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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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debout près du fauteuil, l'air un peu emprunté. A la fin, elle lui tendit l'objet. L'homme voulut protester, mais elle demanda d'une voix un peu chevrotante :
    —    Voulez-vous me le mettre autour du cou ? Au moins une fois...
    Élisabeth se leva de son siège, lui tourna le dos et souleva un peu ses cheveux pour lui faciliter la tâche. Les doigts tremblotants, il passa ses bras au-dessus de la tête de la jeune femme afin de fixer le ruban de velours bleu autour de son cou. Puis, en lui plaçant une main sur l'épaule gauche, l'autre sur la taille du côté droit, il posa ses lèvres juste sous les cheveux.
    Élisabeth laissa échapper une petite plainte en aspirant une goulée d'air, très sensible à cette première caresse masculine de toute sa vie, fit un pas vers l'avant afin de se dégager de ses mains, puis se retourna. A la naissance de son cou gracile, le bijou magnifique attirait le regard.
    —    Si vous recommencez, je ne serai pas vraiment capable de vous repousser. Aussi je vous demande de me laisser sortir sans faire le moindre geste.
    Thomas revivait un peu la scène qui s'était produite quelques semaines plus tôt avec Marie Buteau, mais dans un contexte totalement différent. Cette femme prenait soin de ses enfants de façon irréprochable et il conversait souvent avec elle depuis des mois, presque tous les jours en fait. Ce n'était pas une occasion de soulager sa tension sexuelle, mais une personne estimable, respectée.
    —Je vous demande pardon si je vous ai blessée. Très souvent, lors de nos contacts quotidiens, l'occasion se présente de vous dire que je vous aime, mais je n'ose pas. J'ai commis une erreur effroyable en épousant Alice.
    —    Sauf que votre femme existe. Ni vous ni moi ne pouvons y changer quelque chose.
    La jeune femme porta la main à sa gorge pour caresser le camée du bout des doigts. Elle continua :
    —    Je dois monter.
    —    ... Oui, oui, bien sûr, répondit l'homme à mi-voix en la regardant dans les yeux.
    Il se déplaça un peu pour lui permettre de passer et de se diriger vers la porte, mais pas assez pour lui éviter de le frôler. Au moment où elle se trouva près de lui, il lui saisit la main en disant encore :
    —    Bonne nuit, Elisabeth.
    Pour la première fois, l'homme abandonnait le «mademoiselle». Tout comme le fait de lui toucher la main, cela signifiait une réduction considérable de la distance entre eux. La jeune femme répondit d'abord d'une légère pression de ses doigts sur la main large et forte, puis murmura :
    —    Bonne nuit, Thomas.
    En deux pas, elle atteignit la porte, puis s'engagea dans l'escalier. Les doigts de sa main droite étaient restées fermés sur le camée, un peu pour le dissimuler, si jamais elle faisait une mauvaise rencontre sur le palier du premier, beaucoup parce que cela lui rappelait le contact des lèvres, la caresse de la moustache juste à la naissance de sa nuque.
    Autant que possible, Marie se tenait loin du confessionnal. Bien sûr elle ne comptait pas parmi les fidèles négligents qui se limitaient à une visite par année. Mais elle ne figurait pas non plus parmi ces catholiques d'élite qui profitaient de toutes les occasions pour se mettre au clair avec leur Créateur. Une visite par mois dans ce curieux meuble ressemblant à une grande armoire lui paraissait amplement suffisante.
    Le dernier dimanche de l'année 1896, la jeune fille prit place dans la file d'attente, puis succéda à un vieillard qui devait pécher « en pensée » seulement depuis de nombreuses années. Elle referma d'abord le rideau derrière elle, s'agenouilla sur le prie-Dieu et attendit. Au moment où le prêtre fit glisser le petit rectangle de bois pour ouvrir le guichet, elle dit à voix basse :
    —    Bonjour, Emile.
    —    ... Marie? Tu sais bien que je ne peux confesser ma sœur.
    —    C'est pour cela que j'aimerais te rencontrer cet après-midi, en dehors du confessionnal.
    Les traits de son frère demeuraient flous à travers la grille qui la séparait de lui. Malgré cela, elle put deviner un certain agacement. D'habitude, ils se rencontraient en plein air le dimanche, le plus souvent pour marcher longuement ensemble dans les rues environnantes. Mais le froid vif interdisait maintenant ce genre de tête-à-tête.
    —    Le mieux serait que tu viennes au presbytère vers deux heures.
    —    J'y serai.
    Au moment où l'abbé commença à faire glisser le rectangle de

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