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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Eh ! n’ai-je pas voulu le tuer moi-même ?… Cela m’empêcha-t-il de tenir mon serment de bonne foi ? Il est impossible qu’un homme dans son bon sens s’expose à la vengeance qui l’atteindrait sûrement s’il parjurait un serment fait sur le Saint-Sacrement et l’Evangile. La terre s’entrouvrirait sous ses pieds, et le ciel foudroierait l’impie…
    Catherine frémissait.
    – Aveugle ! murmura-t-elle. Ainsi, vous refusez de me croire, mon fils !
    – Je crois, dit Henri fermement, que votre affection vous rend injuste. Croyez-vous, madame, que j’éprouve une amitié pour le duc ? ou que je croie à la sienne ? Non, je le subis. Voilà tout. Il est fort, il tient le royaume avec sa Ligue. Si je veux rentrer à Paris en roi, je dois plier aujourd’hui, quitte à prendre ma revanche plus tard. Vous même, ne m’avez-vous pas mille fois enseigné cette politique ?… Quant à supposer un seul instant qu’il veuille se parjurer, ceci, madame, est tout à fait impossible !
    – Et si je vous le prouvais, Henri !… Si je vous apportais cette preuve qu’aujourd’hui comme avant le serment, le duc veut votre mort, que feriez-vous ?…
    Henri frappa ses mains l’une contre l’autre.
    – Oh ! grinça-t-il, malheur à lui, en ce cas ! Car je serais pour lui la foudre du ciel et je croirais non pas seulement me préserver, mais venger la majesté divine en le frappant ! Ce que je ferais ?… Je réunirais à l’instant les plus braves de mes gentilshommes et je leur dirais : Allez ! et ne revenez qu’avec sa tête !…
    – Sire, dit Catherine en se levant, je vous demande trois jours ; dans trois jours, je vous apporterai la preuve !
    – Malheur ! répéta le roi. Malheur sur lui ! La preuve !… et je lâche ma meute sur ce sanglier !
    – Et voilà ce qu’il ne faut pas faire, Henri ! dit vivement la vieille reine. Si je vous prouve que Guise est parjure, qu’il veut vous tuer, que vous devez tuer pour ne pas mourir, si je prouve cela, sire, il faut plus que jamais le caresser ! Il faut ruser, patienter, attendre le moment favorable et préparer nos filets de sorte que ni lui ni aucun des siens ne nous échappe. Sire, c’est ici une nouvelle Saint-Barthélémy qu’il nous faut ! Les trois Lorrains doivent mourir, si vous voulez vivre ! Les chefs de la Ligue doivent mourir ! Tous ces insolents ligueurs qui vous rient au nez doivent mourir !… Laissez-moi faire… Laissez-moi tout préparer, tout combiner !… Il suffira qu’au dernier moment vous donniez l’ordre et le signal… Adieu, mon fils. Méditez mes paroles… et puisqu’il s’agit de semer la mort autour de nous, laissez agir celle qui sent la mort !…
    En même temps qu’elle parlait, Catherine s’était lentement reculée vers la porte… en sorte qu’aux derniers mots elle parut s’effacer, s’évanouir dans l’ombre… Et à ce moment, dans le grand silence qui pesait sur le château de Blois, la grande horloge se mit à sonner.
    Henri haletant, les cheveux collés au front par la sueur, compta les coups…
    – Minuit ! murmura-t-il quand le bronze à son tour eut fait silence. L’heure où les morts sortent de leurs tombes… Est-ce bien ma mère… est-ce un spectre qui était là, à l’instant, et qui vient de me dire ces terribles paroles : tuer !… Toujours tuer !…
    Dans cette seconde, une clameur étouffée parvint jusqu’à Henri III, une plainte au loin traversa l’espace… quelque chose comme le cri d’agonie d’un homme qu’on tue… Les cheveux d’Henri se dressèrent sur sa tête.
    Il demeura immobile à la même place, à demi penché, haletant.
    Il écouta… Mais la plainte ne se renouvela pas. Le triste silence de novembre enveloppait toutes choses, comme si les brouillards de la Loire eussent ouaté la ville et la campagne. Dans le château, ce silence était plus lourd encore, et nul ne semblait s’être inquiété de ce cri d’homme qu’on égorge…
    Alors une sorte de terreur superstitieuse s’empara du roi… Il lui sembla que c’était lui-même qui, dans la nuit, avait poussé cette plainte… Et que c’était lui qu’on égorgeait… Un faible soupir gonfla sa poitrine, et il s’évanouit dans son fauteuil…
    q

Chapitre 28 LES FOSSES DU CHATEAU
    O r, en ce même dimanche dont nous venons d’esquisser la soirée, tandis que se passaient les événements que nous venons de raconter, une autre scène bien différente se

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