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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tendit au serviteur une bourse pleine d’or.
    Cette ombre, qui venait de s’avancer, cet homme aux yeux pleins de feu et de passion, mais aux cheveux et à la barbe devenus entièrement blancs, ce cavalier vêtu de noir qui portait sur son visage la trace d’une incurable douleur, c’était, en effet, le prince Farnèse. Il offrit la main à sa visiteuse qui s’y appuya, et, ensemble, ils montèrent au premier étage, dans cette large salle spacieuse qui donnait sur la place de Grève.
    Fausta, tout naturellement et comme s’il n’y eût pas d’autre place possible pour elle, alla s’asseoir dans le fauteuil d’ébène recouvert d’un dais qui avait des allures de trône. Quelques instants, elle contempla avec mélancolie le cardinal qui, debout devant elle, frémissant, attendant qu’elle parlât… qu’elle parlât de Léonore !…
    – Cardinal, dit Fausta de cette voix d’une si enveloppante douceur, en vain vous essayez de me fuir. Oh ! je sais que vous ne craignez pas la mort. Vous avez voulu vivre pour la revoir… elle !… Mais pourquoi vous écarter de moi ?… Vous étiez en mon pouvoir. Notre tribunal vous avait condamné. Je n’avais qu’à vous laisser mourir… Et cependant, je vous ai rendu à la vie et à la liberté… C’est que je vous aimais encore malgré votre trahison, Farnèse !… C’est que je me souvenais que, le premier, vous avez cru à mes destinées, le premier, vous m’avez salué d’un titre qui m’écrase… C’est vous enfin qui m’avez conduite au sein du conclave secret !…
    Elle s’arrêta un instant, puis, plus âprement, reprit :
    – D’ailleurs, si j’avais voulu me saisir de vous, je le pouvais, cardinal !… Comment, ayant si longtemps vécu près de moi et connaissant l’organisation de notre espionnage, avez-vous pu penser que vous m’échapperiez si j’avais tenu à vous reprendre ?… Voulez-vous que je vous dise ce que vous avez fait depuis que, presque mort de faim, je vous ai fait ouvrir la porte de votre prison ?… Vous êtes resté trois jours dans l’auberge de la
Devinière

Puis, lorsque les forces vous sont un peu revenues, vous avez accepté l’hospitalité dans le logis de maître Claude… Puis, sachant que j’étais revenue d’un voyage que je fis à Chartres, vous avez trouvé sans doute que la rue Calandre était trop près du palais de Fausta ; vous vous êtes dit que je ne pourrais pas supposer que vous chercheriez un refuge ici même… chez moi !… et, voyant la maison vide, vous êtes venu l’occuper…
    – De terribles souvenirs m’y attiraient ! murmura sourdement le cardinal.
    – Je suis bien éloignée de vous en faire un reproche. J’ai seulement voulu vous prouver que si j’avais voulu, je savais où vous prendre… et qu’il était inutile de vous garder contre moi.
    – Oui… je sais… vous avez des espions partout, et il semble que vous en ayez jusque dans le cœur des hommes… mais je ne vous fuyais pas… car vous êtes la Mort… et je ne fuis pas la mort !…
    Un sourire livide glissa sur les lèvres de Fausta, qui continua :
    – Remarquez encore, Farnèse, que je suis venue seule. Aucune escorte n’est apostée dans le voisinage. En sorte que vous pourriez facilement me tuer… vous me tueriez peut-être ?
    Le cardinal leva sur elle des yeux sans colère, d’une étrange clarté.
    – Oui, dit-il, je vous tuerais ! Je profiterais de cette folie qui vous fait vous livrer à moi !…
    – J’en suis bien sûre, dit Fausta. Mais je vous ai dit que j’avais à vous entretenir de Léonore…
    Farnèse tressaillit de la tête aux pieds.
    – Et c’est cela, acheva Fausta, qui fait que votre poignard ne sort pas du fourreau. C’est cela qui fait que nous allons pouvoir nous dire paisiblement des choses nécessaires à notre commun bonheur.
    – Il n’est plus de bonheur pour moi, dit le cardinal.
    – Qu’en savez-vous ?… Jeune encore, un rayon d’amour peut faire fondre cette glace qui pèse sur votre cœur… Que Léonore revienne à la santé… à la raison… qu’elle vous pardonne le passé… que vous soyez relevé de vos vœux religieux, et voilà le bonheur qui commence pour vous !…
    Le cardinal écoutait en frémissant. Un immense étonnement le stupéfiait, le paralysait… et dans cet étonnement, il y avait une lueur d’espérance !…
    – Revoir Léonore ! murmura-t-il.
    Un éclair illumina l’œil noir de Fausta.
    Elle comprit

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