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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’ennemi », fit remarquer Taliesin
quand il eut chanté une prière pour les quatre hommes dont les âmes dérivaient
avec la fumée, à la recherche de leurs corps-ombres.
    Cela faisait
des années que je n’avais pas vu de barrière de fantômes, mais nous en
édifiâmes une ce jour-là. C’était un travail macabre. Nous avions trente-six
cadavres d’ennemis et nous prélevâmes leurs trente-six têtes que nous piquâmes
sur leurs lances. Puis nous plantâmes celles-ci en travers de la langue de
sable et Taliesin, bien visible dans sa robe blanche, portant une hampe afin de
ressembler à un druide, marcha d’une tête ensanglantée à la suivante de sorte
que l’ennemi croie qu’il tissait un sortilège. Peu d’hommes franchiraient de
bon gré une barrière de fantômes sans un druide pour conjurer le mauvais sort,
et une fois celle-ci dressée, nous nous reposâmes, le coeur plus tranquille.
Nous partageâmes un maigre déjeuner et je me souviens qu’Arthur, tout en
mangeant, regardait notre défense d’un air piteux. « D’Isca à ceci, fit-il
remarquer doucement.
    — Du
Mynydd Baddon à ceci, dis-je.
    — Pauvre
Uther », répliqua-t-il en haussant les épaules. Il devait penser au
serment qui avait mis Mordred sur le trône et l’avait conduit à cette langue de
sable chauffée par le soleil.
    Les renforts
de Mordred arrivèrent en début d’après-midi. C’était surtout des fantassins
dont la longue colonne se déploya sur le rivage ouest de la lagune. Nous
comptâmes plus de cent hommes, sachant que d’autres suivraient.
    « Ils
seront fatigués, nous dit Arthur, et nous avons la barrière de fantômes. »
    Mais l’ennemi
possédait maintenant un druide. Fergal avait accompagné les renforts et une
heure après leur arrivée, il se glissa à proximité de la barrière et huma l’air
salin, tel un chien. Il jeta des poignées de sable vers la tête la plus proche,
sauta un moment à cloche-pied, puis courut vers une lance et l’arracha. La
barrière était brisée et le druide, renversant la tête en arrière, face au
soleil, poussa un grand cri de triomphe. Nous coiffâmes nos casques, prîmes nos
boucliers et fîmes passer parmi nous des pierres à aiguiser.
    La marée
montait et les premières barques de pêche rentraient. Nous les hélâmes lorsqu’elles
passèrent devant la levée, mais la plupart ignorèrent nos appels, car les gens
du commun ont souvent de bonnes raisons de craindre les lanciers, pourtant
lorsque Galahad brandit une pièce d’or, ce geste appâta un bateau qui s’approcha
avec précaution du rivage et s’échoua sur le sable, près du bûcher funéraire
incandescent. Ses deux hommes d’équipage, aux visages couverts de tatouages,
acceptèrent de transporter les femmes et les enfants jusqu’à l’embarcation de
Caddwg, qui était presque à flot. Nous donnâmes de l’or aux pêcheurs, aidâmes
nos familles à embarquer, et envoyâmes l’un des lanciers blessés pour veiller
sur elles. » Dites à vos compagnons qu’il y a de l’or pour tout homme
qui joindra son bateau à celui de Caddwg », déclara Arthur aux hommes
tatoués. Il fit de brefs adieux à Guenièvre, et moi à Ceinwyn. Je la serrai
dans mes bras, en silence, durant quelques battements de cœur.
    « Reste
en vie, me dit-elle.
    — Pour
toi, je le ferai. » Puis j’aidai à repousser l’embarcation dans la mer et
la regardai s’éloigner lentement dans le chenal.
    Peu après, l’un
de nos éclaireurs revint au galop de la brèche dans la barrière de fantômes. « Ils
arrivent, Seigneur ! »
    Je laissai
Galahad boucler la courroie de mon casque, puis tendis le bras pour qu’il y
attache le bouclier bien serré. Il me donna ma lance. « Dieu soit avec toi »,
dit-il, puis il ramassa son écu qui portait la croix du Christ.
    Nous ne
combattîmes pas dans les dunes cette fois, car nous n’avions pas assez d’hommes
pour un mur de boucliers qui aurait dû s’étendre d’un bout à l’autre de cette
partie vallonnée de la levée, sinon les cavaliers de Mordred auraient pu nous
contourner, nous encercler, se refermer sur nous et nous exterminer. Nous ne
choisîmes pas non plus le fort, car là aussi nous risquions d’être encerclés et
coupés de l’eau lorsque Caddwg arriverait ; nous nous retirâmes sur la
partie la plus étroite de la langue de sable où notre mur de boucliers pouvait
se déployer d’un rivage à l’autre. Le bûcher funéraire brûlait

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