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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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celui que vous voulez tuer, non pas en duel, mais d’un coup porté au moment où il s’y attendra le moins… et… que voulez-vous que je vous dise ? Cela me dérange dans mes habitudes…
    – Vous refusez ?
    – De vous aider dans un assassinat, oui, dit Pardaillan avec une grande douceur.
    Jacques Clément demeura atterré et passa une main sur son front livide.
    – Malédiction ! murmura-t-il sourdement.
    A ce moment précis, Pardaillan vit Crillon sortir du porche et s’avancer vivement vers lui.
    – Vous connaissez ce révérend père ? dit le capitaine en rejoignant le chevalier.
    – Je le connais, dit Pardaillan.
    – Cela suffit, reprit Crillon. Mon père, ajouta-t-il en se tournant vers Jacques Clément, le chapelain n’est pas au château. La reine mère, malade, demande un confesseur à l’instant même. Suivez-moi, je vous prie… C’est Dieu qui vous envoie !…
    Jacques Clément saisit le bras de Pardaillan stupéfait, et, d’une voix qui le fit frissonner :
    – Vous entendez ?… C’est Dieu qui m’envoie !…
    Et le moine, à grands pas, suivit Crillon.
    – Fatalité ! murmura Pardaillan, pétrifié, frappé d’une sorte d’horreur.
    Jacques Clément entra dans le château à la suite de Crillon, qui, rapidement, se dirigeait vers l’appartement de Catherine de Médicis, situé au rez-de-chaussée.
    Chose étrange : personne ne semblait se préoccuper de cette maladie de la vieille reine, qui pourtant devait être bien grave puisque Catherine voulait un confesseur. Et, en effet, depuis huit jours que la mère du roi était malade, c’est à peine si on s’en était inquiété dans le château. Les laquais eux-mêmes et les servantes n’accomplissaient leur office qu’avec une sorte de répulsion.
    Ce fut une chose effrayante que cette indifférence de tous devant l’agonie de Catherine de Médicis. Seul, Ruggieri lui demeura fidèle jusqu’au bout.
    Cette femme qui avait fait trembler la France, qui avait tenu dans sa main la destinée du royaume, s’éteignait sans que nul songeât à elle. Elle représentait une autre époque… Son fils Henri… ce fils qu’elle avait tant aimé, ne la supportait plus qu’avec une visible impatience… A la cour, c’était une mode de traiter la reine mère en intruse qui ne se décide pas à prendre congé.
    Avec Catherine mourait l’âge de fer… C’était un spectre du passé qui entrait dans l’oubli… Crillon, en allant chercher un confesseur pour Catherine mourante, accomplit donc un acte de brave homme… une espèce de charité.
    Jacques Clément, en approchant de l’appartement de la reine, remarqua parfaitement cette solitude, cette indifférence, tandis que le reste du château retentissait du bruit des armes, des conversations et même d’éclats de rire. Au moment où Crillon allait pénétrer dans l’antichambre, le moine l’arrêta en le touchant au bras.
    – Où est-il ? demanda-t-il.
    – Il ne s’agit pas du roi, messire, fit l’homme d’armes ; c’est la vieille reine qui est malade.
    – Oui… Mais où est le roi ?…
    – Le roi ?… Au château d’Amboise. Entrez, je vous prie…
    Jacques Clément avait grincé des dents.
    – Le roi n’est pas rentré cette nuit, comme on le disait ? gronda-t-il.
    – Non. Mais entrez…
    Jacques Clément étouffa un rugissement de désespoir. Mais comme Crillon ouvrait une porte, il eut un geste d’imprécation, et, sombre, farouche, entra. Crillon se retira…
    Jacques Clément se trouvait dans une pièce obscure où pesait une infinie tristesse. Bien qu’il fît jour au dehors, les rideaux étaient fermés et un flambeau de cire se consumait sur la cheminée. On eût dit que cette funèbre lueur était là pour montrer les ténèbres qui s’épaississaient aux angles…
    Au bout de quelques instants, le moine vit un lit… et, dans ce lit, une femme vieille, ridée, livide, qui le regardait de ses grands yeux étrangement lumineux. Et cette clarté funeste dans ce visage immobile donnait à cette tête le masque d’une morte qui ouvrirait les yeux pour contempler les mystères d’outre-tombe. Il s’en dégageait une morne tristesse qui ne ressemblait pas à la tristesse d’une figure humaine.
    Autour du lit, il y avait comme une magnétique irradiation de terreur et les ténèbres amoncelées dans les angles vibraient de l’épouvante. Mais Jacques Clément était alors inaccessible à la peur… Il songeait seulement

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