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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sortie de notre homme, dit-il.
    – L’homme qui est entré là, dans cet hôtel ?
    – Oui, il prend les derniers ordres de la belle Fausta… Donc, comme je vous l’ai dit, j’étais, depuis plusieurs heures, accroché au treillis de fer, à demi assis sur une poutre, et je luttais contre les pensées de folie, lorsque j’entendis au-dessus de moi une sorte de grincement ; et en même temps, de l’autre côté du treillis, je vis une chose que je n’avais pas remarquée encore : une corde !… et cette corde montait ! D’en haut, on la tirait. Levant les yeux, je vis qu’elle passait à travers un trou pratiqué dans le plancher. Alors, d’un coup d’œil, je suivis la corde de haut en bas, et je fus à l’instant même rassuré… En effet, monseigneur, la corde soulevait un pan, un carré de treillis qui se rabattait en haut, et laissait béante, dans l’eau, une large ouverture. Dans le même instant, je vis les cadavres qui s’en allaient en se bousculant comme s’ils eussent eu hâte de sortir. Au bout de deux minutes ils étaient tous partis entraînés par le fleuve. Je pense que vous devinez le reste…
    Pardaillan avala un grand gobelet de vin et ajouta :
    – Je fis comme eux… voilà tout !
    – Voilà tout ! murmura Charles tout pâle.
    – Je fis ce que n’importe qui eût fait à ma place ; je descendis… non : Je me laissai tomber dans l’eau, je franchis l’ouverture d’une brassée frénétique, et me trouvai hors de la nasse. Dix minutes plus tard, j’abordais au point où sont commencés les travaux du nouveau pont [3] …
    Un long silence suivit ces paroles… Charles ne pouvait digérer la simplicité avec laquelle Pardaillan lui avait fait ce récit d’horreur, et considérait son compagnon avec une sorte d’effroi. La servante s’était endormie au coin de l’âtre où elle avait commencé à filer une quenouille, assoupie par le ronflement ouaté de son rouet et le murmure des voix de ces deux étrangers. Le chevalier sifflotait entre ses dents, et regardait toujours par la fenêtre.
    – Il est temps de sortir, dit-il enfin. Eh ! la belle enfant !
    La servante se réveilla en sursaut et vint à l’appel.
    – Dites-moi, mon camarade et moi, nous voudrions prendre l’air avant de nous coucher dans la chambre hospitalière que vous nous offrez. Comment ferons-nous pour rentrer ? Je dis : rentrer sans frapper, ni réveiller personne…
    – Dame ! mon digne gentilhomme, vous passerez par les écuries, que je laisserai ouvertes ; et une fois dans la cour, vous n’aurez qu’à monter l’escalier de bois qui est à l’intérieur.
    Pardaillan s’était sans doute rendu compte de la disposition des lieux, car il approuva d’un signe de tête, s’enveloppa de son manteau et, suivi de Charles, sortit par la porte de l’auberge qui, aussitôt, se referma derrière eux. Dans la rue, ou plutôt dans la ruelle étroite et tortueuse où ils se trouvaient, Pardaillan fit une dizaine de pas, puis s’arrêta dans un renfoncement.
    – Attendons ici, murmura-t-il ; notre homme ne saurait tarder à sortir.
    – Qui est-ce ? demanda Charles pour la deuxième fois.
    – Vous ne l’avez pas reconnu ?… C’est le moine ! C’est Jacques Clément ! C’est l’homme qui, à l’auberge du
Pressoir de fer,
était assis près de nous et nous écoutait…
    – L’homme qui a dit qu’il vous vengerait en se vengeant…
    – Oui : de Catherine de Médicis !…
    – Qu’il se vengerait en frappant la vieille reine au cœur !…
    – C’est-à-dire en assassinant son fils Henri III, dit froidement le chevalier. Qu’avez-vous à frissonner ainsi, monseigneur ?
    – – Pardaillan ! fit le jeune duc, ceci est affreux.
    – Eh quoi ! vous vous plaignez ! Songez que votre père a été poussé au désespoir, à la folie, à la mort par trois êtres qui étaient : sa mère Catherine, son frère le duc d’Anjou, aujourd’hui roi de France, et enfin monseigneur le duc de Guise ! Le hasard veut qu’un homme, un de ces êtres que la fatalité marque dès leur enfance, se trouve et qu’il vous épargne la besogne ! Vous voulez, vous cherchez un terrible châtiment contre le roi ?
    En parlant ainsi, Pardaillan cherchait à étudier le visage de Charles.
    – Oui, dit celui-ci. J’ai toujours pensé que mon oncle Henri de France tomberait un jour sous la morsure imprévue de l’une de ces douleurs qu’il a semées sur la route de sa

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