Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
secoua la tête pour dire non. Ses cheveux détachés lui tombaient sur les épaules. Avec le mouvement, ils captèrent la lumière fauve des lampes à gaz suspendues au plafond.
    —    Nous avons une entente quant à mon traitement, formulée dans un fiacre. Nous nous en tiendrons à cela.
    Autour d'eux, des vacanciers allaient et venaient, l'endroit se révélait peu propice à la conversation.
    —    Acceptez-vous de vous asseoir avec moi un moment?
    —    ... Si vous voulez.
    L'homme se dirigea vers le salon de l'hôtel, une grande pièce aux murs lambrissés de bois dont les fenêtres hautes et étroites donnaient sur la forêt. Des fauteuils et des canapés formaient des îlots convenant tout à fait à des échanges murmurés. Thomas chercha un endroit discret, deux sièges dans un coin, placés de part et d'autre d'une table basse. Il tira celui de sa compagne afin de l'aider à s'asseoir, puis occupa la place en face d'elle. Au garçon venu s'enquérir de ses désirs, il commanda du thé. Une fois la théière et deux tasses devant eux, il commença à voix basse :
    —    J'aimerais vous offrir quelque chose, à la fois pour vous remercier de vos bons services et pour vous dire toute mon affection.
    —    ... Monsieur!
    La jeune femme eut un mouvement de recul, fit mine de poser sa tasse dans la soucoupe pour se lever et partir.
    —    Mademoiselle Trudel, je vous en prie, restez.
    Elle hésita un moment, reprit sa tasse pour la tenir à deux mains devant sa poitrine, comme un bouclier un peu dérisoire.
    —    Je suis au moins aussi entiché de vous que l'est Edouard... Je vous ai aimée dès la première fois où je vous ai vue.
    Elisabeth posa les yeux sur la table, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, se ravisa et fit remarquer un moment plus tard, faussement enjouée :
    —    Pourtant, mon costume de couventine n'a pas fait grande impression.
    —    ... Je l'admets, ce sentiment est né après que l'affreuse robe ait disparue.
    Le silence s'installa entre eux pendant un moment plus long encore. Ses yeux se portèrent sur les grands arbres, à l'extérieur, puis la préceptrice murmura :
    —    Vous avez une épouse. Il serait tout à fait inconvenant que j'accepte quoi que ce soit de vous.
    —    Vous me permettrez de vous corriger, car ce n'est pas l'exacte vérité. Vous savez que n'importe quel célibataire de la ville de Québec est moins seul que moi.
    Elle ferma les yeux. Malgré la pénombre, quand elle les rouvrit, Thomas distingua deux larmes sur ses joues.
    —    Vous savez ce que je veux dire, insista-t-elle. Dans les circonstances, il ne peut rien se passer entre nous. Cependant, je tiens à vous remercier de n'avoir jamais rien tenté... Cela m'aurait forcé à quitter votre maison, et je ne saurais absolument pas où aller.
    —    Je ne ferai rien qui puisse vous mettre en difficulté.
    Cette déclaration dans un endroit public lui était venue spontanément à cause des yeux mouillés de la jolie femme. Maintenant, manquer à sa parole prendrait l'allure d'une trahison. Il s'enfermait dans le rôle de l'amoureux transi. Alors que la jeune femme faisait de nouveau mine de se lever, Thomas ajouta en s'avançant au bout de sa chaise :
    —    Au moins dites-moi, que feriez-vous si j'étais seul?
    —    J'éprouve les mêmes sentiments que vous, sans doute depuis aussi longtemps. Mais si vous étiez seul, nous ne nous serions jamais rencontrés.
    Encore une fois, elle secoua la tête, donnant à ses cheveux un mouvement de droite à gauche.
    —    Je dois regagner ma chambre.
    Sur ces mots, Elisabeth se leva pour quitter le grand salon. Thomas posa la tête sur le dossier de sa chaise, ferma les yeux. L'idée de regagner la chambre où dormait sa femme lui donnait la nausée.
    Le retour en train s'effectua dans un silence un peu morose. Les enfants regrettaient déjà les quelques jours passés en compagnie de leur père, devinant que celui-ci reprendrait très vite son horaire habituel au magasin. Quant à Alice Picard, elle amorça dès ce moment de longues représailles contre son mari pour l'avoir amenée aussi loin au péril de sa vie, en feignant le plus grand épuisement. Une fois dans la maison de la rue Saint-François, la malade se barricada dans sa chambre pendant des jours, réservant à Joséphine le récit de ses innombrables malheurs.
    Le lundi 27 juillet, tôt le matin pour une fois, Alfred présenta son

Weitere Kostenlose Bücher