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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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   Au plus tard en octobre. Cela dépend un peu de la température. Si tu veux, je parlerai à la logeuse. Elle aura peut-être une autre chambre disponible à ce moment.
    Les liens familiaux prévalaient sur tous les autres, rien de plus naturel qu'Yvonne préfère partager l'intimité de cette chambre avec sa sœur.
    —    Non, ce n'est pas nécessaire. Je verrai moi-même à cela. Tu as été très gentille de louer cette pièce avec moi pendant tous ces mois. Merci... et bonne nuit.
    —    Bonne nuit.
    En réalité, Marie préférait trouver un nouvel endroit où loger seule. L'initiative de sa compagne tombait à point. L'abbé Buteau serait certainement en mesure de lui conseiller un endroit convenable. Peut-être même une grenouille de bénitier consentirait-elle de meilleures conditions à la sœur du saint homme.
    Pendant l'été, alors que les élèves des diverses écoles se trouvaient en congé, Elisabeth préféra estomper les leçons formelles pour favoriser plutôt de longues promenades dans la ville. Ce matin-là, elle commença par gagner la rue Saint-Paul. Alors que celle-ci obliquait pour contourner la falaise, le trio emprunta la rue Saint-André afin de longer le bassin Louise. L'installation portuaire portait le prénom de l'une des filles de la reine Victoria. Celle-ci avait épousé un aristocrate nommé gouverneur général du Canada dans les années 1870. Son passage marquerait pour longtemps la géographie du pays, grâce à ce bassin, au lac Louise et à Louiseville.
    —    Vous voyez, expliqua la préceptrice, ces goélettes viennent de la région de Charlevoix. Nous en avons vu quelques-unes amarrées au quai de La Malbaie. Elles font du commerce partout sur le cours du fleuve Saint-Laurent
    Ces voitures d'eau représentaient le mode de transport des marchandises le plus économique qui soit. Tous les biens un peu lourds qui pouvaient souffrir de rester plusieurs jours à fond de cale atteignaient les villages côtiers de cette façon.
    Du pont de l'un des bâtiments, des matelots lançaient des regards appréciateurs à la jeune femme. Elle préféra continuer son chemin vers l'est avant que ne fusent les sifflets. Progressant au rythme d'Edouard, le plus lent des trois, ils rejoignirent la rue Saint-Pierre, puis continuèrent jusqu'au quai d'où partaient les grands paquebots au moment d'entamer leur traversée de l'Atlantique. Ce matin, une brève consultation du Soleil avait permis à Elisabeth d'apprendre que le Laurentian prendrait le chemin de l'Europe en fin d'après-midi.
    —    Oh ! Il est immense, apprécia Edouard en levant les yeux sur la coque du navire, un interminable mur de tôles rivetées.
    Même Eugénie, volontiers blasée de leurs petites expéditions éducatives, demeurait interdite.
    —    C'est parce que ce navire va très loin. Tu peux me dire
    où ? C'est écrit sur le panneau, là-bas.
    Le garçon se dirigea vers un panneau d'affichage, une espèce de tableau noir où quelqu'un avait écrit la destination et l'heure du départ à la craie.
    —    Li... v...
    —    Liverpool. C'est un mot bien difficile.
    —    C'est où ?
    —    En Angleterre.
    Comme ce mot supplémentaire n'en apprenait guère plus au jeune garçon, la préceptrice proposa :
    —    Quand nous serons à la maison, nous regarderons sur le globe terrestre de ton papa, dans son bureau. Eugénie, tu peux lire le nom de ce navire ?
    Du doigt, elle lui montra les lettres imprimées en haut du panneau.
    —    Laurentian, prononça la fillette, francisant la prononciation, tout en jetant un regard suffisant vers son frère. Elle se permit même d'ajouter une précision: C'est la Allan's Line.
    Les leçons de bienséance faisant leur chemin, Edouard se priva du plaisir de lui tirer la langue, pour demander plutôt:
    —    Cela coûte cher de voyager sur ce navire ?
    —    Très cher.
    Le Soleil avait aussi appris à la jeune femme qu'une cabine de première classe, pour l'aller-retour, coûtait un montant supérieur à ses gages annuels. En seconde classe, il lui resterait peut-être de quoi vivre une semaine une fois rendue à destination.
    —    Tu crois qu'un jour je pourrai le faire ? questionna Eugénie.
    —    Je pense que oui. Quand tu seras grande, tu iras certainement en Europe.
    Encore une fois, la lecture régulière des journaux permettait à la jeune femme d'afficher son assurance. Très régulièrement, les notes sociales

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