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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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Mme de Maintenon sollicita de lui un entretien privé, qu’il lui accorda sur-le-champ ; elle se plaignit de la dureté et de la jalousie de la favorite. Le roi ne la contredit point, se bornant à signaler qu’Athénaïs n’avait pas le cœur insensible que Françoise lui supposait (26 février 1675).
    « Patience et longueur de temps …»
    Mme de Maintenon s’était attachée au petit duc du Maine, que Louis XIV chérissait particulièrement. Elle le mena prendre les eaux dans les Pyrénées, à Barèges, pour fortifier sa santé ; les cures profitèrent à l’enfant qui, à sa mère, préférait sa gouvernante. Celle-ci rendait compte au roi, flattait son orgueil paternel dans ses lettres. Il la considéra bientôt « comme sa première ou seconde amie » (août 1676). Il appréciait chez elle « le commerce de l’amitié et la conversation sans contrainte et sans chicane 176  » . Françoise assista à la déconfiture de Mme de Ludres (1676), à l’abandon progressif de Mme de Montespan (1678-1680) et à celui, plus rapide, de Mlle de Scorailles (1680). Nommée seconde dame d’atour de la dauphine (décembre 1679), elle eut l’honneur du carrosse royal (mars 1680) et le souverain passa ses soirées chez elle (août). Cette faveur intrigua la cour, qui ignorait la nature de leur commerce : « On ne savait pas à qui on avait affaire. Beaucoup étaient d’avis qu’il y a des hommes dont les sens sont beaucoup plus portés vers les vieilles que vers les jeunes 177 . » Françoise avait trois ans de plus que Louis XIV ; à quarante ans passés, elle promenait une silhouette fraîche et avenante. On ne sait pas exactement quand elle devint sa maîtresse, peut-être en avril 1679. À Mme de Montespan qui lui faisait grief de se réjouir de l’oubli où le roi la tenait, Françoise rétorqua qu’il « ne lui convenait pas de [lui] reprocher une faute dont elle [lui] avait donné l’exemple »  ; elle avoua néanmoins plus tard que « [le roi] aurait été chercher son plaisir ailleurs s’il ne l’avait trouvé avec [elle-même] ». Elle rapprocha Louis XIV de Marie-Thérèse, et la souveraine lui en sut un gré infini : « Dieu a suscité Mme   de Maintenon pour me rendre le cœur du roi  », s’exclama-t-elle, donnant son portrait à l’étrange réconciliatrice pour la remercier. Par respect envers Marie-Thérèse, Françoise refusa d’être déclarée favorite. Le roi accepta de dissimuler leur liaison.
    « Mme Quatorze »
    La reine mourut brusquement le 30 juillet 1683. M. de La Rochefoucauld, grand maître de la garde-robe, grand veneur, ami du roi 178 , conseilla à Mme de Maintenon de ne pas quitter celui-ci : « Il a besoin de vous. » Mais peu attaché à son épouse, Louis XIV supporta aisément sa disparition. Il aimait Françoise, sa tranquille affection. Comme il ne pouvait pas vivre sans elle, il l’épousa sans publicité. Il avait choisi une femme selon son cœur, à qui se confier : le chef d’État se sentit moins seul ; l’homme sensuel y trouva son compte, la morale aussi, puisque le mariage le mettait « en règle » avec Dieu. La mésalliance étant inavouable, Mgr de Harlay, archevêque de Paris, et le père de La Chaize, bénirent secrètement l’union devant trois témoins : Louvois, secrétaire d’État, le marquis de Montchevreuil, et Bontemps, valet de chambre du roi (9 octobre 1683) 179 . Mme de Maintenon s’installa dans un appartement contigu à celui du roi (décembre 1684).
    Casanière, très frileuse, elle « régna » sur leur vie domestique. Ce vieux couple fidèle ne se séparait que pour la chasse et la guerre. « Il ne peut rester un quart d’heure sans lui glisser quelques mots à l’oreille ou sans lui parler en cachette 180  » Elle réconfortait le roi qui, impénétrable en public, souffrait de crises d’abattement en son particulier. Prisant peu l’amour physique, elle parla à son confesseur des « occasions pénibles » auxquelles le roi la soumettait encore après soixante-dix ans.
    « Tombeuse » de Mme de Montespan, Françoise n’eut jamais sa gaieté enthousiaste. Sérieuse et compassée, elle se préoccupa uniquement de son salut : « Je ne suis pas dévote mais je veux l’être et je suis persuadée que c ’ est la source de tout bien pour le présent et pour l’avenir », écrivit-elle (16 juillet 1684). Ce goût pour la dévotion 181 se prêtait à son caractère foncièrement

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