Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
participer aux chants joyeux accompagnés au piano par madame Giguère, elle annonça:
    —    Je vous prie de m'excuser, je vais regagner ma chambre.
    —    Quelque chose qui ne va pas ? s'enquit la propriétaire.
    —    Non, pas du tout. C'est juste que je travaille demain matin. Je ne voudrais pas faire mauvaise figure à cause d'une
    nuit trop courte.
    La propriétaire prit une mine ennuyée pour commenter :
    —    Vous faire rester aussi tard pour fermer le commerce, c'est trop pour une toute jeune fille. Votre patron abuse de vous.
    —    ... Ce n'est pas si terrible. Je dois seulement m'y faire.
    Les souhaits de bonne nuit suivirent. Après le départ de la jeune fille, les autres échangèrent des commentaires sur sa mine fatiguée des dernières semaines.
    Eugénie gardait ses yeux grands ouverts fixés sur le plafond. Sans surprise aucune, elle entendit la porte de sa chambre s'ouvrir, puis se refermer. Alice prit place sur la chaise près du chevet du lit.
    —    Pourquoi m'avoir menti ? Tu crois que je n'ai pas vu son petit jeu avec le panier?
    —    ... Je ne voulais pas te faire de la peine.
    —    Je peux voir la poupée?
    —    ... Dans la commode. Le tiroir du haut.
    La malade l'ouvrit, sortit la poupée. La clarté blafarde de la nuit d'hiver ne permettait pas d'en apprécier la beauté. La petite fille la suivait des yeux, craignant que sa mère ne brise le jouet. Elle le remit plutôt à sa place avec une certaine délicatesse. Au moment de s'asseoir de nouveau, elle chuchota :
    —    Il ne veut pas que tu ailles au couvent.
    —    Nous devons en reparler cet été.
    —    Garde précieusement cette jolie poupée, pour te souvenir exactement de la vraie nature de ton père plus tard.
    C'est le prix qu'il te paie pour garder cette femme dans la maison.
    Ce constat ne méritait aucune réponse. Alice continua bientôt:
    —    Maintenant, elle se trouve avec lui.
    Eugénie se retourna sur le côté pour faire face au mur, résolue à ne plus rien dire. La poupée venait d'amorcer son long exil au fond du tiroir : dorénavant sa vue lui soulèverait le cœur.
    —    Cette femme est folle, grogna Thomas entre ses dents.
    Une remarque comme celle-là n'appelait aucun commentaire, aussi Elisabeth préféra avaler quelques gouttes de son verre de sherry. Pour la seconde fois de sa vie, en deux jours, elle buvait de l'alcool. A ce rythme, cela risquait de devenir une habitude.
    —Je vais essayer de terminer une journée difficile sur une note positive. Attendez-moi un instant.
    L'homme se dirigea derrière son bureau, ouvrit une porte de bois d'un meuble de rangement pour révéler une boîte de fer dotée d'un cadran au milieu de l'une de ses faces. En masquant ses mouvements de son corps, il composa la combinaison, puis ouvrit le coffre. Avec ses parois d'acier épaisses de deux pouces, il protégeait ses papiers d'un incendie violent, ou des yeux d'une personne curieuse.
    Quand il revint près de la préceptrice, une petite boîte enveloppée de papier doré au creux de la main, ce fut pour déclarer d'une voix émue :
    —Je vous en prie, ce soir ne me parlez pas de ma femme, des choses qui se font ou ne se font pas, ou même des enseignements de la baronne de Staffe sur les bons usages du monde. Ceci est pour vous.
    La jeune femme ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis la referma en prenant le présent. Elle défit le papier d'emballage, contempla un moment une petite boîte de carton fort élégante. Sous le couvercle, un camée présentant un visage féminin sur fond bleu reposait sur le collier de velours qui lui servait de support.
    —    Vous vous souvenez de La Malbaie, murmura-t-elle en caressant le petit bijou du bout de son index.
    —    J'y ai pensé souvent, depuis l'été dernier. Il vous plaît?
    —    Il est magnifique... mais je ne peux...
    L'homme leva la main pour l'arrêter, posa son index sur ses lèvres puis déclara à voix basse :
    —Je vous en prie, acceptez-le.
    —    Mais je ne pourrai même pas le porter. Et s'il était découvert...
    —    Vous avez montré tout à l'heure que vous vous y entendiez pour cacher des choses. Ce bijou est bien plus petit qu'une poupée.
    Un peu comme dans le cas d'Eugénie, une fois la boîte ouverte, repousser un pareil présent devenait impossible. Elle le prit dans sa main gauche, l'approcha de ses yeux pour mieux en apprécier le détail. Thomas demeurait

Weitere Kostenlose Bücher