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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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toujours, juste
au-dessus de la rangée d’algues marquant la limite de la marée haute, et tandis
que nous attendions l’ennemi, Arthur ordonna que l’on jette encore plus de bois
flotté dans les flammes. Nous continuâmes à nourrir ce feu jusqu’à ce que nous
voyions les hommes de Mordred approcher, et alors nous formâmes notre mur à
quelques pas seulement du brasier. La bannière noire de Sagramor prit place au
centre de la ligne, nos boucliers se touchèrent bord à bord et nous attendîmes.
    Nous étions
quatre-vingt-quatre et Mordred menait plus de cent hommes à l’attaque, mais
quand ils virent notre mur de boucliers, ils s’arrêtèrent. Certains des
cavaliers éperonnèrent leurs chevaux vers les bas-fonds de la lagune, dans l’espoir
de contourner notre flanc, mais l’eau devenait vite profonde là où le chenal
suivait la rive, et ils s’aperçurent qu’ils ne pouvaient pas nous prendre à
revers, alors ils se laissèrent glisser de leur selle pour rejoindre le long
mur de Mordred. Je levai les yeux et vis que le soleil descendait enfin vers
les hautes collines de l’ouest. Le Prydwen était presque à l’eau, même
si des hommes s’affairaient encore dans son gréement. Caddwg ne devrait pas
tarder à arriver, mais d’autres lanciers ennemis s’avançaient par petits
groupes sur la route. L’armée de Mordred se renforçait et nous ne pouvions que
nous affaiblir.
    Fergal, des
petits os suspendus aux tresses de sa barbe entremêlée de poils de renard, vint
se poster devant nous et sautilla à cloche-pied, leva une main en l’air et
ferma un œil. Il maudit nos âmes, les vouant au ver de feu de Crom Dubh et à la
bande de loups qui hante le Défilé des flèches d’Eryri. Nos femmes seraient
livrées aux démons d’Annwn et nos enfants cloués aux chênes d’Arddu. Il maudit
nos lances et nos épées, et jeta un sort pour que nos boucliers se fendent et
que nos boyaux se liquéfient. Il hurla des incantations, nous promettant pour
toute nourriture dans l’Autre Monde les crottes des chiens d’Arawn et pour
toute eau la bile des serpents de Cefydd. « Vos yeux saigneront,
chantonna-t-il, vos ventres se rempliront de vers et vos langues noirciront !
Vous verrez vos femmes violées et vos enfants massacrés ! » Il appela
certains d’entre nous par leur nom, nous menaçant de tourments inimaginables.
Pour conjurer ses maléfices, nous chantâmes le Chant de guerre de Beli Mawr.
    Depuis ce
jour, je n’ai jamais entendu des guerriers le chanter, et il ne le fut jamais
mieux que sur cette étendue de sable environnée par la mer et chauffée par le
soleil. Quoique peu nombreux, nous étions les meilleurs soldats qu’Arthur ait jamais
commandés. Il n’y avait, dans notre mur de boucliers, qu’un ou deux jeunes gens
seulement ; les autres étaient des hommes expérimentés, endurcis, qui
avaient survécu à des massacres et savaient tuer à coup sûr. Nous étions des
seigneurs de la guerre. Il n’y avait aucun faible parmi nous, pas un seul dont
le courage vacillerait, et chacun pouvait compter sur son voisin pour le
protéger, aussi avec quel cœur nous chantâmes ce jour-là ! Nous avons
couvert les malédictions de Fergal et le son puissant de nos voix dut traverser
l’eau jusqu’à l’endroit où nos femmes attendaient, à bord du Prydwen . Notre
chant s’adressait à Beli Mawr qui avait attelé le vent à son char ; la
hampe de sa lance était un arbre et son épée tuait l’ennemi comme une faucille
coupe les chardons. Nous chantâmes les cadavres de ses victimes éparpillés dans
les champs de blé et nous nous réjouîmes des veuves que créa sa colère. Nous
chantâmes ses bottes semblables à des meules, son bouclier haut comme une
falaise de fer et le plumet de son casque qui pouvait chatouiller les étoiles.
Notre chant nous mit les larmes aux yeux et la peur au cœur de nos ennemis.
    Il se termina
par un hurlement sauvage, et avant même que celui-ci s’éteigne, Culhwch s’était
détaché en boitant de notre mur de boucliers et brandissait sa lance vers l’ennemi.
Il se moqua d’eux en les traitant de lâches, il cracha sur leur lignage et les
invita à goûter sa lame. Ils le regardaient, mais aucun ne  s’avança pour
répondre à son défi. C’était une bande d’effroyables loqueteux, aussi endurcis
que nous au massacre, mais sans doute guère familiers des murs de boucliers. C’était
la lie de Bretagne et d’Armorique, des brigands,

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