Favorites et dames de coeur
connaissait la vérité. Rien n’est moins sûr. En revanche, le prologue du Malade imaginaire (1673) traduit mieux la vie intime du roi ; lorsque la nymphe Climène interroge la déesse Flore sur la nouvelle qui doit les réjouir, la déesse répond :
Vos vœux sont exaucés, LOUIS est de retour ;
Il ramène en ces lieux les plaisirs et l’amour…
Le ballet final du Bourgeois gentilhomme (1670) paraît inspiré par la superbe fête du 18 juillet 1668 :
Quels spectacles charmants, quels plaisirs goûtons-nous !
Les dieux mêmes, les dieux n’en ont point de plus doux.
Les légitimés
Selon le droit de la famille alors en vigueur, les bâtards de Louis XIV et de Françoise étaient supposés issus de l’époux légitime, M. de Montespan. Le roi ne voulut pas que ses enfants naturels portassent ce nom, et décida de les légitimer, comme son grand-père Henri IV l’avait fait avec les siens. Premier président du parlement de Paris, Harlay trouva la solution afin d’éviter toute contestation du mari : les actes de légitimation ne mentionnaient pas le nom de la mère. Les légitimés portèrent tous le nom de Bourbon.
Noms
Légitimé en
Titre
Louis-Auguste
décembre 1673
Duc du Maine
Louis-César
idem
Comte de Vexin
Louise-Françoise
idem
Mlle de Nantes
Louise-Marie-Anne
janvier 1676
Mlle de Tours
Françoise-Marie
novembre 1681
Mlle de Blois
Louis-Alexandre
idem
Comte de Toulouse
Inquiet des morts prématurées de sa descendance légitime (1711-1712), Louis XIV déclara le duc du Maine et le comte de Toulouse princes du sang, avec rang de succession (29 juillet 1714). Cette décision violait les lois fondamentales du royaume, ces garçons n’étant pas nés successibles. Le retour à la légalité s’opéra en deux temps : cassation du testament royal par le parlement de Paris (2 septembre 1715) et déchéance de la qualité de prince du sang (1 er juillet 1717).
Une descendance inattendue
Premier ministre de 1723 à 1726, le duc Louis-Henri de Bourbon-Condé, était fils de Mlle de Nantes et petit-fils de Mme de Montespan. Mais Louis-Philippe I er , roi des Français de 1830 à 1848, descendait deux fois de la marquise : par le comte de Toulouse (son arrière-grand-père maternel) et par Mlle de Blois, épouse du Régent (arrière-grand-mère de Philippe-Égalité, père de Louis-Philippe).
Le comte de Lauzun
Confident des amours secrètes du roi avec Mme de Montespan, ce bon courtisan savait divertir le souverain. Insolent, couvert d’honneurs, il accusa la favorite d’avoir par deux fois contrarié ses ambitions.
N’obtenant pas, en 1669, la charge de grand maître de l’artillerie, Lauzun brisa son épée devant le roi, criant qu’il ne la tirerait plus « pour le service d’un roi qui, pour une putain, lui manquait de parole » ! Louis XIV jeta sa canne par la fenêtre afin de n’avoir point à bâtonner un gentilhomme et envoya le comte à la Bastille. Libéré à la prière de Mme de Montespan, qui n’était pour rien dans ce refus – dû à Louvois –, il revint vite en faveur. Fin 1670, il se trouva malgré lui au centre d’un scandale : vieille amoureuse, Mlle de Montpensier 149 prétendit l’épouser.
Françoise soutint d’abord le projet, puis s’y opposa. Le roi l’annula purement et simplement. Lauzun se fichait bien de Mlle de Montpensier, mais guignait sa coquette fortune. Apprenant la volte-face de Mme de Montespan, il crut qu’elle avait influencé le roi. Il résolut de se venger par un moyen détourné. N’osant pas réclamer la charge convoitée de colonel des gardes françaises, il aurait sollicité l’appui de la favorite. Puis, caché sous son lit tandis qu’elle parlait au roi, il aurait entendu ses propos, qui le desservaient dans l’esprit du monarque. Il lui aurait ensuite répété toute la conversation à voix basse, avant de la couvrir de termes incompatibles avec sa bonne éducation : menteuse , coquine , friponne, putain à chien, bougresse de putain et grosse tripière ! Muette de peur, elle n’osa se plaindre au roi (26 octobre 1671).
Elle ne lui conta la scène que le 15 novembre, quand Lauzun s’opposa à elle pour la nomination d’une dame d’honneur. Louis XIV eut une explication orageuse avec le comte : oubliant à qui il parlait, ce dernier « débita cent mille injures » contre la favorite, soutenant qu’elle lui avait accordé ses faveurs, ainsi qu’à Monsieur, cela bien avant le roi
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