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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tout ce qu’ils demandent ! Ah, les misérables !… que je remette seulement les pieds dans Paris avec une bonne et solide armée…
    Catherine de Médicis s’était assise silencieusement. Et il est certain que dans sa robe noire, avec sa tête pâle, ses yeux gris demeurés étrangement clairs, elle pouvait assez produire l’impression d’un fantôme. En la voyant s’asseoir, Henri III se jeta rageusement dans un fauteuil d’un air qui signifiait :
    « Allons ! avalons le calice jusqu’au bout ! »
    – Henri, dit la vieille reine d’une voix douloureuse et presque tremblante, bientôt je n’y serai plus. Bientôt la mort vous aura débarrassé de moi. Alors vous me regretterez peut-être. Alors vous songerez à votre vieille mère qui veillait sur vous et s’exposait à vos rebuffades… Alors, peut-être, vous rendrez justice au sentiment qui m’a toujours guidée et qui est celui d’une affection… indestructible, puisque votre ingratitude n’a pu l’atténuer…
    – Je sais que vous m’aimez, ma mère, dit Henri III d’une voix caressante.
    – Ma mère ! fit Catherine. Il vous arrive bien rarement de m’appeler ainsi, Henri, et ce mot est doux à mon cœur. Oui, je vous aime, et profondément. Mais vous, Henri, vous ne m’aimez pas. Vous me supportez avec impatience. J’ai trouvé plus d’affection chez Charles et chez François que je n’aimais guère, vous le savez… et pourtant, ajouta-t-elle sourdement, je les ai… laissé mourir… parce que je voulais vous voir sur le trône…
    Catherine baissa la tête, et plus sourdement, pour elle, ajouta :
    – Ceci est mon châtiment !… Je souffre depuis seize ans à chaque jour, à chaque heure de ma vie… Je souffre de voir que je fais peur à mon fils bien-aimé… Henri !… savez-vous le premier mot que me dit votre père lorsqu’il m’épousa ?…
    – Non, madame, mais je pense que ce fut une parole d’amour… fit Henri III en bâillant.
    – J’étais jeune… presque une enfant. J’arrivais d’Italie tout enfiévrée par la joie de voir Paris, d’être la reine dans ce grand beau royaume de France… J’étais belle… Je venais, décidée à aimer de tout mon cœur cet époux qui était un si grand roi et qu’on disait si aimable. J’avais mille choses dans la tête et dans le cœur… Un sourire, un mot d’amour eussent fait de moi la femme la plus soumise, la plus heureuse… Or, nous fûmes mariés ; lorsque nous fûmes seuls dans la chambre nuptiale, je vis avec un frémissement de douce émotion votre père s’approcher de moi… Je le vois encore… Il était habillé tout de satin blanc… Il s’approcha donc, m’examina cinq minutes… Je défaillais presque… Et quand il m’eut bien examinée, il se pencha sur moi et me dit : « Mais, madame, vous sentez la mort !… »
    Henri III pâlit. Catherine de Médicis releva sa tête où ses deux yeux mettaient une double flamme.
    – Et votre père sortit de la chambre nuptiale, ajouta-t-elle. Ce fut une triste vie que la mienne jusqu’au jour où le coup de lance de M. de Montgomery me fit veuve… Eh bien, Henri, ma vieillesse est aussi triste que le fut ma jeunesse…
    – Madame, balbutia Henri III, ma mère…
    Catherine l’arrêta d’un geste.
    – Je sais quels sont vos sentiments. Epargnez-vous toute contrainte. Votre père me l’a dit : je sens la mort, et toute ma vie s’est résumée dans cette question qui s’est dressée devant moi tous les jours : Tuer ou être tuée !… Mourir ou tuer !…
    – Que voulez-vous dire ? s’écria Henri, pris de cette sorte de terreur que lui inspirait si souvent sa mère.
    – Je veux dire que toute ma vie, j’ai dû tuer pour ne pas l’être… J’ai dû tuer pour que ne mourussent pas ceux que j’aime… Il faut que je tue encore pour que vous ne mouriez pas, vous que j’aime… vous, mon fils !…
    Cette fois, Henri III ne songea plus à déguiser l’épouvante qui s’emparait de lui.
    – Je dois donc mourir ! fit-il d’une voix étranglée. On veut donc me tuer !…
    – Vous l’eussiez été cent fois déjà, si je n’avais été là !… Et maintenant encore, la question terrible se pose pour moi. Si on vous tue, mon fils, je mourrai… Donc, c’est encore, c’est toujours pour moi : mourir ou tuer !… Quand je vous dis que je sens la mort !…
    Henri III fut secoué par un frisson, sa mère ne l’ennuyait plus… elle l’épouvantait. Tout

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