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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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On le vit dans les dernières années du règne de François I er  : la lutte implacable d’Anne d’Étampes contre Diane de Poitiers, se disputant les affaires de l’État pour leur propre intérêt, fut une calamité pour la France.
    « Enfants de l’amour » ou « de putain » ?
    Des favorites se retrouvèrent enceintes des œuvres royales et quelque quarante garçons et filles naquirent de ces unions 4 en trois siècles. Fier de ces naissances, preuves de sa virilité, le géniteur se comportait fréquemment en père ; les favorites se montrèrent souvent moins attentives voire peu maternelles. Mme de Montespan ne s’intéressa guère à ses enfants, qui préférèrent leur gouvernante, Mme de Maintenon, voyant en elle une véritable mère de substitution.
    Les rois se préoccupèrent d’accorder un statut et des biens à leur progéniture adultérine : Charles VII légitima sa demi-sœur Marguerite, fille de Charles VI et d’Odinette de Champdiviers (1428), puis deux filles d’Agnès Sorel, Louis XI légitimant la dernière ; l’une des deux filles que Marguerite de Sassenage donna à Louis XI fut légitimée ; actes sans conséquence politique, puisque la succession à la Couronne ne pouvait échoir aux filles. Il en alla autrement avec Henri IV : Gabrielle d’Estrées lui donna trois bâtards reconnus et, au mépris de la règle de succession, il prétendit faire de l’aîné son héritier légitime. Angoissé par la menace d’extinction de sa descendance après la vague de décès de 1711 à 1714, Louis XIV accorda le titre et les prérogatives de prince du sang à ses fils naturels légitimés, qui prenaient ainsi rang de succession (1714). Cette violation flagrante des lois fondamentales du royaume fut cause de la cassation de son testament par le parlement de Paris (2 septembre 1715). Louis XV se garda bien de faire des enfants à ses favorites et ne reconnut qu’un seul des huit bâtards nés de ses amours secrètes avec ses « petites maîtresses ».
    L’opinion publique considéra les bâtards royaux à l’aune du jugement qu’elle portait sur la mère : à favorite honorable descendance respectée, à maîtresse douteuse enfants insultés. Ceux d’Agnès Sorel, de Louise de La Vallière, de Françoise de Montespan ne souffrirent pas de commentaires salaces ou désobligeants, mais ceux de Gabrielle d’Estrées et Henriette d’Entragues héritèrent, leur prime jeunesse durant, du mépris qu’on réservait à leurs mères. Les mentalités évoluaient : si la bâtardise n’était point une tare au XV e siècle, tout au plus un péché véniel au XVI e , il n’en fut plus ainsi au siècle suivant, car le concile de Trente avait remis le mariage à l’honneur. Du point de vue juridique, ces enfants de l’amour perdaient un degré d’honorabilité par rapport à la position sociale du père, afin de ne pas léser les héritiers légitimes et compliquer les affaires de succession. Selon Furetière, « les bâtards des rois sont princes ; ceux des princes, gentilshommes ; ceux des gentilshommes, roturiers 5  ». Cela explique la réprobation générale de la décision du roi en 1714.
    Plusieurs favorites n’enfantèrent pas de bâtards, soit par stérilité ou ménopause, soit parce qu’elles connaissaient la façon de n’en avoir pas, ou pour d’autres raisons : Antoinette de Maignelais, Françoise de Châteaubriant, Anne de Pisseleu, Diane de Poitiers, Louise de Lafayette, Marie de Hautefort, Jeanne-Antoinette de Pompadour, Jeanne du Barry et Zoé du Cayla, échappèrent à ces maternités.
    Heurts et bonheurs du cocu officiel
    Une favorite mariée trompait évidemment son époux. Complaisant ou irascible, celui-ci vivait sous une étiquette peu enviable : son infortune était sue de toute la cour avant qu’il ne l’apprît lui-même. Pour peu qu’un mari trompé montrât de la bonne volonté, les honneurs pleuvaient sur lui à titre de compensation mais les rois, qui n’aimaient pas les incapables, joignaient l’utile à l’agréable : ils rémunéraient aussi des mérites et des services réels. Le mari acceptait ces prébendes, songeant peut-être à la phrase de l’empereur Vespasien : « L’argent n’a pas d’odeur. » Mais que pensa l’impénétrable Jean de Laval de la trahison de sa femme, Françoise de Foix, naguère épousée par amour ? Gâté par François I er , indéfectiblement loyal sur les questions d’État, ne

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