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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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jour
et demi ? Et si Ratae tombe, quelle forteresse y a-t-il entre nous et les
Saxons ?
    — Dieu
nous protégera, déclara l’évêque se faisant inconsciemment l’écho de la foi
exprimée longtemps auparavant par le pieux roi Meurig, comme Dieu vous
protégera, Dame, à l’heure de votre épreuve. » Il resta encore quelques
minutes, bien qu’il n’eût rien de spécial à nous dire. Le saint homme s’ennuie,
ces jours-ci. Il manque de vilenies à fomenter. Frère Maelgwyn, le plus
vigoureux de nous tous, qui effectue la plupart des travaux de force du
monastère, est mort il y a quelques semaines et, avec sa disparition, l’évêque
a perdu l’une des cibles favorites de ses remarques méprisantes. Il trouve peu
de plaisir à me tourmenter car j’endure patiemment son venin et, en outre, je
suis sous la protection d’Igraine et de son époux.
    Sansum finit
par s’en aller et Igraine lui fait une grimace dès qu’il nous eut tourné le
dos. « Dis-moi, Derfel, demanda-t-elle quand le saint homme fut hors de
portée d’oreille, que devrais-je faire pour la naissance ?
    — Pourquoi
diable me demander cela à moi ? Je ne connais rien à l’accouchement, Dieu
merci ! Je n’ai jamais vu un enfant naître et ne le désire pas.
    — Mais tu
connais les usages anciens, c’est à cela que je pense, insista-t-elle.
    — Les
femmes de votre caer en sauront bien plus que moi, mais lorsque Ceinwyn
accouchait, nous faisions toujours très attention à ce qu’il n’y ait pas de fer
dans le lit, d’urine de femme sur le seuil, d’armoise dans le feu et, bien
entendu, il fallait qu’une jeune vierge soit prête à prendre dans ses bras le
nouveau-né, dès son arrivée sur la paille de naissance. Et plus important de
tout, ajoutai-je sévèrement, il ne devait y avoir aucun homme dans la chambre.
Rien n’apporte autant de malchance qu’une présence masculine lors d’une
naissance. » Je touchai le clou qui dépassait de mon pupitre pour conjurer
le mauvais sort lié à la simple mention d’une circonstance si néfaste. Bien
sûr, nous, les chrétiens, ne croyons plus que toucher du fer peut influer sur
le destin, bon ou mauvais, mais mes doigts polissent encore souvent la tête de
ce clou. « Cette histoire de Saxons, c’est vrai ?
    — Ils se
rapprochent, Derfel. »
    Je frottai de
nouveau le clou. « Alors, dis à ton époux d’aiguiser les lances.
    — Il n’a
pas besoin de ce genre d’avertissement », répliqua-t-elle d’un ton résolu.
    Je me demande
si la guerre finira un jour. Depuis que je suis au monde, les Bretons se
battent contre les Saxons, et même si nous avons remporté sur eux une grande
victoire, au cours des années écoulées depuis celle-ci, nous avons perdu encore
plus de territoires et, avec eux, les histoires attachées aux vallées et aux
collines. L’Histoire n’est pas seulement le récit de ce que font les hommes,
mais c’est une chose liée à la terre. Nous donnons à une colline le nom d’un
héros qui y est mort, ou à une rivière celui d’une princesse qui s’est enfuie
sur ses bords, et quand les anciens noms s’évanouissent, les histoires disparaissent
avec eux et ceux qui les remplacent ne gardent aucune trace du passé. Les Saïs
prennent notre terre et notre histoire. Ils se répandent comme une maladie, et
nous n’avons plus d’Arthur pour nous protéger. Arthur, le fléau des Saïs, le
seigneur de la Bretagne et l’homme que l’amour blessa plus qu’aucune plaie
causée par l’épée ou la lance. Comme Arthur me manque !
     
    *
     
    Au solstice d’hiver,
nous priions pour que les Dieux ne laissent pas la terre livrée à la grande
obscurité. Par les plus sombres des hivers, ces prières ressemblaient souvent à
des supplications désespérées et elles ne le furent jamais plus que l’année
précédant l’assaut des Saxons, où notre monde était enseveli sous une carapace
de glace et de neige verglacée. Pour nous, les adeptes de Mithra, le solstice
avait une double signification, car c’était aussi le temps de la naissance de
notre dieu, et après la grande fête donnée à Dun Caric, j’emmenai Issa dans les
cavernes où nous pratiquions nos cérémonies les plus solennelles et, là, je l’initiai
au culte. Il passa les épreuves avec succès et fut accueilli dans cette troupe
de guerriers d’élite qui gardent les mystères du dieu. Ensuite, nous
festoyâmes. J’immolai le taureau, cette année-là, lui coupant

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