne, un battement de

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