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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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être que l’amour de Dieu… et de Marie… Or ça… quelle est cette Marie ?…
    Le moine avait pâli.
    – Je me distrais parfois, balbutia-t-il, à ces amusements profanes…
    Le chevalier tournait et retournait le papier en tous sens. Soudain, il tressaillit et murmura :
    – Marie de Montpensier !… Ah ! ah !… C’est à la duchesse de Montpensier qu’il fait ces déclarations enflammées !…
    Pardaillan demeura quelques instants pensif.
    « Est-ce que cette grande haine contre Henri III… songea-t-il. Oui, pardieu ! j’y suis… Je sais maintenant qui a persuadé ce malheureux de tuer le roi de France !… »
    – Tenez, ajouta-t-il tout haut en rendant le papier à Jacques Clément, je ne me connais guère en poésie ; mais je trouve ces vers admirables, et il faudra que la personne à qui ils sont destinés soit bien difficile de n’être pas de mon avis…
    Le moine reprit sa feuille de papier, et la cacha cette fois dans son sein.
    – Voyons, dit alors le chevalier, avez-vous un peu abandonné ces idées effrayantes qui vous bouleversaient quand nous nous rencontrâmes à Chartres ?
    – Quelles idées ? murmura sourdement le moine.
    – Mais, par exemple, celle de…
    Et Pardaillan fit le geste de l’homme qui donne un coup de dague.
    – Vous voulez parler, dit Jacques Clément d’une voix basse, mais ferme et tranquille, de ma résolution de tuer Valois ?…
    – Oui, dit Pardaillan étonné de ce calme farouche, tragique.
    – Pourquoi y aurais-je renoncé ?… Valois est condamné… Valois mourra !… J’ai, pour vous, pour l’infinie gratitude que je vous dois, reculé l’heure de l’exécution. Mais cette heure viendra !…
    Pardaillan frissonna. Il y avait dans l’attitude et la voix du moine une effrayante résolution. Ce n’était plus de la haine qui poussait Jacques Clément. C’était un étrange sentiment où il y avait comme de l’extase. Le chevalier comprit que jamais il n’arriverait à ébranler une pareille résolution. Et de quel droit, d’ailleurs, l’eût-il essayé ? Que lui importait le roi de France ?…
    – Pardaillan, reprit Jacques Clément, vous m’avez demandé d’attendre. Vous m’avez dit que l’existence du roi vous était utile jusqu’au jour où Guise ne pourrait plus profiter de la mort de Valois… Je n’ai pas sondé vos desseins, mon ami. Et vous auriez besoin de mon aide pour faire vivre Valois tant que cette vie vous sera utile, je vous dirais : Me voici prêt. J’obéirai aveuglément… Mais à votre tour, quand vos desseins sur Guise seront accomplis, laissez-moi marcher à ma destinée… La mère du roi a tué ma mère… Eh bien, le fils d’Alice tuera le fils de Catherine !… Et rien, rien, entendez-vous, ne peut le sauver si vous êtes venu me dire : Allez ! la vie de Valois m’est à cette heure inutile !… Est-ce là ce que vous êtes venu me dire, chevalier ?…
    – Non, répondit Pardaillan, pas encore !…
    A ce moment, le prieur Bourgoing entra dans la galerie, sur laquelle s’ouvraient les portes des cellules et, à pas étouffés, s’approcha de façon à écouter ce qui se disait chez Jacques Clément.
    – J’attendrai donc, reprenait celui-ci. J’attendrai. Mais les paroles que vous m’apporterez seront le signal de la mort de Valois.
    – C’est bien ce que je pensais ! songea le prieur. Ce gentilhomme est de la conspiration, et c’est sans doute lui qui doit guider Jacques Clément. C’est lui qui doit lui donner le signal !…
    – Voyons, reprit Pardaillan, j’étais venu vous faire une proposition. Je souhaite qu’elle vous agrée…
    – Voyons la proposition, fit le moine avec un sourire.
    – C’est de m’accompagner à Blois où je me rends tout de ce pas… « Parfait ! » songea le prieur dans la galerie.
    – A Blois ! s’écria sourdement Jacques Clément.
    – Mon Dieu, oui. Figurez-vous, mon cher ami, que je m’ennuie depuis quelque temps. Alors, pour me distraire, j’ai entrepris de voyager. J’ai poussé jusqu’à Dunkerque, et puis je suis revenu. En route, je me suis aperçu que je m’ennuyais encore plus à voyager seul. Alors, je me suis dis que vous consentiriez peut-être à me tenir compagnie…
    – A Blois ! répéta Jacques Clément avec un frisson.
    – Oui, à Blois ! fit négligemment le chevalier. Mais pourquoi à Blois, me direz-vous ?… C’est que je me suis laissé raconter que Blois est en ce moment

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