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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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pour nous tous, ceux de Sarah et ceux d’Agar. Voilà pourquoi nos lois sont toutes filles d’Abraham et de Moïse : Dieu est Dieu, et Muhammad est son nâbi !
    Les paroles de ben Shalom provoquèrent des murmures et des réticences chez les rabbis. Jamais encore, depuis que les Aws et les Khazraj avaient accueilli l’Envoyé d’Allah, les choses n’avaient été précisées avec tant de force. Aussi, pour répondre aux objections et aux agacements, Muhammad saisit la main de son ami. Doigts noués, ils offrirent leurs paumes au ciel.
    — Il y a longtemps déjà, dit Muhammad, quand j’affrontais les païens de Mekka et supportais leurs insultes et leur désir de meurtre, pour me donner force et confiance, l’ange d’Allah m’a dit : « Proclame les mots et les lettres du Livre, et avec ceux du Livre ne débats que de la meilleure façon… À eux et à tous, dis : “Il est Un et Unique. Ce qui est descendu des cieux pour nous est aussi Ce qui est descendu pour vous, ceux de l’Écrit…” [28] . »
    Et, pour donner des preuves de cette vérité commune aux uns et aux autres, l’Envoyé annonça que, désormais, les croyants d’Allah prieraient tout comme les Juifs, en se tournant vers la sainte ville de Jérusalem. Et que le jour du jeûne sacré, celui que les Juifs appelaient Kippour, serait aussi celui des Soumis à Allah.
    De ce moment, malgré le froid et la faim qui creusait encore trop souvent les ventres, l’atmosphère dans la maison changea du tout au tout. On vit Juifs et non Juifs prendre goût à visiter la cour de Muhammad afin de l’écouter conseiller, juger et parler avant la prière.
    Aussi souvent que possible, les visiteurs apportaient de la nourriture, des matériaux pour parfaire la maison ou encore de la laine et des fils. Et aussi, nota Fatima, des armes fabriquées de l’autre côté de l’oasis, sur la frange de la palmeraie où étaient établies des forges réputées.
    Omar en profita pour convier les hommes à reprendre les jeux de boucliers et les entraînements à la lance, comme ils en avaient l’habitude à Mekka.
    — Nous allons nous rouiller si nous ne nous entraînons pas à combattre ! s’écria-t-il. Allah Seul sait si, un jour, ce ne Lui sera pas utile.
    Omar n’eut aucune difficulté à réunir pour ces entraînements des compagnons des clans Aws et Khazraj. Ce fut même l’occasion d’une conversion que Muhammad attendait avec impatience.
    Omar avait invité deux des plus puissants représentants des Aws et des Khazraj. Ils furent impressionnés par son habilité et sa ruse dans les joutes, ainsi que par ses plaisanteries, tandis qu’il gagnait un combat après l’autre. Son courage tranquille et sans détour acheva de les séduire. Quand ils le félicitèrent, Omar leur déclara :
    — Dans la joute ou le combat véritable, comme dans chacun de mes jours, tout est le fruit de la volonté d’Allah. C’est à Lui plus qu’à moi qu’appartiennent mon bras et mon sang. S’il veut que je sois victorieux, je le serai. C’est ainsi : il n’est de Dieu que Dieu, et rien n’échappe à Son pouvoir.
    Les chefs des Aws et des Khazraj retournèrent dans leur clan et déclarèrent :
    — Que plus aucun des Aws et des Khazraj, homme ou femme, ne nous adresse la parole tant qu’il ne se sera pas déclaré Soumis d’Allah et de Muhammad, son nâbi.
    Plus d’une fois, le coeur serré, retranchée dans l’ombre des cuisines, Fatima vit ainsi combattre Omar et les hommes de Yatrib. Au premier regard, tout lui revenait des critiques et des conseils d’Abdonaï. En peu de temps elle discernait les qualités et les défauts des combattants. Certains s’avéraient si maladroits qu’ils s’attiraient les foudres d’Omar. D’autres révélaient des capacités qui prouvaient une longue expérience.
    Mais très vite elle retournait à ses tâches de femme en serrant les dents. À quoi bon vouloir se mêler à ces hommes ? Il était impensable qu’elle puisse revêtir un corset de cuir et empoigner à son tour une lance ou une nimcha. Omar le premier s’y serait opposé avec fureur. Nul plus que lui n’aimait que les femmes se cantonnent aux chambres, aux cuisines, à la lessive et au ménage.
    — Il n’est qu’une place où les femmes livrent combat, répétait-il avec de grands rires. C’est dans leur couche.
    Fatima savait qu’il ne ferait aucune exception. Pas même pour la fille de l’Envoyé, alors que c’était elle, et elle

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