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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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escorte pour accompagner les
invités. Je chevauchai derrière mon père dont le cheval était mené par la bride
tandis que lui marchait avec Cerdic et Lancelot. Ils étaient suivis par deux
porteurs d’enseignes ; l’un tenait celle d’Aelle, le crâne de taureau
éclaboussé de sang planté sur un bâton, l’autre brandissait celle de Cerdic, un
crâne de loup peint en rouge où était suspendue la peau écorchée d’un mort.
Lancelot m’ignorait. Plus tôt, dans la matinée, quand nous nous étions
rencontrés par hasard, près du manoir, il avait fait semblant de ne pas me voir
et je n’avais accordé nulle importance à cette rencontre. Ses hommes avaient
massacré ma fille cadette, et bien que j’aie tué les meurtriers, j’aurais bien
aimé venger l’âme de Dian sur Lancelot lui-même, mais cela m’était impossible
dans le manoir d’Aelle. Alors, d’une crête herbue surplombant les rives
boueuses de la Tamise, je regardai Lancelot et ses quelques serviteurs
rejoindre les vaisseaux de Cerdic.
    Seuls Amhar et
Loholt osèrent me défier. Les jumeaux étaient des jeunes gens maussades qui
détestaient leur père et méprisaient leur mère. Ils se prenaient pour des
princes, mais Arthur, qui dédaignait les titres, refusait de leur accorder cet
honneur et cela ne faisait qu’accroître leur ressentiment. Ils croyaient qu’on
les avait dépouillés du rang, de la terre, de la fortune et des honneurs
royaux, et étaient prêts à combattre pour quiconque essaierait d’abattre
Arthur, qu’ils accusaient de leur mauvaise fortune. Le moignon du bras droit de
Loholt était gainé d’argent, étui auquel il avait fixé une paire de griffes d’ours.
Ce fut Loholt qui se tourna vers moi. « Nous nous retrouverons l’année
prochaine », me dit-il.
    Je savais qu’il
cherchait la bagarre, mais je répondis d’une voix suave : « J’attends
ce moment avec impatience. »
    Il leva son
moignon gainé d’argent, me rappelant que j’avais tenu son bras pendant que son
père le frappait avec Excalibur. « Tu me dois une main, Derfel. »
    Je ne répondis
rien. Amhar était venu se poster auprès de son frère. Tous deux avaient le
visage osseux aux lourdes mâchoires de leur père, mais aigri, si bien que l’on
n’y voyait pas la force d’Arthur. Plutôt une ruse proche de celle des loups.
    « Tu ne m’as
pas entendu ? demanda Loholt.
    — Réjouis-toi
d’avoir encore une main. Quant à ma dette envers toi, Loholt, je la paierai
avec Hywelbane. »
    Ils
hésitèrent, mais n’étant pas certains que les gardes de Cerdic les
soutiendraient s’ils tiraient leur épée, ils se contentèrent de cracher vers
moi avant de faire demi-tour et de descendre en plastronnant jusqu’à la grève
boueuse où attendaient les deux bateaux de Cerdic.
    Cette rive, en
contrebas de Thunreslea, était un vilain endroit, mi-terre, mi-mer, où la
rencontre du fleuve et de l’océan avait engendré un paysage morne de bancs de
boue ou de sable et de petits bras de mer entrelacés. Des mouettes crièrent lorsque
les lanciers de Cerdic traversèrent la plage vaseuse, pataugèrent dans le
chenal peu profond et se hissèrent par-dessus le plat-bord de leurs chaloupes.
Je vis Lancelot soulever l’ourlet de sa cape et, l’air dégoûté, se frayer un
chemin dans la boue pestilentielle. Loholt et Amhar le suivirent et, une fois
qu’ils eurent atteint leur bateau, ils se retournèrent et pointèrent deux doigts
vers moi, pour me jeter un sort. Je fis comme si je n’avais rien vu. Les voiles
étaient déjà déployées, mais le vent restait faible et les deux nefs à la proue
relevée ne sortirent de l’étroit ruisseau dont l’eau refluait que grâce aux
longues rames manœuvrées par les lanciers de Cerdic. Lorsque les proues des
bateaux ornées de têtes de loup firent face au grand large, la soldatesque qui
ramait entama un chant qui rythma leurs mouvements. «  Hwaet pour ta
mère et hwaet pour ta fille et hwaet pour ton amante que tu hwaet sur le sol », et à chaque «  hwaet  », ils criaient plus
fort et tiraient sur leurs longues rames, et les deux navires gagnèrent de la
vitesse jusqu’à ce qu’enfin la brume s’enroule autour de leurs voiles
grossièrement peintes de crânes de loups. « Et hwaet pour ta mère »,
reprit le chant, seulement maintenant les voix étaient étouffées par le
brouillard, « et hwaet pour ta fille », et les longues coques
devinrent indistinctes jusqu’à ce

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