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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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Muhammad eut le plus grand mal à l’apaiser.
    — Omar, ne vois-tu pas qu’Allah nous informe ? Pourquoi le ferait-il, si ce n’est pour placer notre destin entre nos mains ? Si tu cours chez Abu ‘Afak, aussi fort et courageux sois-tu, et même s’il en est pour te suivre, croyez-vous que vous aurez le dessus ? Non. Les négateurs sont trente, peut-être plus. Vous aurez affaire aux sbires de Yâkût. Vous en sortirez déchirés ou morts. Que deviendrai-je, alors ? Je serai à la merci des idolâtres. Ils auront gagné.
    Omar gronda et soupira avant de plier devant la sagesse du Messager.
    — Mais existe-t-il une autre solution ? demanda Ali qui, dès le premier instant, avait annoncé sa volonté de suivre Omar chez Abu ‘Afak. Si nous restons dans cette cour, ils nous assiégeront. Si tu en sors, père, ils te tomberont dessus. Si nous ne sommes pas assez forts pour les vaincre chez Abu ‘Afak, nous ne pourrons pas mieux te protéger dans les ruelles. Tu n’atteindras jamais les portes de Mekka.
    Il y eut des discussions, de nouvelles plaintes… Finalement, Muhammad déclara :
    — Nous devons feindre d’être sots et ignorants. Les hypocrites aiment les ruses. Allah aussi, quand il le faut.
    Après de longs chuchotements, voilà ce qu’il fut décidé :
    Au coeur de la nuit, Omar et les femmes quitteraient la cour d’Al Arqam. Muhammad et Abu Bakr seraient parmi eux. Pour une fois, le Messager ne serait pas revêtu de son grand manteau brun que chacun connaissait. Il se dissimulerait sous la cape de laine verte que portait souvent Al Arqam. Après bien des réticences, et beaucoup de mauvaise humeur, Abu Bakr accepta de se vêtir en femme.
    Dès que leur caravane avancerait sur la route de Jarûl en direction de Yatrib, Muhammad et Abu Bakr s’en sépareraient. Ils fileraient se cacher quelques jours dans une grotte du jabel Thûr. Muhammad et Abdonaï avaient coutume d’y séjourner à l’occasion de leurs chasses.
    Omar grommela, vaguement ironique :
    — Allah est grand ! Je ne serai donc pas un Bédouin… Mais qui te dit, Envoyé, qu’ils ne vont pas nous assaillir dès que nous mettrons le nez hors de cette cour ?
    — N’oublie pas qu’ils ignorent que nous connaissons leur plan. Ils ne penseront pas que je suis avec les femmes et ne voudront surtout pas nous alarmer. Au contraire, dès qu’ils nous verront, ils feront tout pour ne pas apparaître.
    — Mais demain ? s’inquiéta Al Arqam. Que se passera-t-il quand ils ne te verront pas sortir de chez moi, Messager ?
    — Il sortira, fit Ali d’une voix assurée. Mais ces mauvais auront la surprise de découvrir le fils à la place du père.
    Tout le monde le dévisagea avec stupéfaction. Ali s’inclina vers Muhammad.
    — C’est moi qui serai sous ton manteau, si tu le veux bien.
    — C’est prendre un grand risque, objecta Abu Bakr.
    — Allah décidera si le risque est grand ou pas, répliqua Ali.
    — Le garçon chante juste ! s’exclama Omar en claquant ses mains sur ses cuisses.
    Fatima voyait les yeux brillants de bonheur et de reconnaissance de son père.
    — Je serai avec Ali, lança-t-elle. S’il faut se battre, nous nous battrons. S’ils nous demandent où est notre père, nous dirons qu’il est malade et sur sa couche.
    Abu Bakr ouvrit la bouche. Avant qu’il ne prononce une parole, Fatima ajouta :
    — Et vous aurez besoin de moi, dans la grotte du jabel Thûr. Il vous faudra avoir des nouvelles, de l’eau et de la nourriture. Je vous les apporterai.
    Omar rit et s’inclina vers Muhammad.
    — Tes enfants font plaisir à entendre. Je vais regretter de n’être pas dans Mekka pour les jours à venir.

La ruse
    Le ciel était couleur de lait et la lumière encore faible, et c’était une bonne chose. Le corps d’Ali peinait à remplir le grand manteau de Muhammad. Mais avec la capuche rabattue, ainsi que le Messager avait l’habitude de la porter le matin, la substitution serait tout de même difficile à deviner.
    De voir le grand manteau de son père flotter sur les épaules d’Ali, Fatima ne put retenir un petit rire. Elle s’en voulut aussitôt et saisit les mains de son frère adoptif.
    — Ali…, murmura-t-elle, troublée par l’aveu qu’elle allait faire. Ali… tu es courageux. Plus que je ne le pensais. Je suis fière de toi. Peut-être…
    Elle hésita, puis, après un court silence :
    — Peut-être la colère les emportera-t-elle ? Ou Yâkût les

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