Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
de la capitale. Ranulf, l’air plus détendu, arborait un large sourire en regardant les gâte-sauces des rôtisseries proposer aux chalands des côtes de boeuf, de la bière, du vin et du pain. Au coin de Catte Street, un groupe de jeunes garçons d’une paroisse voisine chantait un cantique. Entre chaque couplet, un voyageur au teint buriné évoquait l’église de Bethléem et le pilier où s’était adossée la Vierge Marie. Depuis le jour où elle s’était reposée là, proclamait l’orateur, on avait beau essuyer ce pilier, il se couvrait instantanément de sueur.
    Au coin de West Cheap, Corbett fit halte pour écouter la harangue d’un prédicateur qui jetait feu et flammes.
    — Malheur à cette cité ! rugissait-il, les yeux flamboyant comme des charbons ardents. Malheur aux ribaudes qui y ont péri ! Ce sont elles-mêmes qui ont attiré la foudre sur leurs têtes !
    Il braqua sur Corbett et Ranulf des yeux où étincelait la folie.
    — Satan surveille les siens ! fulmina-t-il. D’abord, il leur donne la becquée comme s’ils étaient ses oisillons, mais ensuite il se retourne contre eux et les déchire tel un féroce molosse, les engloutissant dans son immonde gueule noire comme autant de bons morceaux juteux.
    Corbett scruta les traits émaciés de l’homme. Était-ce un exalté comme celui-ci qui avait exécuté les prostituées, soeurs de celles qu’il apercevait dans la foule, coiffées de leurs perruques rouges ?
    — Nous l’arrêtons, Messire ? plaisanta Ranulf.
    Le clerc observa le fanatique, aussi maigre et souple qu’un chat. Lorsqu’il s’égosillait, les yeux lui sortaient de la tête et il ressemblait à un vrai diable. Ses joues et le bas de son visage étaient aussi décharnés que ceux du reclus qui ne vit que de pain et d’eau. Il interrompit soudain ses vitupérations pour sauter de son perchoir et entamer une danse bizarre et extravagante.
    Corbett échangea un regard avec Ranulf en hochant la tête :
    — Je doute même qu’il puisse marcher droit et, à plus forte raison, venir à bout d’une solide gaillarde ou manipuler un coutelas bien aiguisé.
    Ils se faufilèrent dans une ruelle et durent mettre pied à terre pour guider leurs montures et contourner une horde de gamins dépenaillés qui se trémoussaient autour du cadavre d’un chien jaune écrasé par une charrette. Les entrailles bleuies s’échappaient du ventre flasque. Plus loin, les dizainiers {10} avaient appréhendé un homme qui tirait illégalement de l’eau de la Grande Citerne. Ils le forçaient à porter, sur la tête, un seau percé qu’ils se faisaient une joie de remplir constamment.
    — Quel bonheur d’être de retour à Londres ! commenta Corbett avec un sourire caustique à l’adresse de Ranulf.
    Celui-ci l’approuva vigoureusement et contempla l’arc-en-ciel de couleurs qui se déployait devant eux. Capuchons, mantelets, habits proposaient mille nuances : tenues couleur de moutarde ou de mûre des officiers municipaux, soieries dorées des nobles dames, capes de laine des marchands, rejetées sur l’épaule pour dévoiler les lourdes escarcelles et les larges ceintures ornées de pierreries. Un groupe de templiers, reconnaissables à la grande croix cousue sur l’épaule, passa à cheval, bannières et étendards claquant dans la brise. Corbett et Ranulf continuèrent sur Cheapside et se frayèrent un chemin parmi de jeunes seigneurs admirant une meute de lévriers efflanqués au corps effilé que leur propriétaire cherchait à vendre.
    Ils atteignirent enfin Bread Street. Après avoir laissé leurs chevaux à l’auberge du Manteau Rouge, ils traversèrent la rue en enjambant soigneusement le caniveau pour se diriger vers la demeure du clerc. Ranulf, qui portait les lourdes sacoches de selle, aurait voulu que son maître ne s’arrêtât pas, mais Corbett s’attarda pour mieux apprécier la peinture fraîche et toute luisante de la porte d’entrée. Le clerc remarqua que l’artisan avait aussi posé, en rangs serrés, d’épaisses barres d’acier pour renforcer les battants. Puis il eut un sourire narquois en voyant le reste de la façade. Avec son esprit de contradiction habituel, Maeve avait demandé aux artisans qui restauraient leur maison à deux étages de peindre les plâtres en noir et les poutres apparentes en blanc. Enfin, au-dessus de la porte, le blason des Llewelyn était fièrement gravé près du Dragon Rouge du pays de Galles.
    Ils longèrent

Weitere Kostenlose Bücher