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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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expira sur les lèvres de la reine en même temps qu’elle prononçait le nom d’Henri…
    – Coligny, continua-t-elle d’une voix plus faible, plus lointaine ; oh ! que de gens l’entourent ! ils sont des centaines… mon père… ils sont des milliers… c’est moi qui les fis mourir… mais c’était pour sauver l’Eglise !
    – Ensuite ? demanda le moine.
    – C’est tout ! râla Catherine, dont la tête se perdait. C’est tout !… Quelques meurtres de faible importance, des mensonges… oui… pour le bien de l’Etat…
    – Ensuite ! gronda le moine en se redressant.
    – C’est tout ! Je le jure, pantelait la vieille reine en essayant de se soulever, mon père, par grâce ! par pitié !… L’absolution, ou je meurs maudite !…
    – Meurs donc maudite ! rugit le moine. Meurs maudite sous mes yeux ! Meurs sans absolution ! Meurs pour subir les affres éternelles de l’éternel châtiment !…
    – Miséricorde ! murmura la reine dans le hoquet de l’agonie. Que dit ce moine !… Damnée ! Maudite !
    – Damnée et maudite à jamais ! Car de tous tes crimes plus nombreux que les grains de sable dont parle l’Evangile, plus atroces, plus hideux que tous les crimes de Paris en cent ans, de tous tes forfaits qui font de ton âme une cour des Miracles de la scélératesse, écoute, reine ! Tu as oublié le plus hideux, le plus atroce !…
    – Oh ! hurla la reine démente de terreur et d’angoisse, qui es-tu ?… Au nom de quel spectre viens-tu ?… Que m’annonces-tu ?…
    – Ce que je t’annonce ! tonna le moine plus livide que la mourante. Je t’annonce ceci : que ton fils, ton bien-aimé Henri va mourir !… Mourir de ma main ! Mourir maudit comme toi !…
    Un cri déchirant, lugubre, insensé, jaillit des lèvres de l’agonisante. Elle tenta un suprême effort pour se jeter sur le moine, et retomba, avec un hoquet funèbre.
    – Au nom de qui je viens ! continua le moine parvenu au paroxysme de l’exaltation. Au nom de l’une de tes victimes ! La plus belle ! la plus innocente ! Celle dont tu as broyé le cœur, celle que tu as assassinée par la plus effroyable torture… Alice de Lux !…
    Une dernière clameur traversa l’espace… Catherine affaissée sur son lit parvint à joindre les mains, et ses yeux fixés sur le moine dégagèrent les effluves d’une surhumaine épouvante.
    – Qui je suis ! acheva le moine en rabattant son capuchon. Regarde ! Je suis celui qui seul pouvait te refuser l’absolution, te déclarer maudite et damnée au nom du Dieu vivant, et te conduire par la main jusqu’aux portes de l’Enfer. Catherine de Médicis, je suis le justicier ! Je suis le vengeur de ma mère ! Je suis Jacques Clément, fils d’Alice de Lux !…
    Un troisième cri, plus effrayant que les deux premiers, jaillit de la gorge de la vieille reine… Dans le suprême sursaut de l’agonie, elle se leva presque droite, puis retomba sur le lit, le visage convulsé par le délire des angoisses sans nom ; elle balbutia :
    – Seigneur… tu es grand… tu es juste !… Seigneur, j’ai mérité cette expiation ! Seigneur, je meurs… je meurs maudite… damnée !…
    – Damnée ! répéta Jacques Clément comme un écho des épouvantes d’outre-tombe.
    Une faible secousse agita la reine. Puis elle se tint à jamais immobile. Catherine de Médicis était morte…
    Henri III revint à Blois le lendemain. Lorsqu’on lui apprit la mort de sa mère, il répondit :
    – Ah ! Eh bien qu’on l’enterre !
    Un chroniqueur du temps rapporte qu’il ne prit aucun soin des funérailles, et que, pendant la nuit, elle fut jetée comme une charogne
(sic)
dans un bateau. On creusa une fosse dans un coin obscur, et on y enterra la reine mère. Ce ne fut qu’en 1609 que son corps fut retiré de là, transporté à Saint-Denis et placé dans le magnifique tombeau que Catherine s’était fait construire dans la basilique.
    Jacques Clément, lorsqu’il eut vu que la vieille reine était morte, sortit de la chambre funèbre. A ce moment, un homme y entra, s’agenouilla près du lit, et se prit à sangloter. C’était Ruggieri… le seul qui eût aimé Catherine de Médicis. Le soir même de ce jour, l’astrologue partit de Blois, et personne n’en eut plus jamais de nouvelles.
    Jacques Clément sortit du château sans être inquiété. Sur la place, il retrouva Pardaillan, qui ne lui posa aucune question et se contenta de lui

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