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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’ignore, Seigneur.
    — Est-ce
que le roi Meurig se prépare à la guerre ?
    — Il est
prêt à défendre son territoire, Seigneur.
    — Et à
défendre la Dumnonie ?
    — Seulement
si la Dumnonie reconnaît le Dieu unique, le véritable Dieu, dit le prêtre et il
se signa avec la cuillère de bois, éclaboussant sa robe crasseuse de gruau d’orge.
Notre roi est un fervent fidèle de la croix et il n’offrira pas ses lances à
des païens. »
    Il leva les
yeux sur le crâne de taureau cloué à l’une de nos hautes poutres et se signa à
nouveau.
    « Si les
Saxons s’emparent de la Dumnonie, dis-je, ce sera bientôt le tour du Gwent.
    — Christ
protégera le Gwent. » Le prêtre tendit le bol à l’une de ses femmes qui
recueillit, d’un doigt crasseux, ses quelques restes. « Christ te
protégera, Seigneur, si tu t’humilies devant Lui. Si tu renonces à tes Dieux et
reçois le baptême, tu remporteras la victoire l’an prochain.
    — Alors
pourquoi Lancelot n’a-t-il pas été victorieux l’été dernier ? »
demanda Ceinwyn.
    Le prêtre la
fixa de son bon œil tandis que l’autre s’égarait dans les coins ombreux. « Le
roi Lancelot n’était pas l’Elu, Dame. Le roi Meurig l’est. On dit dans nos
écritures qu’un seul homme sera choisi, et il semble que le roi Lancelot n’était
pas celui-là.
    — Choisi
pour faire quoi ? » demanda Ceinwyn.
    Le prêtre la
contempla ; c’était toujours une belle femme, si dorée et si calme, l’étoile
du Powys. « Choisi, Dame, pour réunir tous les peuples de Bretagne sous la
loi du Dieu vivant. Saxons et Bretons, Gwentiens et Dumnoniens, Irlandais et Pictes,
adorant ensemble le seul vrai Dieu, et vivant tous en paix dans l’amour.
    — Et si
nous décidons de ne pas suivre le roi Meurig ? insista Ceinwyn.
    — Alors
notre Dieu vous détruira.
    — C’est
le message que tu es venu prêcher ici ? dis-je.
    — Je ne
peux rien faire d’autre, Seigneur. Je suis envoyé.
    — Par
Meurig ?
    — Par
Dieu.
    — Mais
moi, je suis le seigneur du domaine qui s’étend des deux côtés du ruisseau, et
de toute la terre au sud de Caer Cadarn et au nord d’Aquae Sulis, et tu ne
prêcheras pas ici sans ma permission.
    — Aucun
homme ne peut révoquer la parole de Dieu, Seigneur.
    — Celle-là
le peut », dis-je en tirant Hywelbane.
    Ses femmes
sifflèrent. Le prêtre regarda fixement l’épée, puis cracha dans le feu. « Tu
t’exposes au courroux de Dieu.
    — Tu t’exposes
à mon courroux, et si demain, au coucher du soleil, tu es toujours sur les
terres que je gouverne, je te donnerai comme esclave à mes esclaves. Ce soir,
tu peux dormir avec les bêtes, mais demain, tu partiras. »
    Il s’en alla
le lendemain de mauvaise grâce et, comme pour me punir, la première neige de l’hiver
se manifesta le jour de son départ. Cette précocité promettait une saison rude.
Elle commença sous forme d’un grésil qui, à la tombée de la nuit, se transforma
en épais flocons ; à l’aube, tout le pays était blanc. Il fit plus froid
la semaine suivante. Des glaçons se formèrent sous notre toit, et commença
alors la longue quête hivernale d’un peu de chaleur. Au village, les gens dormaient
en compagnie de leurs bêtes tandis que nous combattions l’air glacial avec de
grands feux qui faisaient dégoutter les glaçons de notre chaume. Nous
installâmes le bétail d’hiver dans les abris à bestiaux et abattîmes les
autres, gardant leur viande dans du sel comme Merlin avait conservé le cadavre
exsangue de Gauvain. Durant deux jours, le village résonna des beuglements
affolés des bœufs tramés sous la hache. La neige était éclaboussée de rouge, l’air
empestait le sang, le sel et la bouse. Au manoir, les feux ronflaient, mais ne
nous procuraient que peu de chaleur. Nous nous réveillions glacés, nous
frissonnions sous nos fourrures et attendions en vain le dégel. Le ruisseau
gela, si bien que nous dûmes chaque jour casser la glace pour tirer de l’eau.
    Nous
entraînions toujours nos jeunes lanciers. Nous les faisions marcher dans la
neige, durcissant leurs muscles pour le combat contre les Saxons. Quand la
neige tombait trop serrée et que les épais flocons tourbillonnaient autour des
pignons encroûtés de blanc des petites maisons du village, les hommes
fabriquaient leurs boucliers avec des planches de saule qu’ils recouvraient de
cuir. Je formais ainsi une petite troupe de guerriers, mais lorsque

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