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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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serons tes frères et tes affidés autant que les Aws et les Khazraj.
    Il leur fallut rompre les accolades et les adieux. Le ciel, par-dessus les montagnes de l’est, commençait à blanchir.

Adieu Mekka
    Tout alla vite.
    Tamîn forma un premier groupe de croyants. Une maigre poignée, en vérité, à peine une douzaine, suivie de près par ceux de Yatrib. Deux autres groupes quittèrent Mekka les nuits suivantes. Ils devaient rejoindre Tamîn près d’une source, à Khalid. C’était au tiers du chemin. Ils poursuivraient leur route tous ensemble, ce qui leur garantirait une bien meilleure sécurité. Leur seule crainte était qu’Abu Lahab ne lance ses mercenaires à leurs trousses. Selon les lois de Mekka, les habitants de la cité avaient interdiction d’abandonner leur ville sans l’autorisation de la mâla.
    Avec angoisse, Al Arqam et Abu Bakr surveillaient les rumeurs. Mais tout semblait bien se passer. Nul soupçon n’empoisonnait les ruelles de Mekka. La chaleur de l’été, de nouveau, était leur meilleure alliée : ce n’était pas une période pour voyager. Malgré tout, Omar imagina de faire courir une fausse information. Il se disputa avec sa famille, laissant croire qu’il voulait désormais accueillir Muhammad le Messager dans la cour des Adi. La dispute fit grand bruit et en aveugla plus d’un, ce qui réjouit grandement Omar.
    Une fois la plupart des croyants en sécurité loin de Mekka, Muhammad demanda à Omar d’escorter les femmes et les enfants de la maisonnée. Omar fit la grimace.
    — Messager, grommela-t-il, accompagner une caravane de femmes et d’enfants est indigne de moi ! Je ne suis pas un Bédouin ! Je partirai avec toi. Tu auras besoin de bras sûrs.
    — Qui d’autre que toi pourrait défendre nos femmes sur la route ? objecta Muhammad. Celui qui aura cette charge sera bien seul. Et, une fois à Yatrib, tu devras songer à organiser mon arrivée. J’ai toute confiance en ceux avec qui nous avons passé un pacte à Aqaba. Mais qu’en sera-t-il des autres lorsqu’ils apprendront que nous venons vivre sur leur terre et dans leurs usages ? Tamîn et Moç’ab sont trop doux, et si l’humeur devient vive…
    À Zayd, Muhammad dit :
    — Pars avec Omar. Ta présence le divertira et il pourra t’enseigner des maniements d’épée que tu ignores. N’hésite pas à faire l’élève avec lui. Il aime qu’on l’admire. Mais, surtout, ce que je veux, c’est que tu te rapproches des Juifs quand tu seras à Yatrib. Ils ont beaucoup à nous apprendre. Cet Ubadia ibn Salam qui est venu devant nous à Aqaba nous veut du bien. Écoute-le. Renseigne-toi sur leurs écoles, ces madrasa, comme ils les appellent. Vois si elles sont bonnes pour nous et ce qu’ils y enseignent de leur nâbi. J’aurais besoin de tout ce savoir quand j’arriverai. Qu’Allah soit tout du long avec toi, mon fils !
    Plein de joie, Zayd alla voir Fatima :
    — Bonne nouvelle, s’exclama-t-il. Nous ferons ensemble la route jusqu’à Yatrib. Notre père l’a décidé.
    Fatima, qui depuis toujours se montrait heureuse de la compagnie de Zayd, lui adressa à peine un regard. Malgré les questions de son frère d’adoption, elle ne desserra pas les lèvres, affichant jusqu’au soir le visage figé qui était le sien à la mort d’Abd’Mrah.
    Ce n’est qu’au crépuscule, avant la prière, que Zayd en apprit la raison.
    Que Fatima soit du voyage avec Omar, comme toutes les autres femmes de la maisonnée, personne n’en doutait. De même que les épouses d’Abu Bakr, ses jeunes fils et Aïcha, la promise du Messager.
    Celle-ci arriva dans le quartier des femmes après le repas du milieu du jour. Depuis Ta’if, Fatima ne l’avait revue. Elle n’était, comme le dit Ashemou avec un sourire attendri, qu’une enfant à l’esprit encore peuplé de rêves, de jeux et de poupées. Mais déjà sa grâce attirait l’attention et l’affection. L’arc de ses sourcils était parfait, d’une symétrie présageant une rare beauté. Ses cheveux, drus et bouclés, serrés sur ses tempes et hauts sur son front doucement bombé, encadraient de roux un visage plein de lumière. Elle était grande pour son âge. Dans les jeux, lorsque son jeune corps se dépensait en riant, sa silhouette révélait cette élégance qui, plus tard, serait celle d’une élue d’Allah.
    À peine fut-elle entrée avec ses servantes dans la cour d’Al Arqam que toutes les femmes de la maisonnée l’ensevelirent

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