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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’église était gâchée par des échafaudages en train de rouiller, entassés pêle-mêle contre les murs par les maçons qui avaient cessé le travail lorsque le Trésor, à court d’argent, n’avait pu les payer.
    Cade désigna le nord, de l’autre côté de l’abbaye.
    — Là-bas, déclara-t-il, au milieu d’un petit verger, vous trouverez les ruines de la maison du père Benedict et de ce côté-ci – il pointa son doigt dans une autre direction –, derrière l’église abbatiale s’élève le chapitre où se réunissent les Dames de sainte Marthe. Voulez-vous que nous nous y rendions d’abord ?
    Corbett fit signe que non.
    — Allons voir plutôt l’intendant du palais ! Il pourra sans doute nous fournir plus de renseignements.
    Cade eut une moue significative.
    — Cet intendant, un certain William Senche, est entre deux vins la plupart du temps et incapable de distinguer le jour de la nuit. Vous savez ce que c’est, Sir Hugh : quand le chat n’est pas là, les souris -— et les rats ! — dansent !
    Ils guidèrent leurs montures dans la cour du palais. Cela faisait des années que le roi était absent et les signes de négligence sautaient aux yeux : mauvaises herbes poussant entre les pavés, volets rabattus aux fenêtres, verrous et barres mis aux portes, écuries vides et parterres de fleurs transformés en jungle. Un roquet accourut vers eux, babines retroussées, et jappa jusqu’à ce que Ranulf le chassât. Non loin des bâtiments de l’Échiquier, qui dominaient les jardins de la rive envahis par la végétation, ils rencontrèrent un serviteur au regard morne. Ils l’envoyèrent à la recherche de William Senche. Celui-ci apparut en haut des marches de la chapelle St Étienne et Corbett jura à voix basse. William Senche avait le physique de sa réputation, celui d’un pilier de taverne invétéré : des yeux globuleux de poisson mort, une bouche molle et un nez rouge comme une pivoine. Des touffes éparses de cheveux roux et un front proéminent achevaient d’en faire un homme d’une remarquable laideur. Il avait déjà goûté aux vignes du Seigneur, mais quand il comprit qui était Corbett, il essaya de faire bonne figure. Il répondit sans détour et brièvement aux questions du clerc, mais son regard se dérobait constamment, comme s’il dissimulait quelque chose.
    — Non ! Non ! protesta-t-il d’une voix agacée. J’ignore tout des Dames de sainte Marthe. Elles se réunissent dans l’abbaye et là-bas, ajouta-t-il sur un ton sinistre, c’est la parole de l’abbé Wenlock qui a force de loi, mais il est très malade.
    — Alors qui dirige l’abbaye ?
    — Oh, il n’y a plus que cinquante moines, dont la plupart sont âgés. Le prieur Roger a été rappelé à Dieu. C’est le sacristain Adam of Warfield qui a la haute main sur tout.
    L’intendant se balançait d’un pied sur l’autre comme s’il avait une envie pressante. Sa nervosité s’accrut lorsque Cade l’approcha d’un côté et Ranulf de l’autre.
    — Allons, allons, Messire Senche ! le nargua Corbett tranquillement. Vous êtes un dignitaire de quelque importance, pas un jeune écervelé de la Cour ! Nous aimerions vous entendre sur d’autres sujets...
    — Lesquels ?
    — Eh bien, la mort du père Benedict, par exemple !
    — Je ne sais rien ! bafouilla l’autre.
    Corbett l’agrippa doucement par le col de son pourpoint d’une propreté douteuse.
    — Cela, c’est le dernier mensonge que j’accepterai de votre part. Le soir du 12 mai, vous vous êtes aperçu que la maison du père Benedict était en feu.
    — En effet !
    L’intendant écarquillait les yeux.
    — Comment cela se fait-il ? On ne la voit pas depuis la cour du palais...
    — Je ne dormais pas. J’étais allé prendre l’air dehors. J’ai aperçu la fumée et les flammes et j’ai sonné le tocsin.
    — Ensuite ?
    — Il y a un puits près des arbres. Nous nous sommes munis de seaux mais le brasier était déjà très intense.
    La bouche de l’intendant s’affaissa et il ressembla plus encore à un poisson mort.
    — Quand nous avons finalement réussi à éteindre l’incendie, nous avons examiné la pièce et découvert le père Benedict gisant juste derrière la porte.
    — Il avait une clé à la main ?
    — Oui.
    — Et sinon, rien de bizarre ?
    — Non.
    — Et avez-vous identifié les causes de l’incendie ?
    — Le père Benedict était un vieil homme. Il a peut-être

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