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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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de nouveau.
    —    Disons qu'Édouard est un peu plus difficile à lire. Sa graphie rappelle celle de son père. J'ai bien déchiffré «Bonne fête, papa», mais la suite... Est-ce bien «l'électricité dans la maison bientôt»?
    Elisabeth laissa échapper un rire franc et commença à se verser du thé en expliquant :
    —    C'est bien cela. Lui aussi écrit très bien... une fois que l'on a compris que des lettres peuvent être toutes petites, et les suivantes très grandes, selon sa fantaisie du moment.
    —    Tout à l'heure, je me suis demandé si je lisais bien, et ensuite si le message n'était pas destiné à Thomas Edison.
    —    Que le magasin profite d'un éclairage électrique mais non la maison le préoccupe beaucoup. En fait, son intérêt pour la question de l'électrification de Québec ne faiblit pas.
    Depuis un moment, la préceptrice cherchait les articles dans les journaux sur la construction d'une usine pour produire de l'électricité grâce aux chutes Montmorency, à peu de distance de Québec. Même si le gamin n'y comprenait rien, entendre Elisabeth les lui lire le fascinait presqu'autant que les contes des frères Grimm.
    —    Vous pourrez lui expliquer que ce serait inutilement cher, dans cette vieille maison. Mais quand nous aurons une nouvelle demeure, il y aura des lumières électriques dans toutes les pièces.
    —    Vous comptez déménager bientôt ?
    —    Pas bientôt. Mais d'ici un an, deux tout au plus, je suppose que ce sera chose faite. Bien sûr, si les affaires restent bonnes...
    Thomas avala la moitié de son verre de cognac, songea combien la jeune personne assise face à lui apparaissait tellement plus séduisante que celle qui lui avait vendu ses charmes précisément vingt-quatre heures plus tôt. Afin de chasser ce genre de réflexion, l'homme demanda:
    —    D'après le récit que les enfants en ont fait à table, hier mon frère s'est bien acquitté de sa tâche de chaperon.
    —    Très bien même.
    —    Vous et les enfants avez pris plaisir à cette journée ?
    —    Oui, ce fut agréable. Cependant, pour des enfants, ce
    spectacle était un peu...
    Thomas s'amusa de voir la jeune femme rougir en baissant les yeux. Après une pause elle continua :
    —    Heureusement, je pense qu'ils sont trop jeunes pour que cela porte à conséquence.
    Autrement dit, seule Elisabeth avait été troublée par ces danses débridées.
    —    Mon frère vous a reconduits ici ?
    —    Non... Monsieur Alfred désirait assister à la représentation suivante.
    —    D'après ce que j'ai compris, celui-ci s'est attardé longuement, au point de revenir chez lui à la nuit tombée, avec les facultés... un peu affaiblies.
    La jeune femme leva les sourcils, surprise de la tournure que prenait la conversation. Son interlocuteur prit sur lui de répéter le récit de Marie Buteau, à son retour de la rue Saint-Dominique.
    —    Pauvre monsieur Alfred. Je me sens un peu responsable, murmura Elisabeth, visiblement émue.
    —    Ne vous inquiétez pas, mon frère savait trouver le chemin des débits de boisson longtemps avant de vous servir de chaperon.
    —    ... Conviendrait-il que j'aille lui rendre visite demain, avec les enfants ?
    —    Pourquoi pas, cela le distraira de ses bleus et de ses bosses. Seulement, faites attention qu'Edouard ne se précipite pas sur lui pour l'embrasser. Il paraît que tout son corps le fait souffrir atrocement.
    —    Je serai intraitable.
    Pendant quelques minutes encore, ils devisèrent ensemble de divers sujets, puis Elisabeth exprima le désir de regagner sa chambre. Au moment de sortir de la bibliothèque, elle se
    retourna pour lui dire encore :
    —    Vos enfants ont l'âge de se préparer à leur première communion.
    —    ... Oui, je suppose.
    —J'ai commencé à leur enseigner le petit catéchisme. En septembre, il conviendrait de s'entendre avec monsieur le curé, afin qu'ils puissent partager cet événement avec les autres enfants de la paroisse.
    —    Vous avez raison. Vous me direz à ce moment si je dois faire quelque chose...
    Après un «Bonne nuit, Monsieur», elle quitta la pièce.
    Une nouvelle fois, Eugénie crut voir une apparition dans ses rêves, mais bien vite elle comprit que sa mère se décidait à une visite aussi tardive que discrète.
    —    Tu vas mieux, murmura-t-elle quand Alice prit place sur la chaise placée près du

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