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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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hâtaient de regagner leur logis. Pardaillan, dans la rue de Calandre avisa un fripier qui, pris de peur, fermait sa boutique.
    – Attendez, dit le chevalier, je vais vous aider…
    Et il aida en effet le pauvre homme ; mais ce n’était pas simplement par charité que Pardaillan prêtait ainsi le secours de son bras à cet inconnu.
    – Que se passe-t-il ? lui demanda-t-il.
    – Ma foi, monsieur, le diable le sait ! Ah ! nous sommes bien heureux d’avoir la Ligue et c’est un bien grand honneur pour le peuple de Paris que monseigneur ait chassé Valois et ses suppôts ! Mais enfin, ce ne sont qu’alertes continuelles, et moi qui vous parle, monsieur, je ne vis plus ! Quant à ma femme, elle en a attrapé la fièvre quartaine…
    – Ainsi, fit Pardaillan désappointé, vous ne savez pas pourquoi la Cité est envahie par les troupes de monseigneur que Dieu garde !…
    – Que Dieu confonde ! maugréa le boutiquier. Je crois, reprit-il tout haut, qu’il s’agit de quelques huguenots qui se seront cachés par ici… On dit aussi que M. le duc en veut fort à messieurs du Parlement..
    – Ah ! ah ! voilà donc l’explication. Merci, mon brave !
    – C’est moi qui vous remercie, monsieur, de votre honnêteté… Tenez ! les voici qui entrent dans les maisons pour faire perquisition !… Seigneur, ayez pitié de nous !…
    Le fripier se hâta de rentrer dans la maison. Et sa terreur était d’ailleurs pleinement justifiée, car les gens d’armes de Guise, toutes les fois qu’ils avaient à perquisitionner, ne se faisaient pas faute de s’enrichir aux dépens du bourgeois.
    Tous les passants, d’ailleurs, n’étaient pas aussi effarés que ce digne boutiquier. Une foule s’amassait peu à peu pour voir, saisir et peut-être pendre ou brûler le ou les huguenots recherchés. A cette foule vinrent se mêler des mariniers ; des figures louches se montrèrent ; des gens empressés à aider les soldats dans leurs perquisitions… et empressés également à faire main-basse sur tout ce qui était facile à enlever, bon à manger, à boire ou à vendre…
    Pardaillan marchait, pour ainsi dire poussé par ce flot humain qui montait et débordait. Et ce fut à ce moment qu’il entendit prononcer son nom.
    Pardaillan, sans s’arrêter, écouta. Son nom prononcé d’abord par l’un des officiers qui dirigeaient l’opération le fut ensuite par un autre, puis par d’autres encore !…
    Pardaillan sentit un frisson le parcourir. C’était lui qu’on cherchait ! C’était pour lui que la Cité était envahie, bouleversée, c’était contre lui que retentissaient les cris de mort !…
    Il jeta un regard à droite, à gauche, devant et derrière. Devant, c’était une troupe qui s’avançait lentement, s’arrêtant de logis en logis. Derrière, c’était une troupe pareille devant laquelle il fuyait. A gauche, c’étaient les maisons de la rue Calandre, avec des gens penchés aux fenêtres. A droite, enfin, c’était un terrain vague pelé, galeux, à l’herbe rare, au fond duquel se dressait l’arrière-bâtisse du Marché Neuf. Et vers le milieu de ce terrain vague s’élevait une maison solitaire aux fenêtres hermétiquement closes.
    Mais de son coup d’œil sûr et prompt, Pardaillan remarqua aussitôt que si les fenêtres de ce logis étaient fermées, il n’en était pas de même de la porte, qui était entre-bâillée… Il s’y dirigea de son pas le plus tranquille. La situation était affreuse… Et de l’effort qu’il faisait pour paraître paisible et ne pas se précipiter, Pardaillan sentait la sueur couler de son front à grosses gouttes… Mais il s’était trouvé déjà à plus d’une aventure de ce genre, et savait conserver une allure et un visage de sang-froid, alors même que son cœur battait la chamade et qu’il se disait :
    « Maintenant, c’est la fin de tout ! Le diable lui-même ne saurait me tirer de ce mauvais pas, si toutefois le diable consentait à s’occuper de moi… »
    Au moment où il atteignait la porte entre-bâillée de cette singulière maison, les gens d’en face le virent de leurs fenêtres et lui crièrent :
    – Prenez garde ! N’entrez pas !…
    Mais Pardaillan n’entendit pas : il poussa la porte, pénétra dans une sorte de vestibule, et ayant tranquillement poussé la porte derrière lui, cria :
    – Ne craignez rien, qui que vous soyez qui habitez ce logis…
    A son grand étonnement, personne ne

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