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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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n’avait aucune valeur. Catherine qui, des yeux, suivait attentivement la physionomie de Maurevert, sourit et dit :
    – Rendez-moi ce bon, monsieur ; je crois que j’ai oublié…
    – En effet, dit Maurevert en replaçant le parchemin sur la table, Votre Majesté a omis la date et le lieu du paiement…
    Ruggieri qui connaissait le tréfonds de Catherine et savait toutes les ressources de cet esprit astucieux, assistait à cette scène avec l’impassibilité d’un spectateur qui connaît déjà le dénouement de la comédie qu’on lui joue.
    – Où voulez-vous être payé, mon cher monsieur de Maurevert ? demanda la reine avec un charmant sourire.
    – Mais à Paris, s’il plaît à Votre Majesté… répondit Maurevert.
    – A Paris. Bien. Vous voyez, j’écris : Payable à Paris… Reste la date… Quand voulez-vous être payé ?…
    – Le plus tôt possible, fit Maurevert en riant. J’avoue à Votre Majesté que j’attends avec impatience…
    – Le plus tôt possible, dit la reine. Très bien. Voyez : j’indique la date la plus rapprochée possible, c’est-à-dire le jour même où le roi pourra disposer à son gré de ses finances… c’est-à-dire…
    Et Catherine les lèvres serrées, les sourcils contractés, la physionomie devenue soudain terrible, acheva d’écrire :
    « Payable à Paris, le LENDEMAIN DE LA MORT DE M. LE DUC DE GUISE. »
    – Catherine, dit Ruggieri en employant pour prononcer ces mots une sorte de patois à demi-italien qui n’était compris que d’elle et de lui, Catherine, êtes-vous folle ? Songez-vous que cet homme peut porter ce papier au duc qui le payera un million et qui ameutera toute la seigneurie contre votre fils !
    – Oui, si cet homme ne voulait que de l’argent. Mais il veut de l’argent et la vengeance. Et même, pour la vengeance, il laisserait l’argent. Je vois qu’il en veut mortellement au duc. Tais-toi. Je le connais…
    Catherine ne se trompait pas. Dans cette affaire, Maurevert cherchait deux choses : d’abord une somme d’argent suffisante pour s’expatrier et échapper tout à fait à Pardaillan au cas où celui-ci ne serait pas mort. Or, cette somme, il se l’était fixée à lui-même à deux cent mille livres. Il en avait demandé trois cents. On lui en offrait cinq cents !… Ensuite, Maurevert voulait réellement se venger de Guise.
    Guise l’avait humilié. Guise, dans la période où il recherchait Violetta, avait eu pour Maurevert cette attitude insolente, cette défiance outrageante, ces précautions soupçonneuses qui accumulent dans un cœur de formidables rancunes. La reine l’avait donc admirablement jugé.
    Maurevert lut sans surprise les mots que Catherine venait d’écrire. Il prit le bon, le plia froidement, le fit disparaître dans une poche de son pourpoint, et dit :
    – Je remercie Votre Majesté. La date qu’elle indique me convient parfaitement.
    – Cette date est donc bien rapprochée ? demanda la reine palpitante.
    – Oh ! cela ne dépend pas de moi, madame ! Car moi, je ne suis ni Dieu pour décréter la mort de monseigneur de Guise… ni le roi… pour l’envoyer à l’échafaud…
    – L’échafaud ! dit sourdement Catherine qui se redressa livide…
    Ruggieri considérait ardemment Maurevert.
    – Expliquez-vous nettement, dit à son tour l’astrologue… il ne s’agit donc pas…
    – D’une arquebusade dans le genre de celle que j’envoyai à Coligny ? fit Maurevert. Nullement. Aussi, au lieu d’écrire « Payable au lendemain de la mort », Votre Majesté eût plus justement écrit « Payable le lendemain de l’exécution de M. de Guise. »
    – Maurevert, dit la vieille reine haletante, tu aurais donc vraiment le moyen de porter quelque terrible accusation contre le duc ?… Parle, mon ami !… Je t’ai oublié jadis, c’est vrai… Mais si tu rendais un pareil service à mon fils… ce n’est pas cinq cent mille livres que tu pourrais espérer… entends-tu ?…
    – J’entends, Majesté. Mais je me contenterai de ce que vous avez bien voulu m’offrir, dit Maurevert. Il me reste donc à vous remettre papier pour papier… Vous m’avez donné un bon pour cinq cent mille livres. Je vais vous donner un bon pour une tête… Lisez ceci, madame…
    A ces mots, en effet, il tira de sa poche une lettre qu’il remit à la reine. Catherine y jeta un avide regard et murmura :
    – L’écriture de Guise…
    Catherine et Ruggieri se penchèrent en

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