Favorites et dames de coeur
d’aucune femme si ce n’est de la reine mon épouse et de madame la maréchale de Schomberg », déclara-t-il. Il se plaisait à l’écouter, même quand elle lui reprochait gentiment sa vie intime dissipée. Mais la sensualité du Roi-Soleil l’emporta sur les sages conseils de la vieille amie de sa mère.
En mai 1684, Louis XIV voulut lui confier la charge de dame d’honneur de la dauphine. Marie déclina l’offre, prétextant ses soixante-huit ans et ses ennuis de santé ; en fait, la cour ne l’amusait plus : les amis de sa jeunesse avaient disparu, la laissant seule. Déplorant son refus, le roi lui écrivit ces lignes, qui constituaient un magnifique hommage : « J’espérais aussi que […] vous remettriez chez Madame la Dauphine une dignité et une grandeur que je n’y vois plus. » Dès lors, elle se prépara à une fin chrétienne, pieuse et charitable.
Gravement malade depuis plusieurs mois, elle mourut à Paris le 1 er août 1691.
Courageuse, de noble caractère, Marie de Hautefort représenta le rare cas d’espèce de la favorite platonique. Il a manqué la sensualité à Louis XIII pour s’en faire une véritable alliée.
ANNEXE
Une favorite très courtisée
Parmi les quelques dix ou douze prétendants connus de Marie de Hautefort, se trouvent des noms illustres de l’armorial français et des situations brillantes, mais aussi des candidatures extravagantes.
Le vieux Charles d’Angoulême, fils de Charles IX et de Marie Touchet, veuf depuis 1636, ne craignit pas de se mettre sur les rangs. Repoussé par Marie, il épousa une très jeune fille en 1644, à soixante et onze ans ; il mourut six ans plus tard et sa veuve lui survécut jusqu’en 1713 !
Autre vieillard vert, ou se vantant de l’être, le poète Nicolas Vauquelin des Yveteaux (1567-1649) lui aurait avoué sa flamme avec une audace touchante et ridicule : « Madame, voulez-vous faire parler de vous ? Après avoir maltraité les rois, aimez un petit bonhomme comme moi ! »
Il avait un demi-siècle de plus que Marie…
Plus grotesque avait été la tentative de François de Baradat, une dizaine d’années plus tôt. Ancien favori du roi, disgracié en 1626, puis autorisé à revenir à la cour, il y commit l’erreur de courtiser Mlle de Hautefort de près (1635). Louis XIII n’en sut rien, mais Richelieu vit tout et rappela au lourdaud quelques vérités de base : le roi avait un caractère maladivement jaloux et des cachots restaient disponibles à la Bastille. Le cardinal suggéra aimablement à Baradat de rejoindre son exil champenois, qu’il n’aurait jamais dû quitter. L’autre ne se le fit pas dire deux fois et fila sans demander son reste. Vers la même époque, François de La Rochefoucauld, futur auteur des célèbres Maximes , nourrit de tendres pensées pour Marie. Il n’avait que trois ans de plus qu’elle et partageait les mêmes opinions politiques.
Plus sérieusement, le marquis de Gesvres, capitaine des gardes du roi, proposa à Marie de l’épouser (1638). Louis XIII l’apprit et exigea la renonciation du marquis. Les ducs de La Rocheguyon et d’Elbeuf soupirèrent après Marie, vrai « morceau » d’un roi qui n’osait y mordre.
Autre grand seigneur, estimé de la régente, le duc de Ventadour souhaita épouser Marie, « n ’ aurait-elle pas un sou vaillant ». La reine donna son accord, mais l’ « incomparable Hautefort / Seule maîtresse de son sort » refusa (1645).
Enfin, bien qu’elle admirât le maréchal de Gassion, l’un des vainqueurs de Rocroi, elle le récusa parce qu’il était huguenot, et lui préféra Schomberg.
LOUISE-ANGÉLIQUE DE LAFAYETTE
« Petite La Fayette / cas n’est pas net…»
Née vers 1616 à Vésigneux 93 . Fille de Jean Motier, comte de La Fayette, et de Marguerite de Bourbon-Busset. Sans postérité.
Jeune fille « bien sous tous rapports »
Cette jolie brune aux yeux bleus fut introduite à la cour par sa grand-mère Louise de Bourbon-Busset, qui exerçait la fonction de dame d’honneur de la reine Anne d’Autriche. Louise-Angélique pouvait du reste exciper de plusieurs appuis, et pas des moindres : un de ses oncles était évêque de Limoges et premier aumônier de la reine ; un autre de ses proches parents se nommait François Leclerc du Tremblay, capucin plus connu sous le nom de « père Joseph », « l’éminence grise » de l’Éminence rouge.
Louis XIII l’aperçut pour la première fois au
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