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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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rapprochait du quai.
    —    Tu ne regrettes pas d'être restée avec moi ? Parfois, le temps est si long à passer.
    —    Non, je ne regrette pas.
    Sa mère venait de la forcer à mentir à deux reprises. Un picotement lui vint aux yeux.
    —    Viens dans la chambre. Je veux être avec toi, et il y a trop de lumière dehors.
    La fillette passa son bras autour du poteau sur lequel elle prenait appui, comme pour éviter qu'on la tire de force vers la chambre, tout en se réfugiant dans un silence buté.
    Après un moment, elle entendit le bruit d'une porte qui se fermait.
    —    Monte le premier. Si tu tombes, je te rattraperai, dit Elisabeth d'une voix joyeuse.
    —    Je suis lourd, tu sais, répondit le gamin en gravissant le premier échelon.
    —    Dans ce cas, je vous rattraperai tous les deux.
    Les mots de Thomas lui valurent un regard amusé du pêcheur. Alors que la jeune femme s'engageait à son tour sur l'échelle conduisant sur le quai, l'homme se fit violence et s'entêta à regarder fixement le fleuve, incarnant le rôle du citadin fasciné par la vie libre et sans contrainte des marins. A la fin, ce fut le vieux batelier, franchement amusé, qui lui signala :
    —    Vous pouvez y aller maintenant, la voie est libre.
    Au moment où il mettait le pied sur le quai, il aperçut Elisabeth, accroupie pour être à la hauteur d'Edouard, expliquant d'une voix douce :
    —    Tout ce soleil et l'air de la mer t'ont épuisé. Le mieux est de rentrer tout de suite pour faire une sieste. Si ton papa n'y voit pas d'inconvénient, bien sûr.
    Des yeux, elle consultait son employeur. Celui-ci consentit tout de suite :
    —    C'est une excellente idée. Nous ferons une promenade en fin d'après-midi.
    —    Et toi, tu vas t'étendre aussi ?
    La question était destinée à la jeune femme. Avec un sourire, elle murmura:
    —    Eugénie voudra peut-être faire quelque chose. Nous verrons en arrivant à l'hôtel.
    Elisabeth se releva, tendit la main au garçon pour marcher avec lui vers les voitures rangées à peu de distance du quai. Thomas, derrière eux, se sentait soudainement très las aussi.
    Pendant les jours suivants, la région de Charlevoix leur réserva encore une baignade, des promenades en forêt et dans les champs, un pique-nique près d'une rivière à l'eau vive et chantante. Aussi, le soir du 25 juillet, la veille de leur retour à la maison, trouva les estivants un peu attristés. Après un souper copieux dans la salle à manger de l'hôtel, les enfants regagnèrent leur chambre avec leur préceptrice. Thomas, peu désireux de retrouver sa conjointe dans la sienne, préféra se diriger vers le bar de l'établissement. Celui-ci recelait un assez bon échantillon de whiskies, dont certains lui étaient encore inconnus.
    La présence de quelques commerçants de la Basse-Ville de Québec, eux aussi venus en vacances, lui permit de discuter un peu affaires et politique. Au moment de revenir à sa chambre, dans le hall il reconnut une silhouette familière. Elisabeth se tenait debout devant la vitrine de la boutique de l'hôtel, fermée à cette heure.
    —    Mademoiselle, je suppose que vos protégés dorment à poings fermés?
    —    Oh ! Monsieur Picard, vous m'avez fait sursauter, fit-elle en portant la main à sa poitrine. Ils dormaient quand je les ai quittés. La porte de communication entre les deux chambres était ouverte, ils ne sont pas seuls.
    —Je suis désolé si je vous ai donné l'impression de vous faire un reproche. Au contraire, votre travail est absolument exemplaire.
    La jeune femme lui répondit d'un sourire. Un silence gêné s'installa entre eux, que Thomas voulut briser en disant:
    —    Avez-vous du mal à dormir ?
    —    Sans doute de la fébrilité à l'idée de rentrer demain... puis je dois dire que mon visage demeure un peu douloureux.
    Résultat des heures passées à naviguer sur le Saint-Laurent, la jeune femme présentait une curieuse figure, avec la peau qui se soulevait sur le front et le nez. Son regard retourna vers les bijoux exposés dans la vitrine de la boutique. Machinalement, ses doigts se portèrent à son cou.
    —    Vous aimez ce camée ? Je vais vous l'offrir.
    —    Vous n'y pensez pas !
    —    Avec tout le travail que vous faites, sans prendre une journée de congé complète depuis mai dernier, je vous
    dois bien cela.... Surtout, cela me ferait plaisir de vous
    l'offrir.
    Elisabeth

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