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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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pardon !
    Était-ce ainsi qu’elle recevait la leçon qu’Il lui donnait ?
    Nourrissant les serpents, les djinns du mal et les démons de la haine quand elle aurait dû se faire sage et humble.
    D’un bond, elle se mit debout sur sa couche, tendit les mains devant elle. Puis se souvint ! Oh non !
    Allait-elle encore ajouter une faute à son compte déjà si long ?
    Elle trouva une cruche pleine d’eau, s’aspergea le visage. Le choc de la fraîcheur acheva de la dégriser. Enfin, elle put offrir ses paumes ouvertes au Clément et Miséricordieux. Les paroles sortirent de sa bouche :
     
    Allâhulmma !
    Contre le mal de la nuit qui s’obscurcit ,
    Contre le mal de celles qui souffrent sur les noeuds de magie ,
    Contre le mal de l’envieux ,
    Je cherche la protection auprès du Seigneur des humains ,
    Le Souverain de tout ce qui est humain ,
    Je cherche protection, ô Tout-Puissant ,
    Contre le mauvais conseil ,
    Contre le souffle sournois qui naît dans la poitrine
    Contre le souffle des djinns qui empoisonne mon souffle
    Je cherche protection, Allâhulmma [9]  !…
     
    Elle priait encore lorsque son père apparut sur le seuil de la chambre. Il s’était approché en silence, craignant qu’elle ne dorme et ne voulant pas la réveiller. Le murmure de Fatima l’immobilisa. Il patienta jusqu’à ce qu’elle ait découvert sa présence. Elle eut un cri de surprise. Peut-être de crainte. Il la rassura d’un geste.
    Elle retint son souffle autant que le désir de bondir dans ses bras. Sans doute le comprit-il.
    — C’est bien, c’est bien, ma fille, dit-il affectueusement en s’avançant pour lui baiser le front.
    À nouveau, elle tremblait, parcourue de frissons. Muhammad l’attira contre lui, la retint contre sa poitrine jusqu’à ce qu’elle se calme. Il l’écarta alors pour plonger son regard dans le sien.
    — Aïcha n’est qu’une enfant, dit-il. Plus tard, elle me sera chère. Si Dieu la place sur mon chemin, c’est qu’il me viendra d’elle un bien qu’aucune autre femme ne pourra m’apporter. Ainsi qu’aucune autre ne peut m’apporter ce que m’apporte ma fille Fatima. Ne doute pas. Allah est notre guide en toute chose, et jusqu’à la poussière qui passe par nos narines. Fatima bint Muhammad, tu es la chair de ma chair. Chaque parcelle de toi est une parcelle de moi. Qui pourrait aller contre cela ? Des ennemis, nous en avons plus qu’il n’en faut. Inutile d’en provoquer. Le compagnon Abu Bakr et sa descendance sont notre avenir, tout autant que le sera, un jour, la chair de ta chair.
    La prunelle de ses yeux toujours rivée aux siennes, il se tut un bref instant. Fatima eut l’impression qu’il voulait s’assurer que ses mots voyageaient en elle aussi loin que cela se pouvait.
    Enfin, sur un ton plus léger mais avec beaucoup de fermeté, il ajouta :
    — J’ai besoin de toi demain à l’aube. Il est temps que le Messager du Seigneur retourne dans les champs de Ta’if porter la parole que Gabriel lui a confiée. Je ne suis pas ici pour prêcher aux murs et aux servantes de ma maison. Abdonaï m’accompagnera, et toi aussi. Vous saurez me défendre s’ils veulent me répondre avec des pierres plutôt qu’avec des mots. Puisse Allah leur être Clément.

La haine
    Le soleil commençait à dessiner les ombres lorsqu’ils quittèrent la maison. Il n’y avait guère de vie dans les ruelles de Ta’if. C’était l’heure que préféraient les paysans pour travailler aux champs. La saison était celle où l’on récoltait les fèves, les lentilles et les pois chiches, parfois aussi les premières olives et les figues d’été. Femmes, enfants, ânes et hommes s’activaient avant que la chaleur ne les épuise.
    Chacun connaissait sa tâche. Les paniers se remplissaient souvent joyeusement. Il n’était pas rare que des chansons et des rires résonnent dans l’air encore limpide. Il y en avait toujours un pour conter des histoires et divertir de la fatigue. Mais quand Muhammad le Messager entra dans le premier jardin, aussitôt les bouches et les visages se fermèrent.
    Avant de quitter l’enceinte de la maison, Abdonaï avait dit à Muhammad et à Fatima :
    — Vous deux, allez devant. Moi, je resterai derrière. Les plus mauvais gestes viennent toujours de loin, et toujours dans le dos.
    Le vieux Perse ne s’était pas contenté de sa dague de ceinture. Dans sa main valide, il tenait un long bâton à la pointe de fer. Il avait obligé Fatima et

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