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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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certifie !
    Une adolescente au corps maigre et osseux, vêtue de guenilles et comptant au plus quinze ou seize printemps, se faufila au premier rang :
    — Je peux vous parler d’Agnès.
    Corbett brandit la pièce d’argent devant ses yeux :
    — Vas-y ! J’attends !
    La jeune fille esquissa un sourire. Son visage blême se fit soudain pathétique et vulnérable. Ses yeux perdirent, l’espace d’un instant, leur dureté méfiante.
    — Là-bas, lança-t-elle avec un geste de la main. Agnès habitait une soupente près de chez l’apothicaire.
    D’un revers de main, elle essuya un nez qui coulait.
    — Elle disait toujours qu’elle était mieux que nous ! Oh oui ! Elle faisait sa grande dame avec sa chambre et ses belles robes !
    — Quoi d’autre ?
    — Agnès s’est mise à avoir peur. Elle avait vu quelque chose, qu’elle disait.
    La bouche de la jeune catin s’affaissa.
    — J’sais pas quoi, mais c’était après la mort d’une des autres filles. En tout cas, elle refusait de sortir de chez elle. Elle payait un gamin pour qu’il fasse le guet devant sa porte.
    Elle haussa les épaules.
    — C’est tout ce que je sais.
    Elle tendit une main crasseuse.
    — S’il vous plaît, murmura-t-elle anxieusement, j’peux avoir la pièce ?
    Corbett la lui fourra dans la main. Puis il dégaina son poignard et redescendit la ruelle plongée dans l’obscurité. Il fit halte devant l’échoppe voisine de celle de l’apothicaire et détailla ses poutres vermoulues et le plâtre qui s’écaillait. Il frappa à la porte. Une vieille sorcière édentée aux yeux enfoncés, tels de petits boutons de jais, dans un visage ridé et terreux, lui ouvrit. Une vraie chouette, pensa Corbett, une de ces mégères qui louaient des chambres aux putains et prenaient leur argent en fermant les yeux sur leurs activités. Bien sûr, la vieille ne se souvint de rien jusqu’au moment où elle vit les pièces d’argent. Là, elle se rappela tout. Corbett écouta ses racontars : elle ne lui dit rien qu’il ne sût déjà, mais en échange d’une autre pièce, elle lui montra la chambre d’Agnès. Il n’y avait rien. On avait enlevé tous les biens de la courtisane, jusqu’au moindre meuble. Il se rendit compte que la vieille lui en faisait accroire.
    De retour dans la rue, il s’appuya contre un mur et observa les alentours. L’endroit était immonde. Il aperçut, dans le caniveau, des débris qui flottaient à la surface de l’eau verdâtre : il eut des haut-le-coeur et se boucha le nez pour ne pas respirer les relents nauséabonds des détritus qui s’entassaient à bonne hauteur des parois. Il se sentit espionné et jeta un coup d’oeil circonspect aux venelles qui débouchaient dans Cock Lane. Il remonta la rue, en suivant à tâtons le mur de la maison. Mais soudain, il retira prestement sa main qui s’était refermée sur une masse de poils tièdes. Le rat détala dans une fente. Corbett le maudit, puis revint du côté de chez l’apothicaire. Oui ! Il l’avait bien vue, cette ombre fluette dans l’une des venelles.
    « Cette matinée va me coûter cher ! » se dit-il, en sortant une autre pièce de son escarcelle et en la brandissant.
    — Je sais que tu es là, mon garçon ! chuchota-t-il. Tu fais encore le guet, hein ? Je ne te veux pas de mal.
    Il parlait doucement pour ne pas donner l’éveil aux prostituées toujours réunies à l’entrée de Cock Lane, ni aux yeux avides qui l’épiaient aux fenêtres.
    — Viens ici, mon garçon ! répéta-t-il d’une voix pressante. Tu auras une belle récompense.
    L’enfant s’avança à pas furtifs. Il avait le visage d’une telle maigreur que ses grands yeux lui donnaient l’air d’un jeune hibou effrayé par la lumière. Il allait pieds nus et tirait nerveusement sur la toile grossière qui lui servait de cape. Il tendit brusquement une main toute menue.
    — Je vous remercie, Messire !
    À sa voix aigrelette, Corbett reconnut le petit mendiant professionnel. Ses parents devaient envoyer le malheureux quémander dans le quartier. Le clerc s’accroupit sous le portail de l’échoppe en lui faisant signe d’approcher. Conscient des dangers de la rue, le gamin hésita, le regard rivé sur la pièce d’argent. Corbett, d’un geste vif, empoigna un bras chétif et ressentit une pointe de compassion. L’enfant n’avait que la peau sur les os. Survivrait-il aux rigueurs du prochain hiver ?
    — Allons, viens ! Je ne te

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