Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
un envoyé de la reine-mère qui lui dit quelques mots à l’oreille.
    – Dites à madame la reine que je me rendrai auprès d’elle aussitôt après la réfection, répondit tout haut Henri III.
    Et il continua de dîner, riant et plaisantant, s’extasiant sur l’adresse avec laquelle Chalabre et ses deux amis étaient sortis de la Bastille. Car les trois spadassins se gardèrent bien de raconter qu’un certain Pardaillan leur avait ouvert les portes.
    Comme le roi se levait de table, le même envoyé de Catherine reparut.
    – La reine est impatiente de connaître la déconfiture de M. de Guise, dit le roi. Allons, j’y vais…
    Et cette fois en effet, il se dirigea vers l’appartement de sa mère.
    – Dieu soit loué ! s’écria la vieille reine en le voyant.
    – Qu’avez-vous donc, madame ? s’écria le roi. Vous voilà toute pâle, comme si vous veniez de courir quelque grand risque.
    – Le risque était pour vous, mon fils… risque de mort !
    Henri III pâlit et regarda autour de lui avec inquiétude. Mais la vieille reine le serra dans ses bras en lui disant :
    – Rassurez-vous, Henri, tout danger est conjuré, pour l’instant…
    – Pour l’instant !… Mais ce danger, madame, pourrait donc se représenter ?…
    – J’espère que non, si vous écoutez mes avis. Au nom du ciel, mon fils, ne paraissez plus seul et sans armes dans ces processions. Savez-vous que vous avez failli être tué tout à l’heure ?
    – Tué ! balbutia le roi. Et par qui ?… Par M. de Guise ?…
    – Sinon par lui, du moins par une de ses créatures. Lisez ceci.
    La reine tendit à Henri III la missive qu’elle venait de recevoir. Le roi s’assit dans un fauteuil pour lire plus à son aise, dit-il, mais en réalité parce qu’il sentait ses jambes se dérober sous lui.
    – Un moine ! murmura le roi quand il eut lu. Et un moine de l’ordre des Jacobins ! Il n’est pas de monastère ou couvent qui puisse se vanter d’avoir échappé à mes bienfaits. Les Jacobins en particulier ont reçu plus d’or qu’on ne reproche à Epernon d’en avoir gaspillé. Je connais le prieur Bourgoing ; c’est un homme qui a le mot pour rire et qui est incapable d’avoir trempé dans une aussi noire trahison… Qu’en pensez-vous, madame ?
    – Je pense, dit Catherine, que votre confiance est la chose la plus étonnante que j’aie vue. Vous parlez de vos bienfaits. Pauvre enfant ! En êtes-vous encore à ignorer que le bienfait engendre la haine, et qu’il est plus facile de pardonner à la main qui frappe qu’à la main qui donne ? Vous avez fondé la confrérie des Pénitents blancs. Il n’est pas un seul de vos confrères que vous n’ayez caressé par quelque cadeau ou quelque prébende. Et vous avez vu les Pénitents blancs se mettre dans la procession des Guises !
    – C’est pardieu vrai ! gronda sourdement le roi qui tomba dans une rêverie profonde… Jacques Clément ! Qu’est-ce que j’ai bien pu faire à ce Clément ? Ah ! ma mère, si on se met à tuer les rois, que vont devenir le peuple et la religion ?
    – Si on se met à tuer les rois, dit Catherine de Médicis, les rois n’ont qu’à se défendre. Défendez-vous, mon fils. Chartres, vous l’avez dit vous-même, est trop près de Paris. Eh bien, que dès demain votre départ pour Blois se prépare. Une fois en sûreté dans le vieux château, une fois votre personne à l’abri des fossés, des grilles, des remparts et des gardes, vous pourrez avec plus de sang-froid chercher le moyen de sauver la religion, le peuple… et la monarchie. En attendant, il faut à tout prix retrouver ce moine, s’il est encore dans Chartres, et en faire un exemple terrible. Henri III sourit. L’idée d’une chasse à l’homme le séduisait, et il rentrait là dans son élément.
    – Soyez tranquille, ma mère, dit-il en se levant et en se retirant. Si l’homme est encore dans Chartres, il ne m’échappera pas. Je vais lancer sur lui trois limiers qui ont suivi à la piste et forcé plus d’un gibier autrement redoutable qu’un moine jacobin.
    La vieille reine, demeurée seule, pressa son front ridé dans ses doigts maigres et jaunes comme de l’ivoire.
    – Clément ! murmura-t-elle. Où ai-je entendu déjà ce nom ?… Il y a longtemps… bien longtemps… Qu’est-ce que ce Clément ? Il faut que je le sache… allons voir Ruggieri !
    Elle traversa rapidement deux pièces et aboutit à un escalier qu’elle se

Weitere Kostenlose Bücher