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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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bois, elle lâcha :
    —    Tu ferais mieux de me donner ma pénitence tout de suite.
    —    Que veux-tu dire ?
    —    Rien, oublie cela... Une mauvaise blague, c'est tout.
    Elle quitta le confessionnal d'un pas vif. Le plus dur était fait, le doute cheminait à présent dans l'esprit de son frère.
    Il s'inquiéterait pendant les cinq prochaines heures. Au moment de le voir, si jamais elle n'osait pas dire la vérité, il la soumettrait à un interrogatoire intolérable.
    Depuis quelques semaines, elle appréciait les activités routinières qui, en occupant son esprit, lui faisait oublier sa condition. Les yeux sur les feuilles de musique, ou sur le petit homme qui dirigeait la chorale, elle ne jetait que quelques regards dans la nef. Le banc des Picard recevait ses occupants habituels. Elle eut l'impression que le commerçant et la préceptrice échangeaient des regards plus fréquents, mais cela pouvait tout aussi bien venir de son imagination.
    Au moment de sortir sur le parvis, une voix familière derrière elle attira son attention:
    —    Marie, Marie, comment vas-tu ?
    Yvonne s'avançait vers elle, un petit homme ventru l'accompagnant.
    —    Ça va. Toi, tu sembles resplendissante.
    —Je vais me fiancer au jour de l'An, annonça-t-elle en sautillant de joie.
    —    Avec moi, ajouta Georges, un grand sourire sur le visage.
    —J'avais deviné, commenta Marie, pour une fois franchement amusée.
    Les longues promenades sur la terrasse Dufferin, tout l'automne dernier, portaient leur fruit. Et selon toute probabilité, Yvonne ne marcherait pas vers l'autel autrement que vêtue d'une grande robe blanche, symbole de sa virginité. Comme elle s'amuserait de l'infortune de son ancienne colocataire, dans quelques semaines, quand son état serait le sujet de commérages de toute la paroisse !
    «Je suis injuste, réfléchit-elle enfin, Yvonne est trop bonne fille pour dire la moindre méchanceté. » À haute voix, du fond du cœur, elle leur transmit ses compliments en leur tendant la main à tour de rôle :
    —Je vous félicite tous les deux. Je suis certaine que vous serez très heureux ensemble.
    Sa prévision avait de grandes chances de se réaliser. Peu avantagés par la nature, habitués à ce qu'on lève le nez sur eux, tous les deux béniraient le jour où ils s'étaient mutuelle ment trouvés. Alors qu'elle s'éloignait, désireuse de retourner à la maison de chambres avant de se présenter au presbytère, une autre voix de son passé récent lui parvint :
    —    Marie, quel dommage que nous ne nous croisions plus.
    —    ... Marcel, déclara-t-elle en se retournant, un sourire forcé sur les lèvres. Vous fabriquez toujours des chaussures pour payer la grande maison de monsieur Marsh ?
    —    Quelle mémoire! Je vous ai donc fait une petite impression...
    Dans un manteau de marin soigneusement boutonné, un chapeau avec de grandes oreillettes relevées sur la tête, il affichait toujours son allure un peu suffisante. Néanmoins, son intérêt paraissait sincère. Sans doute, la fréquentation de coins sombres avec cet homme aurait moins porté à conséquence que celle du bureau de son grand patron, en fin d'après-midi.
    —J'ai une bonne mémoire, admit-elle sans s'engager plus avant.
    —Je fabrique maintenant des chaussures pour monsieur Duchesne. Le salaire est aussi mauvais, et la manufacture moins bien construite.
    —    Alors, pourquoi avoir changé ?
    —    Un petit différend avec un contremaître.
    Tous les deux gardaient un air un peu gauche. A la fin, le garçon afficha un réel embarras au moment de dire :
    —    En réalité, je vous cherchais. Cela vous dirait de venir à une petite soirée chez mon oncle, le trente-et-un ? Rien de bien compliqué, et une douzaine de vieux parents pour nous servir de chaperons. Même votre frère, le vicaire, serait rassuré.
    —    ... C'est gentil, très gentil à vous de me le demander.
    Elle posa sa main gantée sur celle de Marcel en disant ces mots, aspira une goulée d'air glacial avant de poursuivre:
    —    Malheureusement, je ne peux accepter.
    L'autre demeura un moment interdit, puis demanda :
    —    Il y a quelqu'un d'autre ?
    —    ... En quelque sorte, oui.
    —    Dans ce cas, j'aurais dû vous chercher devant l'église il y a quelques mois. Je vous souhaite donc bonne chance... et une excellente année 1897.
    —    Bonne année à vous aussi.
    Sur ces mots, sans

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