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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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J’essayais d’évaluer l’écoulement du temps, mais en vérité,
je fus incapable de dire si le repas avait duré une heure ou deux lorsque nous
nous retrouvâmes postés à la grande fenêtre ouverte pour contempler Mai Dun où,
pour la première fois, on avait rassemblé les Trésors de Bretagne. Il y avait
la Corbeille de Garanhir en brindilles de saule tressées, assez grande pour contenir
un pain et des poissons, mais si dépenaillée que toute ménagère qui se respecte
l’aurait depuis longtemps livrée au feu. La Corne de Bran Galed, une corne de bœuf
noircie par l’âge au bord garni d’étain tout ébréché. Le Chariot de Modron qui
s’était brisé au cours du temps, si petit que seul un enfant aurait pu tenir
dedans, à condition encore qu’on ait pu le réparer. Le Licol d’Eiddyn, destiné
aux bœufs, réduit à une corde usée et des anneaux en fer rouillés que même le
plus pauvre des paysans aurait hésité à utiliser. Le Couteau de Laufrodedd n’offrait
plus qu’une large lame émoussée et un manche en bois cassé, et tout artisan
aurait eu honte de posséder la Pierre à aiguiser de Tudwal tant elle était
abrasée. La Casaque de Padarn, élimée et rapiécée, vrai vêtement de mendiant, semblait
pourtant en meilleur état que le Manteau de Rhegadd, censé accorder l’invisibilité
à celui qui le portait, guère plus épais maintenant qu’une toile d’araignée. Le
Plat de Rhygenydd était une écuelle en bois, craquelée au point de ne pouvoir
plus servir, et la Piste de Gwenddolau une vieille planche gauchie, si usée que
les points des parties, gravés dedans, étaient presque effacés. La Bague d’Eluned
ressemblait à un anneau de guerrier tout à fait ordinaire, tel que les lanciers
se plaisaient à en fabriquer avec les armes des ennemis qu’ils avaient tués, et
nous en avions tous jeté de bien plus beaux que celui-là. Seuls deux des
Trésors avaient une valeur intrinsèque : Excalibur, l’Épée de Rhydderch,
forgée dans l’Autre Monde par Gofannon en personne, et le Chaudron de Clyddno
Eiddyn. Aujourd’hui, tous, camelote ou merveille, étaient ceinturés de feu afin
d’envoyer un signal à leurs Dieux lointains.
    Le ciel s’éclaircissait
toujours, même si des nuages s’amassaient encore à l’horizon sud, et tandis que
nous nous enfoncions de plus en plus dans cette nuit des morts, les éclairs commencèrent
à scintiller. C’était le premier signe des Dieux et, poussé par la crainte qu’ils
m’inspiraient, je touchai le fer de la garde d’Hywelbane, mais les grandes
zébrures de lumière brillaient loin, très loin, peut-être au-dessus de la mer
ou, encore plus loin, au-dessus de l’Armorique. Durant une heure au moins, la
foudre déchira le ciel, du côté du sud, mais toujours en silence. Une fois, un
nuage parut s’éclairer de l’intérieur, nous hoquetâmes et Emrys se signa.
    Les éclairs
lointains s’effacèrent, ne laissant que le grand feu qui faisait rage au sein
des remparts de Mai Dun. C’était un signal qui devait franchir le gouffre d’Annwn,
un flamboiement qui atteignait sans doute les ténèbres entre les mondes. Qu’est-ce
que les morts en pensaient ? me demandai-je. Est-ce qu’une horde d’âmes-ombres
s’assemblaient autour de Mai Dun pour être témoins de la convocation des Dieux ?
J’imaginai les reflets de ces flammes voltigeant sur les lames d’acier du pont
des épées, et peut-être pénétrant jusque dans l’Autre Monde lui-même, et j’avoue
que j’étais effrayé. Les éclairs s’étaient évanouis et la violence du grand
brasier ne semblait susciter nul émule, mais nous étions tous conscients, je
pense, que le monde tremblait, sur le point de changer.
    Puis, au cours
de ces heures, un nouveau signe apparut. C’est Galahad qui l’aperçut le
premier. Il se signa, regarda fixement par la fenêtre comme s’il ne pouvait en
croire ses yeux, puis désigna quelque chose, au-dessus du grand panache de
fumée qui jetait un voile sur les étoiles. « Vous voyez ? » demanda-t-il,
et nous nous penchâmes à la fenêtre pour regarder.
    Les lueurs du
ciel nocturne étaient apparues.
    Nous avions
tous vu ce genre de lumières auparavant, quoique rarement, mais leur arrivée ce
soir-là signifiait sûrement quelque chose. Pour commencer, ce ne fut qu’une
vapeur bleue miroitant dans l’obscurité, mais lentement elle s’intensifia et
devint plus brillante, un rideau de feu se joignit à ce bleu

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