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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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Ali, Fatima le comprit après le repas du milieu du jour.
    L’annonce se répandit dans le quartier des femmes comme une fumée poussée par le vent. Pour autant, elle ne surprit personne. Chacun l’attendait. Muhammad le Messager adoptait Ali ibn Abu Talib et, à partir de ce jour, dans la maison, il faudrait le traiter comme son fils bien-aimé.
    À la mort du vieil oncle Abu Talib, la tradition l’exigeait. Qu’un fils perde son père, il en retrouvait un autre qui le protégeait et le prenait sous son aile. Dans chaque clan du Hedjaz, c’était là le devoir des oncles envers les neveux. Des cousins âgés envers les jeunes cousins. Abu Talib avait d’ailleurs lui-même adopté son neveu Muhammad ibn ‘Abdallâh avant qu’il ne devienne l’époux de Khadija bint Khowaylid.
    Depuis longtemps, Fatima avait vu son père accorder à Ali la plus grande affection. Sans doute voyait-il en lui ce fils que la mort d’Al Qasim lui avait enlevé. Rongée par la culpabilité et le désespoir, Khadija lui avait fait adopter Zayd de Kalb. Muhammad éprouvait pour Zayd une tendresse bien visible. Mais ce n’était qu’un esclave devenu un proche. À mille petits signes, on devinait que, s’il y en avait un qui était plus près de son coeur, c’était Ali. Et Ali en débordait de fierté. Il n’avait de cesse que chacun ne s’en aperçût.
    Si bien que lorsque la tante Kawla, Ashemou et même Abdonaï commencèrent à couler des coups d’oeil soucieux vers elle, craignant sa réaction, Fatima repoussa leur inquiétude d’un geste dédaigneux :
    — Que voulez-vous que ça me fasse ? Ali est déjà Ali dans notre maison depuis longtemps. Et moi, je suis moi. Mon père est mon père. Il n’a pas eu besoin de m’adopter. Il lui a suffi d’aimer ma mère pour que je naisse.
    C’était vrai et réconfortant. Et désormais, elle savait d’où venait l’agressivité d’Ali envers elle. Quel soulagement ! Ali était jaloux ! C’était dans son caractère. Mais sa jalousie ne concernait pas Abd’Mrah. Il convoitait seulement la première place auprès de Muhammad. Il voulait être le préféré. Rien d’inhabituel. Tous les garçons, toujours, ne voulaient-ils pas être préférés aux filles par leur père ?
    En ce jour si tourmenté, la joie insolente d’Ali de pouvoir se nommer « Fils du Messager » devant tous était presque une bonne nouvelle.
    Hélas, avant même la prière du soir, Fatima comprit que ce réconfort n’était qu’une illusion.
    La colère du Tout-Puissant contre elle n’avait fait que commencer.

Une décision surprenante
    Une annonce terrible bouleversa la maison : Muhammad le Messager avait décidé de prendre une nouvelle épouse.
    — Et vous savez qui ce sera ? s’écria la servante qui l’annonçait à Ashemou et à Kawla. Aïcha ! La petite dernière d’Abu Bakr. La chérie ! Elle joue encore à la poupée !
    Comment Fatima ne poussa-t-elle pas un hurlement de bête, elle ne le sut jamais.
    La glace pénétra si fort en elle qu’elle crut que ses os allaient se briser.
    Le souffle lui manqua. Et la lumière. Jamais elle ne comprit ce qui lui était arrivé. Elle se retrouva sur sa couche, la paume de la tante Kawla sur son front. Elle entendait ses mots :
    — Allons, allons, apaise-toi. Il ne faut pas te rendre si malade. Tu dois comprendre. Cela devait arriver. Un homme ne peut pas demeurer si longtemps sans épouse. Ton père moins qu’un autre. Allah ne le veut pas. Tu dois le comprendre. Tu seras toujours sa fille bien-aimée. Son coeur est assez grand pour cela. Je t’en prie, ne te rends pas malade…
    Après Kawla, ce fut Ashemou qui vint lui prendre la main. Ashemou n’était pas bavarde. Elle disait ce qu’elle avait à dire simplement en serrant sa paume contre celle de Fatima. Elle comprenait… Elle se contentait d’essuyer les joues de la jeune fille, de frôler ses sourcils d’une caresse. Finalement, elle posa son front contre la tempe de Fatima en murmurant :
    — Ne doute pas. Il t’aime.
    Fatima ne sut si Ashemou parlait de son père ou d’Allah. Peut-être était-ce des deux ?
    Elle se mit à frissonner comme si elle était prise de fièvre. On s’inquiéta. Les servantes apportèrent de l’eau glacée pour son front et sa poitrine. Elle claqua des dents. Ashemou la caparaçonna de couvertures. Elle se couvrit de sueur. Kawla gémit :
    — Fatima, Fatima ! Ne sois pas sotte ! Ce n’est rien. Aïcha n’est qu’une

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